▪ Il ne s’est pas passé grand-chose sur les marchés hier… alors parlons de choses plus importantes.
Notre ami Dylan Grice, analyste à la Société Générale, déclare que jamais depuis le début de sa carrière il n’a été plus inquiet pour l’avenir.
Il ne craint pas uniquement la panne du système financier, mais également un effondrement de la société dans son ensemble. « La dévaluation monétaire mène à la dévaluation sociale », dit-il.
Nous pensions que la société était déjà bien assez dévaluée, mais Dylan pense que les choses empireront. Une fois qu’on commence à prendre des libertés avec la monnaie, les gens commencent à prendre d’autres libertés. Quand la population ne peut plus faire confiance à la devise, la confiance dans la société tout entière… et les uns dans les autres… commence à s’effriter.
Lorsque les autorités commencent à tricher sur la monnaie… tous les autres s’y mettent aussi. Voici ce qu’en dit Bloomberg :
« Près de 2 400 personnes ayant bénéficié d’allocations chômage en 2009 faisaient partie de foyers dont les revenus annuels se montaient à un million de dollars ou plus, selon le Service de recherches du Congrès [américain] ».
« Ce rapport a été publié après qu’environ 1,1 million de personnes sont arrivées au bout de leurs allocations chômage durant le deuxième trimestre 2012 […]. Il est envisagé de supprimer de tels paiements aux personnes à hauts revenus, alors que les régulateurs américains tentent de contrôler un déficit estimé à 1 100 milliards de dollars pour l’exercice fiscal prenant fin le 30 septembre, avec un taux de chômage national à 8,1% ».
« […] Les 2 362 personnes dans ces foyers millionnaires représentent 0,02% des 11,3 millions d’Américains ayant déclaré des allocations chômage en 2009, selon le rapport d’août. 954 000 autres ménages gagnant plus de 100 000 $ durant le pire ralentissement économique depuis la Grande Dépression ont également déclaré avoir reçu des allocations chômage ».
▪ Il y a quelque chose de pourri au royaume d’Occident
Nous ne critiquons personne. Au fond d’eux-mêmes, les gens ne sont pas vraiment plus avides ou plus corrompus aujourd’hui qu’ils l’étaient auparavant. Mais désormais, c’est le système tout entier qui a viré à l’aigre.
Lorsque la monnaie devient factice, tout le reste suit. Dylan Grice :
« Je suis plus inquiet que jamais au sujet des nuages qui s’amassent aujourd’hui (ce qui pourrait être le plus parfait indicateur contrarien qu’on puisse espérer…). J’espère qu’ils passeront sans tempête, mais je crains que les prochaines décennies ne soient caractérisées par un Grand Désordre de la sorte de ceux qui ont défini des époques et marqué des générations entières ».
Vous voulez plus de preuves de « dévaluation sociale » ? Dylan écrit :
« Les 99% accusent les 1%, les 1% accusent les 47%, le secteur privé accuse le secteur public, le secteur public le lui rend bien… les jeunes accusent les vieux, tout le monde accuse les riches… mais bien peu remettent en question les idées qui sous-tendent le gouvernement ou les banques centrales »…
Nous avons vécu la plus grande hyperinflation de crédit de l’histoire, dit-il. Comme nous l’avons souligné à maintes reprises, ce programme est essentiellement un programme de transfert… pour faire passer les actifs des classes moyennes vers les riches.
Nous avons déjà parlé des camps en Union soviétique. La nourriture faisait office de devise, là-bas. Plus on était proche de la source de nourriture, plus on avait de chances de survie. Même lorsque les rations étaient censées être adéquates pour tout le monde, quand elles parvenaient aux personnes les plus éloignées des cuisines, elles ne suffisaient plus. Des millions de personnes sont mortes ainsi.
A présent, ce sont les banques centrales et les gouvernements qui distribuent la nourriture. Naturellement, ceux qui sont le plus proches de ces institutions — les initiés, les as de la finance, les soutiens de campagne… et les riches plus généralement — obtiennent les plus grosses portions. Tout ça est ensuite censé couler vers le reste de la société. Mais ça n’arrive jamais.
