Les signes pointant vers une récession se multiplient – quoi qu’en dise le président des Etats-Unis. Et lorsqu’elle se produira, c’est lui qui sera en première ligne.
Nous avons appris récemment que « notre Pays [avec un P majuscule !] va super bien… Nous sommes plus forts que jamais, avec un potentiel de hausse ENORME ».
Telle est la version officielle de la Maison Blanche.
Pourtant, vous avez lu dans ces colonnes que les Etats-Unis déclinent depuis le début du siècle… sans que rien ni personne ne puisse enrayer leur chute.
Alors quoi ? Vont-ils super bien… ou pas si bien que ça ? Qui a raison ? Le commandant en chef… ou un scribouillard inconnu et sans importance ?
Au cours des prochains jours, nous définirons des points. A vous de les relier.
De l’or et des profits
Le S&P 500 a atteint un nouveau record. C’est une bonne chose pour ceux qui possèdent des actions. Quant à savoir si c’est aussi bien pour les autres, voilà qui reste à établir.
Attendez… un rapide coup d’œil nous montre que les profits des entreprises en l’an 2000 se montaient à un total de 600 Mds$. Aujourd’hui, ils sont à 1 800 Mds$ environ, depuis six ans. Est-ce « super » ?
Rappelez-vous que les autorités ont changé le système monétaire américain – et mondial, par extension – en 1971. L’ancienne monnaie était liée à l’or, au prix de 35 $ l’once. La nouvelle monnaie flotte sur une mer d’espoirs et de suppositions.
On ne peut pas acheter une once d’or pour 35 $ aujourd’hui. Il vous en coûtera près de 1 500 $. Pour obtenir le chiffre en anciens dollars, il faut donc d’abord calculer le nombre d’onces représentées par le chiffre en dollars actuels, puis multiplier le résultat par 35.
En 2000, l’or coûtait 260 $ l’once seulement. De sorte que les revenus en 2000 (se montant à 600 Mds$ en termes de dollars) équivalaient à 2,3 milliards d’onces d’or… qui valaient à leur tour 80,5 Mds$.
Les bénéfices actuels (à 8 100 Mds en termes de dollars) ne valent que 42 Mds$ en termes d’or.
Une mesure de valeur relativement exacte
En termes d’or – la forme de monnaie la plus ancienne et la plus fiable –, les entreprises américaines ont perdu de la valeur depuis 1971. Comment est-ce possible ?
A court terme, il y a beaucoup de fluctuations dans le cours de l’or, comme dans tout le reste. L’or grimpe. L’or baisse. Mais il ne disparaît pas. A long terme, il tend à donner une mesure relativement exacte de la valeur des choses.
Par exemple, il y a quelques années, on a trouvé en Angleterre une cache d’objets en or qui étaient enterrés depuis 1 300 ans. Les objets avaient une immense valeur historique, bien entendu, mais l’or avait aussi encore une valeur monétaire.
A l’époque, ils n’avaient pas d’iPhones ou de F-150, de sorte qu’il est difficile de comparer le pouvoir d’achat – mais quiconque a enterré cet or était sans doute riche. Quiconque l’a déterré était désormais riche aussi.
A l’inverse, nous doutons qu’une personne découvrant une cache de dollars ou d’euros en l’an 3300 aura le sentiment d’avoir trouvé un vrai trésor.
Le prix en or des actions américaines, sur une période de 50 ans, nous dit qu’elles ne sont pas aussi précieuses que le pensent les investisseurs… et que l’économie n’est pas aussi « super » que le pense Donald Trump.
Cependant, les marchés et les économies sont, après tout, encore cycliques. Ils montent et baissent, comme les marées.
La marée était à son plus haut lorsque Le Donald a posé son ample postérieur sur les coussins du Bureau ovale. Les républicains ont ensuite ouvert les vannes en grand avec leur baisse d’impôts de Noël 2017. Mais aujourd’hui, les eaux se retirent.
Les indicateurs économiques clé de septembre étaient tous négatifs. Des ventes au détail aux mises en chantier en passant par tout le reste, la baisse était unanime… pointant vers une récession.
Les chiffres du PIB ne sont pas plus réconfortants. Ils sont passés d’un plus haut de quasiment 5% au deuxième trimestre 2014… à 2,3% au premier trimestre 2017, lorsque M. Trump est arrivé… puis 2% seulement au deuxième trimestre de cette année. La Réserve fédérale de New York prévoit pour sa part un ralentissement à 1,91% au troisième trimestre et 0,92% au quatrième trimestre.
Une récession nous attend sans doute. Les actions chuteront alors certainement… tout comme elles l’ont fait après 2000 puis à nouveau après 2007.
La gloire… ou la destruction ?
Les marchés et les économies inspirent et expirent. Ils se développent… et se contractent.
M. Trump a probablement commis une grosse erreur en s’attribuant le mérite des derniers trimestres d’expansion. Il n’a pas causé la hausse – et maintenant, il pourrait être accusé de la baisse… qu’il ne causera pas non plus.
Ce qui nous amène à la partie intéressante. Sous les vagues de la surface, de profonds courants emmènent encore les peuples, les nations et des civilisations entières vers la gloire… ou la destruction. Et là, tout au fond, qu’est-ce que M. Trump a accompli ? A-t-il accompli quelque chose, en fait ?
Nous sommes d‘avis que les années qui viennent ne révéleront pas le « potentiel de hausse ENORME » qu’anticipe M. Trump. Nous voyons plutôt des peaux de bananes sur lesquelles glisser… des trous dans lesquels tomber… et des tentations qui deviendront vite irrésistibles.
A suivre…