La loi de l’offre et de la demande est implacable, même en matière de masse monétaire… et l’inflation est là pour le rappeler aux autorités.
« Tout ça fait partie d’un plan », nous a expliqué un collègue. « Trump est en réalité rusé comme un renard. »
« Il sait qu’il faut que les Américains constatent une amélioration économique d’ici aux prochaines élections. Il n’y en a pas vraiment.
« Mais s’il réussit à faire en sorte que la Fed réduise un peu les taux… et s’il règle toutes ces guerres commerciales… il est d’avis que l’économie semblera en pleine forme pour l’élection de 2020. »
Entamez une dispute. Arrêtez cette dispute. Criez victoire. Baissez les taux. Soyez réélu.
C’est assez simple. Peut-être même que cela fonctionnera.
Cela semble en tout cas marcher assez bien sur les marchés. Le S&P 500 a battu un nouveau record. Les investisseurs semblent anticiper la fin des querelles commerciales avec la Chine et le début d’un nouveau cycle de baisse des taux.
Est-ce bien le plan ? Nous n’en savons rien. Est-ce qu’il fonctionnera ? Nous ne le savons pas non plus.
Un point de mi-parcours
Voyons plutôt ce que nous pensons savoir. La moitié de l’année s’est déjà écoulée ; un bon moment pour faire le point.
Nous sommes désormais proches de ce qui doit être la fin de la plus longue expansion économique de l’histoire des Etats-Unis. Nous sommes également à des plus hauts records aux Etats-Unis… après une marche de 10 ans vers le sommet, avec des prix 200% plus élevés que ce qu’ils étaient en 2009.
Nous savons aussi que ces deux choses ont été rendues possibles par une expansion record de la masse monétaire américaine – de l’inflation, en d’autres termes.
Par le biais de son programme d’assouplissement quantitatif (quantitative easing, QE), la Réserve fédérale a injecté plus d’argent dans le système monétaire US ces 10 dernières années qu’au cours des 90 années précédentes de son existence.
Non seulement ça, mais en abaissant son taux directeur sous le niveau de l’augmentation des prix à la consommation, elle a rendu l’emprunt plus attractif que l’épargne. L’argent emprunté, lui aussi – quelque 20 000 Mds$ ont été ajouté à la dette totale du pays ces 10 dernières années – vient augmenter la « masse monétaire » disponible. Là encore, plus d’inflation.
Une loi implacable
L’inflation – par définition, expérience et théorie – augmente la quantité d’argent en circulation. En revanche, elle n’augmente pas la quantité de choses que cet argent permet d’acheter.
La loi de l’offre et de la demande nous dit que, toutes choses étant égales par ailleurs, les prix grimpent. C’est une autre manière de dire que les autorités ont « dévalué » la devise ; l’argent a moins de valeur. Chaque unité achète moins de choses.
Si ce nouvel argent entre dans le système par le biais du canal de la consommation – réductions d’impôts, augmentation des dépenses, programmes d’allocations, guerres, etc. – on peut s’attendre à ce que les prix à la consommation grimpent.
S’il entre dans le système par la politique monétaire – baisse des taux d’intérêts ou QE – il en résultera plus probablement une augmentation du prix des capitaux (prix des actions et des obligations).
Ce n’est pas une coïncidence si les riches se sont bien plus enrichis lors des 10 dernières années qu’à tout autre moment de l’Histoire. Dans les faits, la Fed leur a donné de l’argent.
Evidemment, ce n’était ni aussi simple ni aussi évident. Les autorités pensaient peut-être vraiment qu’elles « stimulaient l’économie » au lieu de simplement voler les classes moyennes pour engraisser les riches. Et cela a bien eu un effet positif sur les ventes de croisières de luxe, d’immobilier de prestige et de bouteilles de Dom Pérignon.
Mais cela n’a rien fait pour la majorité des Américains. A mesure que les 1% devenaient plus riches, les 90% devenaient plus pauvres. Et les autres ont fait du surplace.