Les faux-monnayeurs sont à l’œuvre, et pas uniquement en termes financiers. La manière de faire de la politique doit changer.
Nous approfondissons ici notre parallèle entre monnaie et langage – qui est d’ailleurs plus qu’une comparaison, c’est un isomorphisme. Il est attesté par la sagesse des nations qui dit que la parole est d’argent mais que le silence est d’or.
On peut pousser la réflexion en introduisant l’écrit ; les paroles s’envolent, les écrits restent. Et on obtient des réflexions très riches.
Les post-modernes se sont attaqués au lien symbolique entre les signes et le réel, tout comme les banquiers centraux s’attaquent au lien entre la monnaie et la valeur qu’elle est censée représenter.
Les banquiers centraux veulent une monnaie qui soit un pur signe, libéré de la pesanteur du réel qu’ils étaient censés exprimer.
Macron fait la même chose avec la parole : il la libère des poids de la vérité et de la réalité.
Lisez Gide, Les Faux-monnayeurs, avec toutes ces idées en tête c’est d’une profondeur remarquable.
Vous ajouterez que l’oncle d’André Gide, l’économiste Charles Gide, était l’un des promoteurs du marginalisme. Ce dernier est la théorie économique actuellement dominante, qui prétend que rien ne vaut en soi : « La valeur est dans la tête de celui qui la contemple. »
Macron est un faux-monnayeur, un post-moderne qui joue là-dessus – avec l’aide bien sûr des faux-monnayeurs monétaires que sont les banquiers.
La destruction de la fonction symbolique du langage produit un bénéfice, lequel est récupéré par les dominants – tout comme la destruction de la monnaie produit un bénéfice pour les élites kleptos.
Il ne s’agit pas de simples analogies, il s’agit même de plus que de similitudes : il s’agit d’une dialectique universelle du signe, du signifiant et du signifié.
Dans tous les cas – que ce soit langage ou monnaie –, ce qui est à l’œuvre, c’est la disjonction. En d’autres termes, la coupure du lien entre le signe et le réel afin de manipuler les signes et de tromper.
La disjonction puis la répétition sont des instruments au service des pouvoirs.
Je pense que vous pressentez, si vous m’avez suivi, à quel point il faut changer la manière de faire de la politique, il faut être radical !