Par Matt Insley
▪ Une plaisanterie circulait dans les bureaux la semaine dernière. Elle commençait ainsi : « et si le gouvernement américain imprimait 1 000 MILLIARDS DE DOLLARS par an pour relancer l’économie ? Ce serait fou, non ? »
1 000 milliards. Soit plus que le renflouage de 2008, et assez pour remettre à flot toute économie languissante…
Prêt pour la chute ?
Après vous être gratté la tête, vous réaliserez que les Etats-Unis impriment déjà 1 000 milliards de dollars par an !
Trêve de plaisanterie : la politique d’argent facile de la Fed a un effet direct sur les marchés sur lesquels nous investissons au quotidien. Après tout, on ne peut pas juste continuer à imprimer des dollars sans recours, n’est-ce pas ? Et il suffit d’un coup d’oeil pour se rendre compte que le billet vert a des problèmes alors que les marchés financiers continuent leur hausse historique.
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Le dollar US est à la hausse depuis la mi-2011.
▪ Quoi ?!? Le dollar à la hausse ?
Avec tout l’assouplissement quantitatif (QE) et les politiques monétaires ultra-souples que la Fed met en oeuvre, votre correspondant est stupéfait de la vigueur du dollar US. Son statut actuel pourrait être comparé à celui d’une économie insulaire fonctionnant avec des coquillages. Chaque mois, « l’ouragan Bernanke » s’abat sur l’île et dépose des milliards de nouvelles coquilles sur l’île. Comment une devise peut-elle garder sa valeur à ce rythme ?
Sauf que c’est exactement ce que fait le dollar ! Tel est le pouvoir d’une économie mondiale en mauvais état. Quand on le compare aux alternatives, le dollar US est clairement vainqueur. Préférerait-on avoir des euros, des yuans ou des yens ? Pas du tout !
Non seulement le dollar US était clairement gagnant dans la course mondiale à la sécurité, mais l’économie américaine est plutôt en forme. Ce n’est pas surprenant : quand un pays tire des matières premières inattendues de son sol (le gaz et le pétrole de schiste) et que son secteur industriel peut utiliser ces matières premières à son avantage, cela fait du bien à l’économie. Cela aussi soutient le dollar.
Ainsi, depuis ces deux dernières années, même avec le QE, les Etats-Unis ont une devise « meilleure que les autres » et une économie qui commence à aller mieux — ce qui a été très positif pour le dollar.
Malheureusement pour le billet vert, le flux de facteurs bénéfiques commence à se retirer. D’autres économies dans le monde reprennent du poil de la bête. Si l’on tient compte de tout ça, le dollar n’est plus aussi fort en comparaison.
Qui plus est, il commence à ressentir la pression écrasante de la politique monétaire ultra-souple de la Fed.
▪ Et l’inflation ?
Je ne vois pas très bien comment sortir de ce scénario sans des niveaux d’inflation implacables. La Fed ne s’inquiète pas de l’inflation, au passage. Le président et son successeur sont plus intéressés par le fait de s’assurer que les ficelles qu’ils tirent fassent bien danser la marionnette.
Et le dollar va danser. A la baisse. Dans le même temps, au rythme de 1 000 milliards de dollars par an, les stimulants de la Fed ont un effet direct sur les marchés financiers.
Un coup d’oeil au S&P 500 vous apprendra que les manoeuvres de la Fed, associées à des perspectives économiques positives, ont fait grimper le baromètre boursier vers de nouveaux sommets.
Le marché grimpe en flèche depuis des années. Et même si l’on peut attribuer une partie de cette ébullition à une reprise économique, elle est majoritairement due à « l’ouragan Bernanke ».
Le marché grimpe soit à cause des attentes de relance soit parce que la relance elle-même gonfle déjà les prix. D’un côté comme de l’autre, tant que la relance continue, le marché grimpera. Et aussi loin qu’on puisse voir, la relance sous une forme ou sous une autre va continuer.
Quelle conclusion en tirer pour vos investissements ?
Il n’y a pas grand’chose à en dire aujourd’hui sinon que le dollar commence tout de même à ressentir de la pression. Le gouvernement américain continue à dépenser — et pour contrôler sa dette, il va devoir continuer à imprimer. Cela signifie de bonnes choses pour les matières premières et les actifs tangibles dont nous vous parlons souvent.
C’est toujours la saison des ouragans sur cette île !