Il y a la dette… et le mythe de la dette – très utile pour maintenir un ordre social qui profite toujours aux mêmes…
Les dettes ne seront jamais remboursées, disions-nous vendredi. Le mouvement d’accumulation des dettes est à sens unique. Un seul sens : toujours plus, jusqu’au bout.
Pour qu’il en soit ainsi, il faut modifier la théorie, la nature de la monnaie, changer les réalités derrière les dénominations ; il faut inventer ce que l’on sait depuis la nuit des temps, à savoir qu’en avilissant en continu la monnaie, on peut pendant très longtemps produire des dettes et faire croire qu’elles sont remboursables.
On peut, grâce au fétichisme de la monnaie, faire croire que tout est toujours solvable et que tout se réduit à des questions de liquidités temporaires. Pour cela, on peut compter sur la naïveté des peuples et la corruption des pseudo-élites qui les représentent.
Comme toute situation historique, la présente est contradictoire, antagonistique. Il faut en même temps créer des dettes en quantité illimitée et perpétuelles… et faire croire aux peuples que ces dettes, il faudra les rembourser.
Il faut en même temps affirmer l’infini de la dette… et sa rareté, ses limites !
C’est un tour de force que de se sortir de cette situation entre le marteau et l’enclume : pratiquer l’endettement infini, illimité et éternel tout en faisant croire au peuple que la dette impose ses contraintes et ses limites et que, par conséquent, il doit se serrer la ceinture.
La fonction de la dette
Comprenez bien : il faut maintenir le mythe que la dette se rembourse car grâce à ce mythe on impose l’austérité aux travailleurs. C’est la fonction de la dette que de permettre d’imposer la discipline aux peuples.
Nous sommes en pleine Théorie monétaire moderne (TMM), où les déficits n’ont plus d’importance, mais il ne faut surtout pas le reconnaître. Les déficits n’ont plus d’importance, ils sont monétisés à l’infini. Rendez-vous compte, si le peuple demandait à en bénéficier lui aussi, comme le gouvernement et les ultra-riches !
J’ai expliqué/démontré régulièrement que l’argument de la dette est utilisé pour renforcer la paupérisation et la régression du peuple. La dette en tant qu’argument, c’est l’autre visage –caché – de la contrainte de profit imposé par le capital.
Regardez le cas français : pour tenter de reconstituer le taux de profitabilité du secteur entreprises-capital de la France, que disent les politiciens ? « Vous vivez au-dessus de vos moyens, nous avons trop de dettes, il faut rogner, réduire, toutes les dépenses directes et indirectes qui pèsent sur le taux de profit. »
Dans le nouveau régime monétaire, on crée de l’argent sans contrepartie pour financer les dépenses et les déficits… mais il ne faut pas que cela se sache, car le peuple dirait « et moi, et moi ? » et il voudrait sa part également.
Il y a une autre raison pour laquelle il faut maintenir le mythe du remboursement des dettes : la perpétuation de l’ordre social dont bénéficient les élites, les ploutocrates et les porteurs du capital fictif.
Il faut maintenir la pression sur le peuple. Il est nécessaire, pour que le système survive, de maintenir le peuple dans le servage de la dette – la sienne ou celle de son soi-disant gouvernement.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]