** Le secteur des mines d’or est à nouveau attractif, pour deux raisons principales. La première est en rapport avec une vision d’ensemble de la situation. La deuxième implique l’économie sous-jacente de l’exploitation de mines d’or, qui sont attractives même si le prix de l’or ne bouge pas.
– En ce qui concerne la première, je serai bref, parce que selon moi, ce n’est pas la raison la plus intéressante d’acheter des actions aurifères, même si c’est celle dont tout le monde ne cesse de parler. Il s’agit du fait que le gouvernement américain dépense de l’argent comme si demain n’existait pas, ce qui va inévitablement mener à l’impression de beaucoup de billets (c’est-à-dire de l’inflation) et donc à une augmentation du prix de l’or. C’est vrai : on ne pourrait pas imaginer meilleur scénario pour l’or que celui qui se déroule actuellement.
– Même certains des adeptes de l’analyse par la valeur — généralement plongés dans les notes de bas de page de leurs entreprises préférées, plutôt qu’en train de spéculer sur le prix de l’or — sont attirés par le métal jaune. De fait, certains s’en excusent même. "Nous n’aurions jamais pensé acheter un jour de l’or ou des actions aurifères", écrit David Einhorn dans sa dernière lettre trimestrielle aux actionnaires de Greenlight Capital.
– Il parle de son grand-père, qui était un grand fanatique de l’or et qui, pendant les 30 dernières années de sa vie n’a acheté que de l’or et des actions aurifères. Depuis l’âge de 10 ans, Einhorn a entendu des mises en gardes de la part de son grand-père sur les ravages de l’inflation et les dangers de la presse à billets du gouvernement. Et bien évidemment, pendant la plus grande partie de ces 30 années, l’or était un mauvais investissement. "Etre patient est une chose", écrit Einhorn. "Avoir tort pendant trois décennies en est une autre".
– Aujourd’hui, Einhorn admet qu’il voit les idées de son bon vieux Grand-Papa se concrétiser. Il achète de l’or et pose des options call sur un panier de minières aurifères.
** Au-delà des perspectives macroéconomiques, il y a cependant une raison bien plus intéressante d’acheter des actions aurifères en ce moment. Tout d’abord : le prix des exploitants de mines d’or en tant que groupe a perdu plus de 20% l’année dernière, même si le prix de l’or s’est maintenu. Ajoutez à cela une baisse des coûts d’exploitation en 2009 et vous avez la recette de revenus explosifs.
– Comme le signale l’analyste aurifère John Doody, le pétrole représente près de 25% des coûts de fonctionnement d’une mine. Les exploitants de mines d’or utilisent énormément d’énergie pour faire fonctionner leurs grosses pelles et leurs tombereaux, et pour extraire l’or. Le prix du pétrole, vous n’avez pas besoin qu’on vous le rappelle, s’est effondré. Il a chuté de plus de 70% par rapport à son niveau de juillet. Pendant les trois premiers trimestres de 2008, les exploitants de mines d’or devaient se débrouiller avec un pétrole à 118 $ le baril en moyenne. Sauf énorme rebond du pétrole, les exploitants de mines d’or vont récupérer une belle somme grâce à la baisse du pétrole. Au moment où j’écris, le pétrole est à 36 $ le baril.
– Non seulement les exploitants de mines d’or vont tirer avantage d’un pétrole plus bas, mais les devises des pays producteurs d’or ont chuté face au dollar. Cela signifie que leurs coûts en dollars sont encore plus bas aujourd’hui. Pensez un instant aux endroits d’où vient l’or. Au milieu des années 90, quatre pays dominaient la production d’or et produisaient plus de la moitié de la production mondiale. Il s’agissait alors du Canada, de l’Australie, de l’Afrique du Sud et des Etats-Unis. Mais en 2006, ces quatre producteurs n’ont plus fourni qu’un tiers de la production mondiale. Aujourd’hui, la Chine produit beaucoup d’or, tout comme le Pérou, le Mexique, le Chili et des pays d’Afrique (selon le livre de Frank Holmes The Goldwatcher).
– La plupart des actions aurifères ont aujourd’hui des capitaux dans des pays où la devise chute face au dollar. Comme le dit Doody : "toutes les devises des pays riches en matières premières — le dollar canadien, le dollar australien, le rand sud-africain, le réal brésilien, le peso mexicain — ont chuté de 20% à 40%. Quand vos coûts d’exploitation minière dans ces pays sont transcris en dollars américains, ils sont donc plus bas de 20% à 40%".
– Ces deux facteurs — la chute du pétrole et l’effet des devises — signifient que les bénéfices sur l’or devraient être plus hauts en 2009 qu’en 2008, même si le prix de l’or ne bouge pas.
– J’ajouterai une raison supplémentaire de se tourner vers les actions aurifères : Elles s’en sont plutôt bien sorties pendant la première Grande Dépression. Et l’histoire se répète parfois. Même à leur prix le plus bas en 1933, les actions d’Alaska Juneau Gold Mining et Homestake Mining étaient toujours bien au-dessus de leurs niveaux les plus élevés de 1929. Et en 1933, à leur prix le plus élevé, elles étaient respectivement plus hautes de 230% et 300%.
– Bernard Baruch était actionnaire principal chez Alaska Juneau. C’était sa plus grosse participation en 1931. Baruch était un vieux trader et un investisseur plein de jugeote. Il savait où aller pour trouver de quoi se mettre sous la dent après le New Deal de Roosevelt. Il s’attendait à la dévaluation du dollar et à l’augmentation du prix de l’or.
– En effet, l’or a augmenté, et les actions aurifères en ont fait autant. "Baruch a récupéré d’importants bénéfices", écrit son biographe James Grant, "parce qu’il avait acheté des actions et des lingots".
– Le plan de relance d’Obama ressemble beaucoup au New Deal de Roosevelt. Et s’il s’agit –comme je le pense – du plus grand test financier auquel nous avons dû faire face depuis la Grande Dépression, alors les actions aurifères pourraient faire partie de ces quelques actions qui battront de nouveaux records en 2009.