Après avoir manipulé les marchés, la masse monétaire, les taux d’intérêt… les autorités s’en prennent au trésor de votre épargne – et de votre retraite.
La hausse boursière n’est qu’un leurre, entièrement déconnecté de la réalité, disions-nous hier. Il y a cependant un aspect qui justifie une valorisation plus élevée des titres boursiers : la comparaison entre le rendement obtenu par un placement sans risque comme l’emprunt d’Etat allemand ou américain et la rentabilité/le rendement des titres.
En effet, si le rendement des fonds d’Etat baisse par décision de la banque centrale, alors les capitaux qui sont placés en fonds d’Etat peuvent se déplacer et venir sur le marché des titres afin d’y chercher une rémunération supérieure. Cela signifie que le cours des titres va monter, de façon justifiée, jusqu’à ce que les rendements s’égalisent… mais c’est temporaire : cela ne vaut que pendant le temps où la banque centrale maintient les taux bas et/ou les fait baisser.
Si on maintient les taux sur les fonds d’Etat bas pendant cinq ans, alors, pour en tenir compte, les titres méritent une petite prime qui représente la valeur du supplément de rendement qu’ils procurent.
Rien ne rapporte quoi que ce soit
Si les fonds d’Etat à 10 ans rapportent 0%, les arbitrages fonds d’Etat contre titres vont continuer jusqu’à ce que le rendement/rentabilité des titres devienne égal à celui des fonds d’Etat, c’est-à-dire 0%.
En clair, dire que si les taux baissent au point de devenir nuls, cela justifie des cours plus élevés sur les titres, équivaut à dire que les titres doivent eux aussi ne rapporter que zéro.
Nous sommes dans cette situation pour qui sait compter. Rien ne rapporte quoi que ce soit, tous les rendements sont nuls… et s’ils ne le sont pas encore, ils le seront. Entre temps il y aura eu des accidents, des baisses, des poussées de volatilité qui font que vous serez enclins à vendre au plus bas dans ces poussées.
La politique suivie par les autorités monétaires est cynique à quatre points de vue :
– elles enrichissent sciemment les riches, lesquels sont les détenteurs de portefeuilles boursiers ;
– elles le font avec de l’argent tombé du ciel – argent qui, par l’effet Cantillon, dilue le pouvoir d’achat futur de la population ;
– elles essaient d’attirer les particuliers et surtout leurs caisses de retraites sur le marché boursier en mettant à zéro le rendement de tous les placements, ce qui incite/oblige au jeu ;
– elles créent par le jeu et la spéculation un risque considérable pour la stabilité financière.
Elles branchent une loterie sur le marché boursier comme le fit John Law rue Quincampoix – en sachant qu’à cette loterie, au moment du tirage, le public sera perdant sinon ruiné.
Les caisses de retraite rejoignent la loterie
Dire que les cours actuels pratiqués sur le marché boursier sont justifiés, c’est dire que ce que les joueurs recevront d’ici quelques années – dans un mois, dans un an, dans 10 ans – ne sera, au mieux, pas supérieur à ce qu’ils ont investi… ou plutôt pas supérieur à ce qu’ils ont misé !
Nous ne sommes en effet pas dans l’investissement, nous sommes dans le jeu.
Adam Smith comme John Law ont découvert une vérité qui, depuis, a toujours été utilisée par les élites :
Les gens ont une tendance irrépressible à surestimer leurs chances de gagner au jeu.
A partir de ce constat, il est toujours possible de vendre quelque chose plus cher, trop cher, en branchant sur cette chose une loterie.
Ce fut fait pour les loteries du Roi qui étaient un impôt sur les pauvres, pour les assignats qui ont permis la constitution des fortunes de la haute bourgeoisie actuelle… et maintenant on va plus loin, on utilise le jeu à grande échelle en faisant jouer non seulement le public, mais surtout son trésor : ses caisses de retraites.
Le vrai trésor des temps modernes, ce sont les milliers de milliards des caisses de retraites. C’est ce trésor que les autorités sont acharnées à confisquer, à faire venir en Bourse, c’est celui des caisses, de vos caisses. Il faut, comme disent les gouverneurs de la Fed, les faire monter dans l’échelle du risque : il faut les faire jouer.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]