Quelque chose en échange de rien, voilà ce que veulent la plupart des gens.
Les Suisses ont voté contre « un revenu de base garanti », que les gens travaillent ou non. L’idée elle-même, en revanche, ne disparaîtra probablement pas.
Les deux tiers des électeurs britanniques affirment être pour une telle idée. La province d’Ontario, au Canada, se prépare à tester quelque chose de similaire.
Si vous nous lisez depuis quelques temps, vous savez comment et pourquoi nous avons un Etat-Providence.
Ce n’est pas parce que nos dirigeants sont plus attentionnés que par le passé. En réalité, les révolutions française et américaine ont montré que la valeur relative des « citoyens » est plus importante que celle des « sujets ».
Lorsque les gens pensaient être en charge d’un gouvernement au lieu d’en être simples sujets, ils ne trouvaient plus absurde de se demander non ce que le gouvernement pouvait faire pour eux… mais ce qu’ils pouvaient faire pour lui.
Les élites, qui contrôlent le gouvernement, avaient une réponse toute prête : vous pouvez payer des impôts plus élevés ! Et vous pouvez aller vous faire tuer dans l’une de nos guerres égoïstes à l’étranger.
Au lieu d’être incorporés de force dans l’armée du roi, en d’autres termes, les citoyens s’engageaient de leur propre chef. Et parce que l’argent était désormais utilisé uniquement pour des projets qui leur rapportaient — selon leurs représentants élus –, ils étaient d’accord d’en verser plus.
C’est du moins la théorie.
Laisser les masses croire que ce sont elles qui commandent, ça rapporte |
Oui, les électeurs sont bien ennuyeux. Tout de même, laisser les masses croire que ce sont elles qui commandent, ça rapporte : on peut en obtenir plus de cette manière.
Merci, Herr Bismarck !
Sauf qu’au 19ème siècle, le nouveau citoyen avait un fusil, en plus d’un bulletin de vote.
Et s’il pouvait abattre George III ou Louis XVI, il pouvait faire tomber n’importe quel gouvernement.
C’est ainsi que, près d’un siècle après la décollation de Louis, le premier chancelier d’Allemagne, Otto von Bismarck, a trouvé un moyen de s’assurer de la docilité du nouveau citoyen : donnez-lui quelque chose en l’échange de rien. Donnez-lui une pension !
Grâce à une série de lois dans les années 1880, l’Allemagne de Bismarck a mis en place le premier Etat-Providence au monde — comprenant l’assurance-santé et un programme de retraites publiques.
Si les gens dépendaient des autorités pour le financement de leur retraite, ils accepteraient à peu près tout ce que les autorités décideraient.
Telle est l’origine de ce que nous connaissons comme l’Etat-Providence — dans lequel le gouvernement collecte de l’argent auprès des citoyens puis leur en rend une part substantielle.
Certains obtiennent un emploi. Certains obtiennent des allocations santé. Quasiment tous touchent une retraite.
Aujourd’hui, la plupart des gouvernements fonctionnent sur une version ou une autre du modèle de Bismarck |
Aujourd’hui, la plupart des gouvernements fonctionnent sur une version ou une autre du modèle de Bismarck — prenant l’argent des citoyens mais leur fournissant aussi des avantages « sociaux ».
Le modèle a parfaitement fonctionné pendant 100 ans.
Les politiciens, en quête de voix, n’ont pas cessé de rendre les conditions plus attrayantes. De droite comme de gauche, ils ont réalisé qu’ils devaient promettre de plus en plus d' »avantages » pour être élus.
Le véritable conservatisme (c’est-à-dire partisan d’un gouvernement limité) a pratiquement disparu à mesure que les enchères montaient. Les politiciens ont promis à leurs électeurs des allocations chômage, des soins de santé, des médicaments remboursés, des allocations logement…
Mais plus ils promettaient quelque-chose-en-échange-de-rien, plus les gens en voulaient.
La suite demain…
7 commentaires
Réflexions complètement a-financière mais très intéressante !
« En échange de rien », ça me semble vite dit… nous payons tout de même d’énormes Impôts… d’énormes taxes de toutes sortes… d’énormes frais de toutes sortes aussi…
En bon américain,vous ne comprenez strictement rien à l’Ancien Régime français dont vous vous faites un épouvantail en croyant que la révolution a mis fin à des horreurs.Or c’est exactement l’inverse qui est vrai:c’est la révolution qui a commencé les horreurs avec la Terreur puis la tyrannie de Napoléon,puis celle de la bourgeoisie libérale qui avait volé les biens des nobles et du clergé,de nouveau la tyrannie avec Napoléon III mais cette fois en accointance avec la bourgeoisie marchande,enfin l’installation d’un marché-Etat tyrannique avec le colonialisme.Les deux guerres ont ruiné ce système de collusion,Etat ruiné,bourgeoisie ruinée hors quelques petits malins truands.Devant cette situation,a été établi un Etat-providence comme en Angletrre-Lord Beveridge-qui a fonctionné le temps de la reconstruction puis s’est peu-à-peu effondré avec la création d’une Europe libérale car la contradiction était totale entre un keynésianisme à l’intérieur et un libre-échangisme vers l’extérieur, d’où l’explosion des dettes publiques comme privées et les états désunis ont suivi à partir de Nixon en 1971 qui a déclaré: »Nous somms tous keynésiens »,lui le théoriquement libéral.Ensuite la fuite en avant et une seule solution,la guerre tous azimuts que votre pays prépare méthodiquement partout et par tous les moyens mais comme l’a dit Kissinger,ils s’y épuiseront!
Il ne reste plus à l’état que la rémission de nos dettes ce qui sera sa dernière promesse.
Bill, pourquoi vous ne parlez que de pensions et d’allocations ? Puis les subventions alors ? Oups, les subventions Bill a trouvé ça bon (et légitime ?) mais ne veut pas l’avouer…
Quelque chose en échange de rien?
Sont-ce les cadeaux fiscaux et autres pactes de compétitivité?
Pour la France, pour les Etats Unis d’Europe, recherchons de toutes urgences de vrais gestionnaires capables de gérer convenablement la France et de construire, conjointement, une vraie Europe. Il serait également salutaire qu’ils sachent exterminer l’endettement, en mettant tout à plat et en demandant au peuple son aide et non en cherchant à lui imposer n’importe quoi.
Demandons également l’aide des Pays amis et pour cela, cessons de jouer au ni/ni.
Enfin, qu’ils sachent une bonne fois pour toute que nous sommes en guerre, sur notre territoire, avec un ennemi qui est déjà sur place et que nous avons absolument besoin de le mieux cerner en urgence. En dernier, relançons la machine économique, créons des entreprises, créons des formations/emplois et avant qu’il ne soit trop tard, cessons de vivre avec la tête dans le sable en ne renforçant pas nos Forces de l’Ordre.