▪ Le Dow Jones renouait dès l’ouverture avec les 13 000 points vendredi. Il confirmait ses gains initiaux à la mi-journée, sur fond de volatilité quasi nulle comme lors des précédentes séances. Cela a permis au VIX de poursuivre sa décrue sous le palier des 17, comme si une croissance non-inflationniste de 4,5% aux Etats-Unis et de 3% en Europe s’annonçait pour 2012.
L’indice phare ne pouvait pas terminer la semaine sans inscrire un nouveau zénith annuel… Le suspense n’a pas duré plus d’une demi-heure : le Dow a fait clignoter durant quelques brèves secondes un score de 13 014 points vers 16h.
Le Nasdaq, qui enchaîne plusieurs dizaines de séances de hausse depuis le 1er janvier — pratiquement toute bâties sur le même modèle algorithmique –, en a profité pour filer tout droit vers les 2 971 points. Ce niveau n’est pas si anodin puisqu’il place le Composite à 1% du seuil psychologique des 3 000.
Dans un marché tel que nous l’observons depuis 10 semaines, gagner 1%, cela s’obtient d’un claquement de doigts… ou d’une allusion un peu appuyée de la Fed à la mise en oeuvre d’un QE3.
Mais le terme de « marché » s’applique-t-il au grand numéro d’illusionniste que nous jouent les banques centrales, et notamment la BCE — qui finance désormais indirectement les Etats européens en difficulté au travers de ses partenaires bancaires ?
▪ Bienvenue sur le tapis volant !
Le « marché » tel que nous vous le décrivons depuis sept ou huit semaine est un tapis volant : David Copperfield prie le public de souffler avec conviction vers la scène… et le tapis quitte le sol.
« Super, allez, tous ensemble, on souffle encore plus fort ! »… et la carpette prend de l’altitude. Et pendant que le prestidigitateur captive l’attention des spectateurs avec ses moulinets et ses effets de cape, ses acolytes en coulisse actionnent le système hydraulique dissimulé par un jeu de miroirs qui donne le sentiment d’une authentique lévitation.
Chaque soir, nous entendons les experts du premier rang qui viennent disserter sur la puissance du souffle et la confiance dans sa propre force mentale déployée par le public (comprenez le marché).
Mais l’action du public, c’est du vent, au propre comme au figuré !
▪ Bourrasque sur le CAC 40
Quand au grand vent d’optimisme qui gonflerait la voile du CAC 40… l’indice vient de terminer la semaine en hausse de 0,57%, à 3 467 points. Il est pratiquement au même niveau qu’à la reprise des transactions lundi, soit 3 463 points. Quelle bourrasque !
La Bourse de Paris affiche +0,8% sur la semaine. Le profil de la séance de vendredi était identique à celui des quatre précédentes… et les volumes toujours aussi anecdotiques avec seulement 2,5 milliards d’euros.
Pour résumer d’une formule : plus le CAC 40 monte, plus l’activité décroît. Cela signifie simplement qu’il y a de moins en moins d’argent injecté dans les actions… Cela alors que des stratèges, avec des mines de crétins satisfaits, nous affirment que les investisseurs débarquent maintenant en rangs serrés (bien que les volumes démontrent la fausseté de cette assertion) parce qu’ils ont raté le début de ce rally bidon. Ils n’auraient donc pas d’autre choix que d’acheter au plus haut des titres dont ils ne veulent pas et dont ils savent pertinemment que les cours sont gonflés à l’hélium.
C’est un double aveu : d’abord c’est reconnaître implicitement que les cours sont manipulés… ensuite c’est prendre les gérants pour des robots imbéciles qui n’ont d’autre choix que de commettre les mêmes erreurs qu’un novice, de peur de rater la hausse alors qu’elle dure depuis 10 semaines.
▪ Des marchés qui tournent en boucle
Le marché est un désert : passée la première demi-heure de cotation, il ne se passe plus rien pendant quatre, ou cinq heures. Les cours oscillent au sein de marges très étroites avant de se remettre à progresser légèrement au cours de la dernière heure — ça n’a d’ailleurs pas raté ce vendredi.
Les faiseurs d’opinion répètent en boucle les mêmes pieux mensonges au sujet de la ruée vers les actions. Un mouvement tellement puissant qu’il emporte tout sur son passage… comme en témoigne l’envolée de l’Euro-Stoxx 50 qui engrange un ébouriffant gain hebdomadaire de 0,15%.
Pendant que les indices boursiers piétinent, la guerre des devises a repris de plus belle, initiée par la banque centrale du Japon. Le dindon de la farce, c’est l’euro : il inscrit un nouveau zénith annuel à 1,347 $. Sa progression est toutefois bien moins rapide que celle du pétrole, qui grimpe de 5% cette semaine (de 103 $ vers 109 $)… mais que voilà un signe réconfortant de bonne santé de l’économie !
Cette thèse s’appuie sur un déferlement de bonnes statistiques — comme la confiance des ménages américains qui a fait un bond de… 0,3 point à 75,3 au mois de février. Avec un Nasdaq en hausse de 14% depuis le 1er janvier, vous mesurez sans peine le phénoménal « effet richesse et le « choc de confiance » que Wall Street suscite jusque dans les plus humbles foyers
Même scénario en France, où la hausse du CAC 40 déclenche une vague d’allégresse qui saute immédiatement aux yeux : l’indicateur de confiance de l’INSEE gagne un point par rapport à janvier, pour atteindre 82… un score inférieur de 30% par rapport à sa moyenne long terme.
Alors oubliez la chute de 2,7% des embauches au mois de janvier et la hausse de 0,1% du chômage le mois dernier : les entreprises n’ont jamais fait autant de profits avec aussi peu de salariés. Pourquoi devraient-elles changer de stratégie ? Et last but not least… Plus la Bourse monte, plus il y a de titres qui apparaissent sous-évalués.
Bien, mission accomplie : je crois que j’ai recensé l’essentiel des plus grosses âneries entendues cette semaine… Cependant, si la Bourse continue de monter de 0,3% ou 0,4% d’ici le LTRO de ce mercredi 29, je crois que la moisson de la semaine prochaine sera encore plus prolifique.
1 commentaire
bonjour, l’indice BDI (baltic dry index) est au plus bas (proche de 2008), alors que l’indice S and P casse ses résistances.
Cet écart devient dangereux. Avez vous une analyse objective de cet écart ?