Au lieu d’une inflation de 2%, la Fed écope d’une inflation de près de 9%. Et donc, à présent, elle est face à ce défi : éteindre l’incendie sans endommager le mobilier…
Selon l’analyste Ed Yardeni, une famille américaine moyenne dépense désormais 3 000 $ de plus par an pour se nourrir et se chauffer.
Selon Fox News :
Le 10 mai 2022, le prix de l’essence a atteint un plus haut historique, sur fond de hausse de l’inflation et de restrictions imposées par le président Biden sur la production de pétrole et de gaz.
Selon l’AAA (« American Automobile Association » : association de défense des automobilistes américains), le prix moyen d’un gallon (3,78 l) d’essence a atteint 4,374 $ dans le pays, mardi, soit le prix le plus cher constaté depuis le mois de septembre 2014 où il avait atteint 3,387 $.
Selon Yardeni Research, l’augmentation des coûts du pétrole suggère qu’un foyer américain moyen déboursera près de 2 000 $ de plus, en 2022, pour son essence, selon une analyse publiée en mars.
‘De plus, nous estimons qu’un foyer moyen dépense actuellement au moins 1 000 $ [selon un taux annuel corrigé des variations saisonnières] de plus pour se nourrir, en raison de l’augmentation rapide des prix de l’alimentation’, indique Edward Yardeni, président de l’entreprise, sur LinkedIn. ‘C’est 3 000 $ que ces foyers ne pourront pas dépenser pour d’autres biens et services, lesquels augmentent également rapidement’.
Dans la masse salariale de la Fed, on compte environ 400 titulaires de doctorats en économie. L’un d’eux a-t-il prévu les conséquences évidentes qu’entrainerait l’émission de milliers de milliards de dollars d’argent frais ?
Il semblerait que non. L’un d’eux a-t-il jamais évoqué que cela appauvrirait la plupart des Américains ?
Mais attendez. Leur mission ne consiste pas à dire la vérité aux puissants gouverneurs de la Fed, mais à les en protéger. Armés de théories stupides et de pompeuses prétentions… ils montent la garde devant le temple.
A l’image des vestales, les gouverneurs de la Fed ne sont pas souillés par les réalités charnelles de la vie réelle… ni soumis à l’épreuve des tractations commerciales du monde réel… et ne tirent aucun enseignement de l’offre et de la demande d’une économie de marché réelle.
Et grâce au soutien de titulaires de doctorats partageant le même état d’esprit, ils ne sont jamais obligés de décrocher un véritable emploi… ni de se mêler à de véritables hommes d’affaires… ni de dîner avec de véritables investisseurs.
Déconnectés de la réalité
Leur imagination, détachée de toute expérience dans le monde réel, est ainsi libre de croire tout ce qu’ils veulent… quel que soit le degré d’absurdité. Comme, par exemple…cette inflation idéale de 2% (un fantasme absolu… ne s’appuyant ni sur la théorie, ni sur l’expérience).
Ou la doctrine de la dépendance aux données (également appelée « conduire en regardant dans le rétroviseur), grâce à laquelle la Fed a foncé tout droit dans une inflation à 9%.
« Comment aurait-on pu le voir arriver ? » s’interrogent-ils, entre eux.
Mais les gouverneurs de la Fed sont quasiment les seuls qui ne l’aient pas vu arriver.
Selon Bloomberg :
La présidente de la Réserve fédérale de Cleveland, Loretta Mester, a déclaré qu’elle était favorable à un relèvement d’un demi-point des taux mais qu’elle soutiendrait de plus fortes hausses plus tard si l’inflation ne baisse pas d’ici le deuxième semestre.
‘Nous n’excluons pas éternellement 75 points de base, n’est-ce pas ? La cadence à laquelle nous allons actuellement me semble correcte’ a-t-elle déclaré lors d’une interview accordée mardi à Michael Mckee, sur Bloomberg Television. ‘Nous allons devoir évaluer si l’inflation baisse vraiment, et ensuite nous pourrons avoir plus d’informations après en avoir fait deux, pour voir’ a-t-elle dit, en faisant référence à des hausses de 50 points de base.
