▪ Pas grand-chose à dire en ce moment. Les actions grimpent puis baissent. Les politiciens aussi. Les éditorialistes s’inquiètent parce que la falaise fiscale pourrait causer une récession. Les experts nous disent comment l’éviter.
Mais ils sont tous à côté de la plaque. Voici la chose importante :
C’est d’un krach que nous avons besoin. Pas d’un boom.
Hein ? Quoi ? De quoi diable parlons-nous ?
Voici un inquiet typique, Pedro da Costa, de Reuters, qui nous donne des raisons de ne pas s’inquiéter :
« Les Etats-Unis ne sont pas la Grèce : des coûts de financement bas donnent au gouvernement américain assez de marge de manoeuvre pour emprunter ».
« Les Etats-Unis sont-ils sur le même chemin que la Grèce, comme l’ont dit certains politiciens ? »
« Selon la plupart des économistes, cette comparaison n’a aucun sens. Avec le chiffre imposant de 15 000 milliards de dollars, l’économie américaine n’est pas seulement la plus grande du monde, elle est aussi plus de cinquante fois supérieure à celle de la Grèce. Ce fossé rend difficile tout type de comparaison — ce serait comme d’analyser les tendances du Maryland par rapport à la Zone euro dans son intégralité ».
« Autre différence clé : contrairement à la Grèce, les Etats-Unis contrôlent leur propre devise. Cela signifie qu’un défaut sur la dette est impossible, dans les faits. Cette réalité, associée à une relance monétaire vigoureuse de la part de la Fed, permet d’expliquer en partie pourquoi les rendements obligataires américains restent à des plus bas historiques en dépit de déficits plus profonds ».
Mark Weisbrot, co-directeur du Centre pour la recherche économique et politique à Washington, déclare que les intérêts supportés par un pays sont bien plus importants que le niveau de dette total pour déterminer la capacité du gouvernement à rembourser. Il écrivait dans un éditorial récent :
« Contrairement aux insanités populaires selon lesquelles les Etats-Unis ‘finiront comme la Grèce’, les Etats-Unis n’ont même pas un problème de dette publique. L’intérêt net sur la dette fédérale se monte actuellement à moins de 1% de notre revenu national, le plus bas de ces 60 dernières années. C’est le fardeau des intérêts qui compte, pas les gros chiffres de l’ordre de 16 000 milliards de dollars cités dans les histoires à faire peur ».
▪ La dette ? Pas de problème !
C’est là que les choses deviennent intéressantes. Nous n’avons pas à nous inquiéter, dit M. da Costa, parce que les Etats-Unis se doivent cet argent « à eux-mêmes » :
« … c’est pour cette raison que le Japon n’a pas de problèmes bien que sa dette brute représente environ 220% de son PIB. La moitié environ est due à la banque centrale. Ce qui signifie que les intérêts sur cette dette reviennent au Trésor. [Le Trésor US] touche actuellement environ 80 milliards de dollars annuellement sur la dette détenue par la Fed ».
Ce monsieur a-t-il perdu la tête ? Non… il a même raison sur un point. Tant que les banques centrales financent les déficits, il est inutile de s’inquiéter des coûts de l’emprunt. Nous pouvons continuer notre joyeux chemin…
Mais parfois, un krach vaut mieux qu’un boom.
La Grèce est en train de se retrouver à court de carburant. Elle a sorti une carte. Elle a allumé son GPS. Elle a pour intention de se rendre là où bon nombre d’autres pays sont allés par le passé. Elle veut continuer à dépenser plus qu’elle ne peut se permettre pendant aussi longtemps que possible.
Mais les pauvres Grecs ont les Allemands sur le dos. Ils ne peuvent pas simplement imprimer plus de devises. Ils n’ont pas leur propre banque centrale. Ils utilisent l’euro… qui est encore dominé par les banquiers allemands. Alors si les pauvres Grecs veulent s’endetter plus encore, ça ne se fera qu’avec la complicité des prêteurs… qui commencent à devenir méfiants. La Grèce est tombée en panne dans le territoire du krach.
Les Etats-Unis n’ont pas ce genre de problèmes. Les Etats-Unis ne sont pas la Grèce. Ils pourront aller là où ils vont… grâce à leur propre banque centrale et aux illusions des prêteurs un peu partout.
Tant que la Fed imprimera, les Etats-Unis pourront garder le cap, appuyer sur le champignon et s’enfoncer de plus en plus profondément dans le pays dont personne ne revient solvable.
Les prêteurs ne les arrêteront pas. L’Allemagne ne les arrêtera pas. La « falaise fiscale » ne fera que les ralentir.
Les Etats-Unis iront jusqu’au bout, prédisons-nous, jusque dans les mâchoires mêmes de l’enfer.