L’or, nouveau Zorro ? Oui, dans le sens où il vous permet de reprendre votre situation en main face aux gesticulations des autorités financières et économiques mondiales.
Les craintes se propagent dans le contexte des guerres commerciales et du ralentissement de la croissance dans le monde. Le marché boursier fait le yoyo, à la hausse ou à la baisse, en fonction des nouvelles de la guerre commerciale ou d’un commentaire sur la Réserve fédérale américaine.
La quotidienneté fait oublier l’essentiel.
L’or a augmenté d’environ 20% depuis le moment où Trump avait averti en décembre dernier : « Je suis l’homme des taxes douanières. »
Les raisons de la hausse
Le principal facteur à l’origine du mouvement de l’or a été l’escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine. La guerre des devises joue un rôle important dans la montée de l’or. Le prix de l’or ou de l’argent-métal augmente ou diminue car la valeur de notre fausse monnaie augmente ou diminue.
L’or et l’argent ne sont que de l’or et de l’argent.
L’autre raison, c’est la perspective d’une récession économique mondiale. Elle obligera les autorités monétaires à reprendre leurs opérations d’avilissement de la monnaie avec baisse des taux, mise à zéro des taux, puis taux négatifs… puis enfin menaces sur le cash – et bien sûr le retour au quantitative easing (QE) en attendant le financement direct/monétisation des déficits des gouvernements.
Tout cela et beaucoup d‘autres choses encore – comme le risque lointain d’hyperinflation ou celui de guerre – joue un rôle dans la formation d‘un contexte ou d’un climat favorables à l’achat d’or.
Ce ne sont pas ces aspects qui m’intéressent. Ce qui m’intéresse, ce sont les racines, les fondements. Essayons de creuser. Soyons radicaux.
Le métal jaune magique
L’or a un côté magique. Même les plus rationnels ont tendance à perdre leur capacité de raisonnement lorsqu’il s’agit de parler du métal jaune.
Le métal brille tellement, à certaines périodes, qu’il aveugle ses adorateurs. En ce sens, les banquiers centraux qui n’existent et ne satisfont leur volonté de puissance démiurgique que sur le rejet de l’or ont raison : c’est une relique barbare.
Mais ces gens, eux aussi, se prennent pour des idoles. Ils ont imposé ce que j’appelle « l’étalon PhD », l’étalon des diplômés, des docteurs, des Diafoirus. La fascination qu’ils exercent, croyez-moi, durera beaucoup moins longtemps que celle qu’exerce l’or.
Ils savent, ces docteurs Folamour, que l’or est leur statue du commandeur ; c’est lui qui les démasquera. En attendant, leur statut monopolistique de sujet sachant, de diplômé, leur permet de vous donner l’illusion, d’instiller la croyance, que leurs pouvoirs sont sans limites, qu’ils peuvent multiplier les signes monétaires, multiplier les pains.
Comme c’est faux, comme ils ne sont puissants que de votre ignorance, ils vous enfument, ils vous mentent et vous font prendre les vessies pour des lanternes : ils affirment qu’on peut, en agitant des signes et en gesticulant sur les scènes médiatiques, fabriquer de la croissance, produire des richesses concrètes.
Eh bien non !
Après plus de 10 ans passés à ajouter des zéros dans les livres de comptes, on sait que cela ne marche pas : ni Bernanke, ni Yellen, ni Powell, ni Draghi ne marchent sur l’eau !
Il n’y a que dans l’imaginaire des marchés et de la spéculation, il n’y a que dans le monde des ultra-riches qui partagent le même mirage, la même religion ; que les prophéties de ces zozos se réalisent. Leur pouvoir en tant que pseudo-pouvoir est cantonné.
L’or est votre allié ; c’est l’ange gardien des petits contre les gros, des sujets contre les prédateurs gouvernementaux et leurs alliés kleptos.
L’or est une sorte de Zorro. L’or est symbole – je dis symbole, pas signe – de richesse, mais aussi de vérité, de pureté.
Bref il présentifie sous une forme ramassée, concentrée, tout ce que vos maîtres, vos usurpateurs, cherchent à détruire. L’or est l’intermédiaire universel, éternel, des marchandises – c’est-à-dire du travail cristallisé. Et c’est parce que c’est du travail cristallisé que lui ne ment pas.
L’or n’est pas du vent
L’or est un cristal de travail. Même s’il est désiré, ce n’est pas un désir ! Ce n’est pas du vent.
L’or est votre ami dans ce monde hostile, dans ce monde faux, bidon, fake. Toute la perversité du monde actuel est contenue dans ce mot « fake ». Il résume la dialectique actuelle, tout comme son complément, la démarche conspirationnisme/anti-conspirationnisme.
Ils mentent, ils trichent, ils mystifient, ils inversent, ils truquent les valeurs, les sens et les mots… et vous, vous essayez de les battre sur leur propre terrain, vous aussi vous avancez du fake », vous produisez du conspirationnisme et le combat continue. Ils en rajoutent et vous aussi.
Ainsi un monde artificiel se crée, un monde où on ne sait plus ce qui est vrai et ce qui est faux – un monde d’opinions qui a détruit ses invariants, ses référents, ses ancrages, un monde où tout glisse, relativisé sur l’océan de la servitude. C’est le nouvel imaginaire social, c’est le nouveau champ de bataille.
L’or dit pouce, je ne joue pas ce jeu, je reste dans le monde, ce monde d’effort, ce monde de sueur et de transformation concrète du monde, dans l’authentique.
On est au cœur du combat pour la liberté et la dignité ; c’est autour de tout cela que tourne aussi le combat pour l’or.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]
1 commentaire
Dans un pays ou les taux sont en dessous de 4% et la monnaie peut être imprimée, cela n’a en effet aucun sens de rester sur du cash. La meilleure chose à faire en zone euro reste encore de s’endetter pour acheter des biens qui rapportent comme de l’immobilier en zone euro (pour en tirer un loyer) et des actions à fort dividende. L’or ne produit pas de richesse, il est très surévalué face à l’argent, au platine. Quant à un retour éventuel à l’étalon or, la croissance mondiale est telle que la production d’or ne pourrait pas suivre, et l’on serait en déflation permanente. Je salue néanmoins le lyrisme de l’auteur et sa puissance évocatrice, relisons la description du trésor de Carthage dans Salambo de Flaubert, c’est très romantique, mais ce n’est pas économique.