Voilà ce que c’est, la « dépendance aux données ». Vous passez toute votre carrière à la Fed en faisant semblant de savoir ce que vous faites… et quand il devient manifeste que vous avez semé la pagaille dans l’économie, vous tentez une petite hausse de taux… pour voir ce qu’il se passe !
… Et puis il y a « l’effet de richesse ». A l’origine de ce concept, il y a cette idée que si vous parvenez à enrichir certaines personnes, elles dépenseront plus d’argent… Et ensuite, cette richesse « ruissellera » sur le reste de la population.
Mais il est limpide que cette idée est intégralement ridicule. Si vous pouvez enrichir certaines personnes… pourquoi ne pas enrichir tout le monde ?
Et si vous êtes incapable de rendre certaines personnes plus riches (et c’est bien le cas de la Fed), faire comme s’ils étaient plus riches (en manipulant les cours de leurs actions, ou le prix de leur maison, par exemple) relève de l’escroquerie.
Il n’existe aucune richesse réelle susceptible de ruisseler ou que ce soit… c’est juste une fausse richesse qui tombe goutte à goutte, comme l’eau d’un toit qui fuit en pourrissant toute la maison.
Et alors, inévitablement, les distributions de cadeaux et les plans de stimulus s’arrêtent, et il faut rembourser. Les dépenses baissent… et « l’effet de richesse » se transforme en « effet de pauvreté ».
A présent, nous constatons l’élégante symétrie de la vie réelle, quand ceux qui ont obtenu ce qu’ils n’auraient pas dû obtenir n’obtiennent plus rien… et quand l’économie déformée et pataude – aussi pesante qu’un train de marchandises et aussi encombrante qu’une péniche – se présente pour l’atterrissage.
Laminés !
Les ménages font déjà grimper l’encours de leurs cartes de crédit et leur endettement immobilier… tentant désespérément de maintenir le train de vie auquel l’état les a habitués.
Les actions les plus chères dégringolent… de 20%… de 40%… de 50%, alors que les memes, NFT et crypto-monnaies excentriques se font totalement laminer.
Et c’est là que nous posons cette question : quel levier Mme Mester va-t-elle actionner, à présent ? Quelle molette va-t-elle tourner pour éviter un atterrissage dans la douleur ?
Comme nous l’avons vu la semaine dernière, le problème, c’est la métaphore. Les gouverneurs de la Fed se voient tels que la presse les décrit : des pilotes experts dont la mission est de ramener la gigantesque économie américaine sur terre sans qu’une seule goutte ne s’échappe d’un verre en Première Classe.
Mais tout n’est pas aussi simple que piloter un avion. Lorsque vous vous disputez avec votre conjoint, par exemple, il n’est pas question d’actionner un manche à balai ou de mettre plein gaz pour régler le problème.
Et vous ne trouverez probablement pas une solution technique aux problèmes de paresse, de stupidité, d’avidité, de vulgarité, d’ignorance et de mauvais goût. Chacun doit être géré à sa façon.
Voici une meilleure métaphore, pour décrire le dilemme de la Fed :
La Fed a voulu mettre de l’ambiance pendant la fête.
Mme Mester et d’autres gouverneurs de la Fed voulaient un taux d’inflation plus élevé. Alors pour que les gens bougent, ils ont mis le feu à la maison. Cela a été amusant pendant un certain temps… ces flammes qui dansaient gaiement dans le séjour… et ce chaleureux rougeoiement dans le petit salon.
Mais désormais, les flammes sont incontrôlables.
Au lieu d’une inflation de 2%, la Fed écope d’une inflation de près de 9%. Et donc, à présent, elle est face à ce défi : éteindre l’incendie sans endommager le mobilier.
Elle a jeté un verre d’eau sur les flammes, la semaine dernière. Le trimestre prochain, elle tentera peut-être une nouvelle hausse de 0,50%. Et peut-être un autre spritzer au troisième trimestre… et ainsi de suite…
Jusqu’à ce que – en regardant toujours dans le rétroviseur – Mme Mester remarque enfin que la maison n’est plus qu’un tas de cendres.
Bien à vous,
Bill Bonner