▪ Depuis une dizaine de jours, il faut vraiment s’accrocher aux accoudoirs pour ne pas tomber de son fauteuil lorsqu’on gère des positions spéculatives à effet de levier !
Certaines séances peuvent coûter très cher pour qui se fait prendre à contre-pied. Nous venons d’en observer une série assez impressionnante depuis le 24 juin, avec une suite d’écarts qui donnent le tournis : -2,4% le 24/06, +1,6% le 28/06 puis -4% dès le lendemain, -3% le 1er juillet puis +3,5% en séance le 6 juillet — après une séance complètement creuse le 5 juillet, mais qui a occasionné le retracement du plancher annuel de clôture des 3 330 points.
Comme certains d’entre vous ont pu nous l’entendre dire depuis vendredi dernier, « il faut vraiment être super baissier dans l’âme pour se risquer à jouer la cassure des planchers annuels à Wall Street après six puis sept séances de repli consécutif ».
Cela ne nous a pas donné pour autant envie de racheter le marché à vil prix comme le conseillent ceux qui évaluent le PER actuel à 11 fois les bénéfices et parient sur des taux zéro ad vitam aeternam en Europe comme aux Etats-Unis. Un PER, ça fluctue au gré des anticipations de croissance des bénéfices. Les dernières prévisions dévoilées en anticipation des résultats du deuxième semestre sont le plus souvent prudentes… et les relèvements d’objectifs ne sont pas majoritaires (contrairement à juillet 2009) !
Ayant décidé malgré tout de miser sur un rebond technique, nous avions constitué quelques positions spéculatives le 1er juillet mais sans grande conviction. Notre principal espoir était que les indices européens profitent de la proximité de leurs supports annuels pour rebondir. Cependant, avec des gains de 3% à la mi-séance, nous avons le sentiment que le marché a voulu trop bien faire et s’en est allé beaucoup trop haut, beaucoup trop vite.
▪ L’actualité de la matinée était quasi inexistante en dehors de l’énorme buzz politico-médiatique autour de l’affaire Bettencourt/ Woerth/Sarkozy. Parmi les éléments potentiellement favorables, nous n’avons retenu que le succès d’une émission obligataire de bons à 10 ans du Trésor espagnol.
Avec un coupon de 4,85% (soit près de 200 points de base de plus que pour des Bunds allemands de même maturité), le succès était garanti d’avance. La demande a dépassé l’offre d’un peu plus de deux fois : 13 milliards d’euros contre six milliards d’euros mis aux enchères.
La précédente adjudication (cinq milliards d’euros) de dette espagnole à 10 ans avait été émise 140 points de base plus bas au mois d’avril et elle suscité une forte demande… Mais le contexte était fort différent : c’était avant que les banques espagnoles se voient pratiquement exclues du marché interbancaire et contraintes de se refinancer directement auprès de la BCE.
La ministre de l’Economie, Elena Salgado, se réjouit peut-être un peu vite au sujet du bon accueil apparent réservé à l’opération du jour. Nous aimerions connaître la liste des acheteurs et pouvoir vérifier qu’ils conserveront le papier ne serait-ce que jusqu’au week-end prochain.
En attendant, les credit default swaps (CDS) continuent de se renchérir sur les bons du Trésor grecs, portugais, belges (oui, cela va plutôt mal pour nos amis du plat pays) et… français.
▪ L’euro a peut-être profité de l’occasion pour franchir la barre des 1,26 $. Cependant, étant donné que la forte hausse des trois précédentes séances n’avait en rien dopé les places du Vieux Continent, nous serions bien présomptueux d’affirmer que le rebond des actions marque enfin la prise en compte de la correction de 3% du dollar — laquelle traduirait un reflux de l’aversion au risque.
Wall Street se montrait beaucoup moins flamboyant à la mi-séance qu’en ouverture. Les indices américains avaient effacé vers 20h00 la totalité de leurs gains initiaux ; la rechute inattendue du pétrole sous les 72 $ n’est pas une indication technique très favorable.
La progression jugée plus modérée de Wall Street vers 17h30 explique pourquoi Paris n’avait pas réussi à clôturer au plus haut du jour et se contentait de +2,73% à 3 423 points.
La hausse s’était un peu emballée vers 16h15. Le CAC 40 grimpait alors de plus de 3,5% à 3 456 points, tandis que Wall Street affichait +1,75% après sept séances de repli consécutives et un « pont » de trois jours (célébration décalée de l’Independance Day lundi).
La publication de l’ISM des services, considérée comme un facteur de mouvement sur les marchés, a suscité peu de réactions. Un repli vers les 53,8 était en effet anticipé, après 55,4 en mai.
▪ Le changement d’ambiance sur les places européennes (elles affichent +2,8% en moyenne) en 24 heures est assez saisissant. Il tranche avec la morosité la plus complète qui régnait la veille, alors que les marchés américains étaient fermés et qu’il n’y avait ni bonnes ni mauvaises nouvelles pour justifier une variation de 0,5% (à la baisse) en clôture.
Une euphorie débridée semble soudain surgir de nulle part… Attention toutefois à l’étroitesse des volumes : il ne s’est échangé que 3,4 milliards d’euros sur le CAC 40 au lendemain d’une séance complètement creuse, à moins de deux milliards d’euros.
Non, décidément, le scénario des dernières 48 heures ne nous dit rien qui vaille. La volatilité des indices américains après trois jours de repos nous fait penser que certains opérateurs n’ont pas très bien dormi durant ce week-end prolongé : ils font étalage de beaucoup trop de nervosité pour que nous manifestions une foi inébranlable dans la capacité de rebond des marchés US.
A l’image de nombreux matchs de la Coupe du monde de football, le sort de la séance de mardi s’est joué durant les arrêts de jeu. Les baissiers menaient au score à moins d’un quart d’heure du coup de cloche final, les trois indices de référence étaient alors franchement dans le rouge (le Nasdaq chutait de 0,6%).
Les haussiers, qui ont battu en retraite tout au long de séance après une première — mais unique — charge prometteuse, avaient fini par mettre un genou à terre. Les spectateurs n’auraient pas misé très cher sur leurs chances d’échapper à une nouvelle défaite.
Pourtant, un ultime réflexe d’orgueil (s’agirait-il l’énergie du désespoir ?) survenu à trois minutes de la clôture leur a permis de repousser in extremis leurs adversaires, évitant à Wall Street d’aligner une huitième séance de repli consécutive.
Les haussiers viennent d’échapper à une élimination directe… mais les prochains matchs de rattrapage s’annoncent déjà très compliqués.
Leur entraîneur, appelé PIB par le grand public mais surnommé « W » sur le banc de touche, semble complètement dépassé par ce Mondial de l’économie.
Pour corser le tout, l’équipe des haussiers a choisi pour seul sponsor la « Croissance »… et a déposé un préavis de grève au cas où les mesures d’austérité gouvernementales seraient maintenues.
Après pas mal de grabuge dans les vestiaires, une opération coup de balai se prépare à la Fédération (Fed pour les intimes). C’est le turbulent dollar qui risque les plus lourdes sanctions si Washington décide de monétiser les « municipal bonds« , comme nous vous l’expliquions en fin de chronique hier.