Donald Trump doit se faire réélire à tout prix – et cela coûtera cher à l’économie américaine… et mondiale.
« Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi. »
Jésus-Christ
L’événement de la semaine, c’est le symposium de la Réserve fédérale à Jackson Hole, qui commence aujourd’hui.
Tout le monde pense que la Fed contrôle largement l’économie et le marché boursier américains. Tout le monde pense aussi que réduire les taux est bon pour les deux. Et tout le monde sait que Jerome Powell ne décevra personne.
Le seul débat, alimenté par le président des Etats-Unis lui-même, concerne la taille de la réduction que la Fed devrait mettre en place. Voici ce qu’en dit Donald Trump :
« Le Taux de la Fed, sur une période de temps relativement courte, devrait être réduit d’au moins 100 points de base, avec peut-être un peu d’assouplissement quantitatif aussi. Si ça arrivait, notre Economie serait encore meilleure et l’Economie Mondiale serait rapidement et considérablement améliorée – c’est bon pour tout le monde ! »
Encore un petit coup de rhum
Eh bien. C’est aussi simple que ça ?
Tout ce temps, nous pensions qu’une économie est comme un organisme complexe… réagissant à des milliards de signaux – prix, culture, innovations, préférences, météo…
Pendant de nombreuses années, les banques centrales ont-elles aussi pensé devoir être prudentes.
Elles s’inquiétaient de fausser le flux d’information… de l’inflation des prix à la consommation… ou encore de la « surchauffe » de l’économie.
Elles croyaient devoir « retirer le bol de punch » de temps en temps, simplement pour calmer un peu les choses.
Et voilà qu’on découvre… que tout le monde avait tort.
Toute « l’économie mondiale serait rapidement et considérablement améliorée » simplement en réduisant les taux… sans faire dans la demi-mesure (c’est-à-dire bien au-dessous du niveau d’inflation des prix à la consommation).
C’est aussi simple que ça ! Montez le son. Rajoutez une bonne dose de rhum. « C’est bon pour tout le monde ! »
Une explosion de mensonges
A tout le moins, il faut admettre que Donald J. Trump est vraiment un génie très stable.
En seulement 31 mois à son poste, il a maîtrisé les liens mystérieux et turbulents qui unissent la politique des banques centrales et l’économie.
C’était si simple. Si évident. Réduisez les taux, l’économie grimpe. Augmentez les taux, l’économie ralentit. Et si un banquier central prudent insiste pour augmenter les taux, il suffit de l’arracher, comme un œil droit offensant…
Maintenant, évidemment, des banquiers centraux aveugles apparaissent un peu partout. C’est ce qu’a confirmé le conseiller économique du président américain, Peter Navarro, à la télévision nationale. Sur le site MarketWatch :
« « Je peux vous dire avec certitude […] que nous aurons une économie solide tout au long de 2020 et au-delà, avec un marché haussier’, a-t-il déclaré lors d’un entretien sur ABC News dimanche matin. ‘La Fed va baisser ses taux. La BCE mettra en place une relance monétaire. La Chine mettra en place une relance budgétaire. » »
Génial. De la certitude ! Tous nos soucis sont terminés. Il suffit apparemment de relances monétaire et budgétaire.
Pas de scrupules. Pas d’hésitations. Plus de « d’un côté… mais d’un autre ». Plus d’indécision prudente, humble, modérée ou intelligente.
Nous sommes assez certain que Navarro a raison, du moins en ce qui concerne ce que mijotent les desperados des banques centrales et des gouvernements.
Les marchés et les économies sont difficiles à prévoir. Les politiciens, en revanche, sont aussi transparents qu’un panneau de verre. Ils ont deux objectifs principaux – la réélection et le vol. Le but de la première est simplement de permettre le second.
Il existe un bon moyen d’accomplir les deux : stimuler les électeurs avec de la fausse monnaie… de fausses guerres… et de fausses informations.
Oui, attendez-vous à une belle explosion de mensonges dans les mois qui viennent – et à une coquette somme d’argent s’écoulant dans le marigot.
Des squelettes dans le placard
Donald J. Trump vient du monde rude des brasseurs d’argent de New York. Il sait que s’il perd l’élection, ses ennemis se lanceront à ses trousses.
Il sait aussi qu’il a pas mal de squelettes dans le placard… et que ses adversaires tomberont forcément sur l’un d’entre eux s’ils mettent la main sur le département de la Justice.
Il va donc faire « tout ce qu’il faut » pour gagner en 2020.
C’est là que nous revenons à notre prédiction : Trump ne se lancera jamais dans une guerre commerciale totale avec la Chine.
Selon une nouvelle estimation de Goldman Sachs, la guerre commerciale, si elle est pleinement appliquée, coûtera à chaque famille américaine environ 1 000$ par an. Ce n’est pas une chose que M. Trump voudra voir figurer sur son CV de candidat à la réélection.
Il préférera de bonnes nouvelles. Ce qui signifie que les taux seront baissés. Le quantitative easing sera mis en place. Il y aura peut-être même des rachats d’actions directs.
La guerre commerciale sera gagnée. La Chine ne voudra pas perdre la face vis-à-vis de M. Trump. Mais tant la Chine que l’équipe Trump ont besoin d’un accord.
On annoncera probablement un glorieux rapprochement. Rien ne changera vraiment.
On peut également s’attendre à plus de dépenses gouvernementales… plus d’allocations… plus de subventions… et plus de dettes.
Reculades et promesses non tenues
Déjà, les dépenses gouvernementales sous M. Trump ont augmenté plus rapidement qu’à tout autre moment depuis les budgets « du beurre et des canons » de Lyndon Johnson à la fin des années 60.
Au lieu de rembourser la dette nationale comme promis, Trump y a ajouté 2 700 Mds$. Ce n’est sans doute qu’un début.
Des baisses d’impôts ? En début de semaine, la Maison Blanche a démenti réfléchir à un baisse des impôts sur les salaires… mais là encore, leur retour est presque certain.
Attendez une minute… est-ce que toutes ces dépenses, cette inflation et ces baisses de taux vont vraiment améliorer l’économie ?
Bien sûr que non. Cela empirera encore son état.
Est-ce que cela évitera une correction sur les marchés ?
Non, pas même ça.
Alors quoi ?