▪ Partout dans le monde, les marchés grimpent. Aux Etats-Unis, le S&P 500 a passé la barre des 2 000 points pour la première fois de l’histoire. Le Dow est au-delà des 17 000. Si vous vouliez acheter une action Netflix, vous paieriez 144 $ pour chaque dollar gagné par la société. Si vous possédiez toute l’entreprise, en d’autres termes, vous devriez attendre l’an 2158 pour récupérer votre mise.
Il se passe la même chose de Tombouctou à Taïwan en passant par le Texas. Les dernières nouvelles de Bloomberg :
"Partout dans le monde, les actions partout ont vu leur valeur augmenter de plus de 2 200 milliards de dollars depuis le 7 août, selon des données compilées par Bloomberg. L’optimisme qui veut que les banques centrales soutiendront la croissance économique a permis à l’indice boursier mondial MSCI de grimper de 3,8% par rapport à son plus bas de ce mois-ci. Le S&P 500 a grimpé durant 10 des 13 dernières séances et le Nasdaq Composite est à environ 10% d’un sommet historique.
Les marchés mondiaux surmontent les crises en Ukraine, dans la Bande de Gaza et en Irak, les investisseurs renouvelant leurs paris sur le fait que les mesures de relance ressusciteront la croissance. L’indice EuroStoxx 600 a enregistré son plus gros gain sur deux jours depuis avril après que Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, a signalé que les responsables pourraient envisager un plan de rachat d’actifs. L’indice Topix, au Japon, frôle son niveau le plus élevé depuis janvier, rebondissant par rapport à des pertes plus tôt dans l’année".
A elles toutes, les valeurs cotées valent désormais plus de 66 000 milliards de dollars, soit quasiment l’intégralité du PIB mondial total |
A elles toutes, les valeurs cotées valent désormais plus de 66 000 milliards de dollars, soit quasiment l’intégralité du PIB mondial total. Plus de 12 000 milliards de dollars de plus qu’elles n’en valaient au début 2013… et 30 000 milliards de plus qu’il y a 10 ans.
▪ Que s’est-il passé ces 10 dernières années pour augmenter la valeur des actions à tel point ?
Nous rappelons au lecteur qu’une action n’est rien de plus qu’un droit sur certains actifs et bénéfices d’une société donnée. Généralement, les investisseurs paient leurs actions entre 10 et 20 fois les bénéfices annuels. Lorsqu’ils sont baissiers, comme c’était le cas en 1982 puis en 2009, ils ne voudront payer que moins de 10 fois les bénéfices. Lorsqu’ils sont d’humeur haussière, il n’y a pas de limite… mais c’est rarement plus de 20 fois. Actuellement, à l’exception de la Chine et de la Russie, quasiment tous les grands marchés sont plus près du sommet du canal que du bas, les Etats-Unis étant à 21, selon Robert Shiller.
Qu’est-ce qui peut rendre les investisseurs aussi haussiers ? Et pourquoi cet optimisme s’étendrait-il à tout le globe ou presque ? Après tout, les revenus des entreprises dépendent des ventes des entreprises. Et les ventes d’une entreprise ne peuvent augmenter que si a) elle prend des parts des marché à d’autres entreprise (ce qui n’impliquerait pas de croissance nette des ventes dans le monde) ou b) l’économie mondiale se développe.
C’est bien là le plus curieux. Alors que les actions grimpaient… les taux de croissance baissaient, passant d’un sommet de près de 5% en 2009 à tout juste 2% l’an dernier.
L’an dernier aux Etats-Unis, les actions ont grimpé 10 fois plus rapidement que l’économie sous-jacente.
Allez comprendre.
Une nouvelle révolution industrielle est-elle au programme ? Les taux de natalité sont-ils en pleine explosion ? |
▪ La question à 66 000 milliards de dollars
Les vétérans nous disent que "les marchés en savent toujours plus que nous". Si c’est le cas, que sait le marché que nous ignorons ? Une nouvelle révolution industrielle est-elle au programme ? Les taux de natalité sont-ils en pleine explosion ?
Pas pour autant que nous puissions en juger. Alors qu’est-ce qui se cache derrière la hausse fulgurante des prix des actifs ?
Voici une suggestion : Janet Yellen, Mario Draghi et Shinzo Abe.
Janet Yellen a fait savoir qu’elle n’était pas particulièrement pressée de laisser les marchés découvrir à nouveau les prix par eux-mêmes. Elle mettra plutôt les prix là où elle les veut. Ce qui veut dire des taux d’intérêt à des niveaux de plus en plus bas… et des actifs à des sommets vertigineux.
Mario Draghi, de son côté, est confronté à une récession en triple creux en Italie, une économie stagnante en France et une croissance négative en Allemagne. Bloomberg, à nouveau, nous dit ce qu’il a en tête :
"[…] selon Patrick Spencer, responsable des ventes d’actions chez Robert W. Baird & Co. à Londres, ‘Draghi a clairement laissé entendre qu’il se tient prêt avec de nouvelles mesures pour stimuler la croissance, et cela contribue à améliorer le sentiment général’."
Quant à Shinzo Abe, le Premier ministre japonais, il semble prêt à tout et n’importe quoi au nom de l’augmentation de l’inflation et du PIB — y compris encourager les femmes à abattre des arbres ! (Inutile de nous accuser de sexisme. Nous n’avons rien contre les femmes faisant de durs travaux, bien au contraire. Mais si on pouvait augmenter la prospérité en multipliant le nombre de bûcheronnes, la moitié des femmes du monde porterait déjà chemise à carreaux et salopette).
Shinzo, Janet, Mario…
A coup sûr, un magazine intelligent est en train de préparer un article de couverture quelque part…
Nous avons un titre à leur suggérer : "Le Comité pour détruire le monde".