La guerre, l’inflation et le chemin vers le cimetière des empires…
Pour rendre la vie des observateurs cyniques de la politique et des marchés plus intéressante, Robert F. Kennedy Jr. se présente à l’élection présidentielle américaine. Il représente la première menace pour l’agenda bipartisan de l’empire, en place depuis plus d’un demi-siècle.
Reste à voir à quel point ce défi sera difficile. Mais à en juger par les efforts déployés pour le discréditer, l’élite ne prend aucun risque de lui laisser une chance.
Commençons par planter le décor. Voici le dernier rapport du comité pour un budget fédéral responsable :
« Le déficit était de 2 100 Mds$ l’année dernière […] en hausse de 50% par rapport au déficit de 1 400 Mds$ de dollars de l’exercice 2022 et plus de deux fois plus important que le déficit avant le début de la pandémie.
Le déficit glissant sur 12 mois est également supérieur de 170 Mds$ à ce qu’il était le mois dernier, en raison d’un déficit de 236 Mds$ en mai 2023, contre 66 Mds$ en mai dernier. Par rapport à l’année dernière, les dépenses nominales totales ont augmenté de 11% pour atteindre 6 600 Mds$ et les recettes ont diminué de 6% pour atteindre 4 500 Mds$.
Proportionnellement à l’économie, les déficits équivalent à 8,1% du produit intérieur brut (PIB) sur l’année écoulée, soit plus de trois fois la moyenne historique de 2,5% et trois points de pourcentage de plus qu’en 2019. »
Guerre et inflation
Au moins la moitié de ce déficit provient de la chose qui fait le plus de mal aux Américains : le maintien de l’empire. RFK Jr propose de réduire son ampleur.
Il est « fou », rapporte HotAir. C’est un « excentrique », selon Slate. Le Daily Beast parle de sa « folie ». « Des théories conspirationnistes farfelues », écrit Cleveland Magazine.
Voici ce que nous dit Robert Reich, ancien secrétaire d’Etat au travail, qui se trompe systématiquement sur tout :
« Sans son nom illustre, Robert F. Kennedy Jr. ne serait qu’un fêlé de plus parmi le nombre croissant de politiciens d’extrême droite, qui briguent de hautes fonctions. »
Même sa propre famille affirme que Kennedy a « tragiquement tort »… selon Politico.
Nous ne doutons pas que RFK Jr. se trompe sur beaucoup de choses, mais nous doutons aussi qu’il se trompe sur tout… et peut-être qu’il n’a pas tort sur la nature de la menace la plus évidente qui plane sur les Etats-Unis. Et comme nous avons un faible pour les irréductibles, les causes perdues et les outsiders, nous allons regarder tout cela de près.
Hemingway a écrit que « la première panacée pour une nation mal dirigée est l’inflation monétaire, la seconde est la guerre. Les deux apportent prospérité temporaire et destruction indélébile. »
Nous ne sommes pas certains qu’Hemingway les ait placées dans le bon ordre. Parfois, la guerre mène à l’inflation. Parfois, c’est l’inverse. Mais les deux ont tendance à aller de pair, comme les rats et la peste, jusqu’à ce qu’un pays soit réduit à néant.
Des idées farfelues
Nous ne faisons aucune prédiction. Ce n’est qu’une simple déduction de la réalité. Les dépenses liées au maintien d’un empire… ainsi que les mesures illusoires qui accompagnent sa dégénérescence (sanctions, guerres, barrières commerciales, interdictions, droits de douane) pourraient être plus importantes que ce que nous pouvons nous permettre de payer.
Lorsqu’une nation est attaquée dans le cadre d’une véritable guerre, ses habitants se mobilisent afin de soutenir financièrement leurs « hommes en uniforme ». Mais peu de gens souhaitent utiliser leur argent pour que l’armée puisse attaquer un pays perdu dans une « guerre de choix ».
Peu de gens acceptent de faire grossir les marges bénéficiaires de sociétés comme Raytheon. Et qui voudrait vraiment payer cher pour tuer des Syriens, des Irakiens, des Iraniens, des Serbes, des Somaliens, etc. ? Certains. Mais ils sont peu.
C’est pourquoi les empires ne peuvent pas être financés uniquement par l’impôt : les gens ne veulent pas payer pour leur maintien. Comme presque tous les programmes gouvernementaux, les « guerres de choix » ne sont qu’un racket, destiné à enrichir et à donner du pouvoir à quelques-uns, aux dépens du plus grand nombre. Les élites se tournent donc volontiers vers l’inflation pour les financer.
Ensuite, l’inflation… et l’empire lui-même… suivent leur propre chemin.