** Oh là là… combien vaut une âme ?
* Les mauvaises journées continuent de s’accumuler sur les marchés. Les indices baissent.
* Vendez les actions lors de leurs rebonds. Achetez de l’or durant ses creux.
* Telle était notre formule durant toute cette décennie. Elle semble encore fonctionner. Mais à présent, toute l’action se passe du côté "boursier" de la transaction.
* Que se passe-t-il ? Hank Paulson prend des mesures désespérées pour sauver ses amis à Wall Street. On estime que, dans le monde entier, le sauvetage devrait coûter plus de 3 000 milliards de dollars — tel était du moins le chiffre en couverture du Telegraph mercredi.
* Combien cela coûtera-t-il vraiment, personne ne le sait. Certains affirment que les sauveteurs feront en fait des profits. D’autres annoncent que ce sera la ruine totale.
* Nous n’en savons rien. Nous ne faisons que nous émerveiller devant cette escroquerie audacieuse.
* Le gang Goldman — plusieurs dirigeants de Goldman Sachs sont aux plus hauts postes financiers de la planète — peut désormais décider de la composition du secteur financier américain. Vous ne le croirez pas — nous avons nous-même du mal à le croire — mais Gretchen Morgenson a déclaré dans le New York Times que la décision de sauver AIG avait été prise par un très petit groupe. Non seulement un récent directeur de Goldman était présent — Hank Paulson — mais le PDG actuel de la firme, Lloyd Blankfein, y était aussi — le seul représentant de Wall Street. L’article continuait en expliquant que Goldman Sachs avait pas mal d’argent en jeu dans AIG — environ 20 milliards de dollars.
* Nous n’accusons personne de quoi que ce soit. C’est inutile. Nous partons du principe que les dés sont pipés. Nous les piperions nous-mêmes, à leur place.
* Avec 700 000 000 000 $ dans le compte en banque de leur chef — gracieusement offerts par le gouvernement US — nous ne doutons pas que Goldman et le reste des initiés de la finance travaillent d’arrache-pied pour que cet argent termine là où ils veulent qu’il soit.
* Mais depuis quelques jours, on dirait que la finance va avoir ce qu’elle mérite. Les actions vont mal. Les autorités sont censées truquer la partie pour éviter des pertes aussi massives — mais les marchés ne coopèrent pas.
* Ceci dit, nous avons rarement vu une opinion si unanime sur le sujet. Tous les récits, tous les commentateurs télévisions, tous les journaux, tous les économistes sont d’accord : le risque d’effondrement est trop important pour être ignoré. Les autorités devaient agir.
* "Les gouvernements ont enfin lancé une bouée au monde", écrit Martin Wolf dans le Financial Times.
* "Nous ne le souhaitions pas… mais nous devions agir", a déclaré Paulson au reste de la planète.
* Personne ne veut d’un effondrement financier ; tout le monde est d’accord sur le fait qu’une intervention rapide et vigoureuse de l’Etat est nécessaire. Une fois encore, à la Chronique Agora, nous sommes comme un homme qui se présenterait à son mariage en bonnet de nuit. Nous ne sommes pas habillés pour l’occasion.
* Un effondrement ? Qu’est-ce qui ne va pas avec un effondrement ? Pourquoi les banquiers n’auraient-ils pas peut de prêter ? Pourquoi les prix n’iraient-ils pas aux niveaux qu’accepteraient des acheteurs et des vendeurs ? Pourquoi faudrait-il sauver Wall Street ? Pourquoi les investisseurs ne devraient-ils pas encaisser les pertes qu’ils méritent ? Pourquoi les prix des maisons ne devraient-ils pas chuter rapidement ? En d’autres termes, pourquoi les erreurs des cinq dernières années ne pourraient-elles pas être corrigées rapidement ?
* La crise financière a été causée par un excès de crédit facile. A cause de cela, les gens ont fait des erreurs. Des erreurs dans leurs investissements. Des erreurs dans leurs entreprises. Des erreurs dans leurs dépenses — et même des erreurs dans leur style de vie. Ces erreurs doivent être corrigées — le plus tôt sera le mieux. En plus, nous n’avons jamais eu de véritable effondrement financier, aux Etats-Unis. Nous aimerions voir de quoi ça a l’air.
* Mais tout le monde est contre… on prend peur, et on est prêt à vendre son âme — si on en avait une — pour l’éviter. Les démocrates, bien entendu, n’ont jamais eu de principes. Les républicains faisaient seulement semblant d’en avoir. A présent, ils vendent le peu de respect qui leur reste pour le système de la libre-entreprise. Au moins espèrent-ils en obtenir un bon prix. S’ils suivent Goldman & Co., leur a-t-on dit, ils aideront à éviter une catastrophe (le fait qu’ils pourraient également obtenir une tranche du gâteau de 700 milliards de dollars n’a pas besoin d’être mentionné. Ils sortent déjà leurs couteaux et leurs fourchettes).
* Nous sommes d’avis qu’ils se retrouveront le bec dans l’eau sur tous les tableaux — en fin de compte, il ne leur restera rien… ni leur système de marché (relativement) libre… ni leur argent.