▪ Avant de partir pour l’Europe, nous rendons visite à nos enfants aux Etats-Unis. Nous avons passé le week-end à La Jolla avec Henry, qui travaille pour la société d’investissement de Rick Rule.
A présent, nous sommes au Mississippi où nous rendons visite à Maria, en tournage. Apparemment, le Mississippi courtise le secteur du cinéma avec force coûts bas et remises d’impôt. C’est le deuxième film que Maria fait dans la région.
Les marchés, de leur côté, ne bougent guère. Et s’il y a quiconque qui sache ce que les marchés feront demain, il ne travaille pas dans les bureaux de la Chronique.
Avant de venir en Californie et au Mississippi, nous avons prononcé un discours à Londres, dans lequel nous citions Paul Krugman. Voici la citation en question, d’un article du magazine du New York Times :
"L’économie keynésienne est fondée sur le principe que la macro-économie n’est pas une question de moralité — que les dépressions sont, à la base, un dysfonctionnement technique. Alors que la Grande dépression allait en s’approfondissant, Keynes a prononcé sa célèbre petite phrase : ‘nous avons des problèmes de générateur’ — c’est-à-dire que les difficultés de l’économie étaient celles d’une voiture dont le système électrique avait un problème mineur mais critique, et le travail de l’économiste consiste à trouver comment réparer ce problème technique".
Quelle sorte de cerveau pourrait imaginer une telle chose? Comment pourrait-on confondre une économie et une machine ? Nous promettons de ne pas prendre tout ça trop au sérieux, mais il vaut probablement la peine de passer quelques minutes à explorer ces sottises. C’est en effet l’erreur qui ne niche au coeur de l’économie moderne, et elle se trouve également à la base des tentatives de la Fed de ressusciter l’économie. Krugman, Bernanke, Summers et les autres pensent qu’ils sont des techniciens.
Ils ont la mauvaise métaphore. On peut peut-être décrire le corps humain comme une machine aussi. Mais n’essayez pas de le réparer avec une clé à molette. Une bonne chose que Paul Krugman ne soit pas docteur en médecine !
▪ Les différences entre une économie et une machine
Contrairement à une machine, l’économie n’a jamais été conçue par personne, ni construite dans une usine. Il n’y a pas de plans… pas de mode d’emploi… pas de guide… et pas de forum internet où les propriétaires peuvent parler des problèmes qu’ils ont eu et des trucs qu’ils ont utilisés pour les résoudre.
Puisqu’elle n’est pas faite de main d’homme… elle ne peut être réparée de main d’homme. Voyons un peu pourquoi.
D’abord, une économie est trop complexe… avec des millions de pièces mobiles. Chacune de ces pièces a ses propres informations et souhaits. L’agriculteur du Mississippi peut savoir que ses 40 acres sont trop humides pour être labourés. Le département de l’Agriculture n’en a pas la moindre idée. Le plombier de Lisbonne peut savoir que son activité ralentit, mais comment Krugman le saurait-il ? Quelle machine a des pièces intelligentes… chacune réagissant à sa propre base d’informations, plus ou moins indépendamment ?
Ensuite, ces pièces ont leurs propres désirs. On construit une machine pour accomplir les désirs de son concepteur, de son constructeur et de son propriétaire. Une économie, en revanche, est simplement le moyen pour que ses parties constituantes parviennent à leurs propres fins. Imaginez une voiture qui va là où le souhaite le volant ! Imaginez un moteur qui tourne plus vite quand le carburateur se sent d’humeur taquine… et ralentit quand les valves sont fatiguées.
Vous savez bien que ça ne ressemble à aucune machine jamais créée. Les pièces veulent aller dans des directions différentes… à des vitesses différentes… pour des raisons différentes.
Dans les Etats-Unis d’aujourd’hui, les salaires réels sont plus bas qu’ils l’étaient il y a 10 ans. Selon la manière dont on tient compte de l’inflation, il se peut qu’ils soient aussi bas qu’ils l’étaient à la fin du deuxième gouvernement Eisenhower, en 1961. Avec si peu de revenus, les gens sont naturellement prudents avec leur argent. Ils vont dans des magasins discount géants… pour en avoir autant que possible pour leur argent. Ils veulent des prix bas.
A quoi sert une économie, sinon à satisfaire les espoirs et les désirs des gens qui y vivent ? Et quel est le but de l’économie activiste, sinon d’aider les gens à avoir ce qu’ils veulent ?
Alors que fait Paul Krugman ?
Il pousse le gouvernement à augmenter les prix… à consciemment et intentionnellement saboter les souhaits des gens en augmentant le coût de la vie. C’est le but de l’assouplissement quantitatif : mettre plus d’argent en circulation de sorte que les prix grimpent. Ensuite, les gens en auront moins pour leur argent… et seront plus prêts à dépenser leur argent (craignant qu’il perde sa valeur).
C’est pour cette raison que Krugman préfère penser à l’économie comme à une machine. Les machines peuvent être contrôlées et manipulées. Pas les vraies économies.