La bulle financière est mal en point mais la situation présente est encore bonne, on n’a fait qu’égratigner la bulle. Cependant, les prévisions d’inflation en Europe pourraient très vite être relevées…
Les marchés ont été longtemps valorisés pour la perfection. Ils ont valu au plus haut, près de quatre fois ce qu’ils auraient dû valoir sur les bases historiques.
Valorisés pour la perfection, c’était le mythe qui permettait de rationaliser les niveaux stratosphériques des cours. Maintenant que nous sommes dans la perfection inverse, celle du parfait orage, de la parfaite tourmente, c’est le trou.
Et c’est là où on voit l’incompétence coupable des autorités financières et monétaires ; elles ont fait des promesses, fourni des assurances qui ont contribué à laminer les primes de risque en prétendant disposer d’un « put », et maintenant alors que les bourses ont besoin de ces assurances, les autorités sont démunies, les rois sont nus.
Les fameux « put » qui ont animé la spéculation boursière depuis Greenspan se révèlent inutilisables. Et pour cause : on ne peut plus à ce stade utiliser l’arme monétaire, on en a abusé et c’est précisément la cause de la débandade !
Le put c’était une assurance contre les inondations vendues en période de grande sécheresse.
C’était un piège. Si la cause de la baisse des bourses c’est l’inflation et la hausse des taux, alors par définition et par construction le put ne peut être utilisé. Voilà ce que les idiots qui dominent les marchés auraient bien dû imaginer. Le put, le vrai, celui qui doit constituer un vrai filet de sécurité ne peut être utilisé quand on en a besoin puisqu’il renforce ce contre quoi on lutte ! Le put c’est de la création de monnaie pour soutenir les valeurs boursières bullaires mais si la cause de l’inflation incontrôlée c’est le niveau bullaire des bourses alors le put ne peut être utilisé. Voilà la dure réalité.
Le seul espoir auquel se raccrochent les marchés c’est l’abandon de la politique de contrôle de l’inflation des prix, des biens, des services, des salaires, des matières premières, de l’énergie ; abandon qui ferait dans un second temps …s’effondrer les bourses !
Pourquoi en sommes-nous là ? Tout simplement parce que tous ces gens sont des oiseaux de beau temps, des fausses valeurs, sans fond, sans étoffe, sans estomac. Ils glosent sur des évènements qui les dépassent, ils hurlent avec les loups mais ils ne disposent d’aucun vrai moyen d’utiliser/mettre en œuvre le volontarisme qu’ils affichent. Les outils monétaires sont des mirages, voilà le grand enseignement de la période. Or les mirages se dissipent quand on s’en rapproche, nous y sommes.
Et derrière les mirages il ne reste que la désolation et l’amertume.
Le monde est confronté à une authentique épreuve de vérité ; les démiurges ont cru à leur toute puissance, à leur capacité à manipuler les perceptions et ils ont cru que cela suffisait ; hélas, les perceptions contrairement à la philosophie politique ambiante ne sont pas tout : le monde est matériel, c’est le matériel, les ressources, les rapports de production, les rapports entre les groupes antagoniques qui font l’histoire, pas les romans et les récits.
La bulle financière est mal en point mais la situation présente est encore bonne, on n’a fait qu’égratigner la bulle. Que se passera-t-il si la vraie bulle, celle de la toute-puissance de l’Occident est crevée avec un échec dans l’opération de mise au pas de la Russie ?
Le gouvernement allemand va relever sa prévision d’inflation pour cette année à 6,1%, contre 3,3% prévu en janvier, en raison de l’impact de la guerre en Ukraine, montre un document que Reuters a pu consulter.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]