Keynes lui-même reconnaissait cet effet. Voilà ce qu’il en disait :
« Par un processus d’inflation continu, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et en cachette, une part importante de la richesse de leurs citoyens. Par cette méthode, non seulement ils confisquent, mais ils confisquent de manière arbitraire ; et quand bien même le processus appauvrit beaucoup de gens, quelques-uns s’en trouvent tout de même enrichis ».
Cette inflation monétaire… cette inflation du crédit (on n’est pas encore à des niveaux élevés d’inflation des prix à la consommation — du moins pas officiellement) fait passer l’argent vers les actionnaires et les investisseurs obligataires. Les classes moyennes n’ont pas progressé, en termes de revenus ou de valeur nette, depuis près de 20 ans. Et le nombre de pauvres augmente… avec une quantité sans précédent d’Américains bénéficiant de bons alimentaires.
Ce n’est pas là le genre de choses qui nourrit la cohésion sociale ou le bonheur commun. Cela cause plutôt du ressentiment, de l’envie… et de la tricherie de masse.
Préparez-vous.
3 commentaires
Je ne comprends pas très bien pourquoi vous êtes offusqué que des millionnaires touchent une indemnisation quand ils perdent leur emploi. Le chômage étant une assurance contre un risque, rien de plus normal. Vu qu’ils ont versé les cotisations, ce serait le contraire qui serait scandaleux. A moins que vous ne pensiez qu’on doit forcer les riches à s’assurer contre les accidents de voiture ou l’incendie de leur maison, mais ne jamais les indemniser quand le risque se réalise parce qu’ils sont riches ?
Très bon article, qui met bien en évidence la question fondamentale qu’est la confiance en un système économique et financier, qui affecte par conséquence, la confiance entre les êtres humains.
Récemment, j’ai écris un article sur les deux fondements que j’ai trouvé à la base de la création de la monnaie (à partir d’articles sur la monnaie régalienne que sont les monnaies officielles des états) et qui peuvent être et sont appliquées par les monnaies libres et complémentaires, qui apportent de nouveaux moyens de financement, là où le système financier actuel est inefficient ou auquel il ne s’intéresse pas, du fait d’un d’ésintérêt pour les projets ou le contenu des activités, qui pourraient avoir un impact économique et social ou par une rentabilité financière qui n’intéresse pas le secteur financier.
Pour votre information, je vous mets le ien verscet article :
http://www.reseaufing.org/pg/blog/daniel.maniscalco/read/74789/confiance-et-engagement-dans-une-monnaie-libre-et-complmentaire
Bernard Lietaer, auteur du livre Au coeur de la monnaie, paru aux éditions yves michel écrit dans un livre blanc intitulé « Toutes les options pour gérer une crise bancaire systémique » explique fort bien que la résilience pour sortir de ces crises à répétition repose sur une diversité et une complémentarité de monnaies libres et complémentaires.
Sources :
http://www.yvesmichel.org/yves-michel/espace-economie-alternative/au-coeur-de-la-monnaie
http://www.lietaer.com/images/Livre_Blanc_Sur_la_crise_bancaire_syst_mique.pdf
La confiance doit se retrouver par une intention et un engagement éthique qui soit respectueux des intérêts légitimes des acteurs et agents économiques et sociaux. Telle est la conclusion logique à laquelle je suis arrivé en étudiants les fondamentaux de la monnaie : confiance, intention, engagement.
Ne pas le prendre en compte et l’appliquer dans le système économique et financier actuel revient à détruire la confiance sociale entre les êtres humains, ce que certains pourraient appeler un crime contre l’Humanité, une mise en esclavage économique et financière qui « siphonne », comme me l’a dit un jour un banquier d’affaires, ce que vous nommez pudiquement « transfert » les richesses et actifs vers les personnes physiques et morales, déjà riches.
Si ce système de prédation atteint un paroxysme insoutenable, je pense que les citoyens-consommateurs créeront de nouveaux systèmes économiques et financiers pour sauvegarder leurs intérêts légitimes.
Cordialement,
Daniel Maniscalco
Au moins dans votre rubrique vous avez le grand bonheur d’être libre de vos pensées.
Quel privilège !
Bravo, cela s’appelle aussi de l’honnêteté.
Une denrée devenue rare. Bien trop rare.
A quand l’explosion ?
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