Par Bill Bonner (*)
Aujourd’hui, nous tournons notre regard vers les anciennes "républiques bananières", en partie pour y trouver des opportunités… et en partie pour nous instruire.
Du côté des opportunités, nous trouvons des sociétés ayant peu de dettes et un potentiel immense. Ce n’est pas exactement un marché vierge — mais plutôt un marché qui aurait passé les cinq dernières années dans un centre de détention pour femmes ; il a juste besoin d’une nouvelle robe et d’un petit verre.
Mais d’abord, c’est l’heure de la leçon :
Accumuler des déficits gigantesques et emprunter de l’argent à l’étranger ? "Sì, on a essayé ça…" Essayer de stimuler une économie saturée de dettes en imprimant plus d’argent ? " Sì, ça aussi". Secourir les banques… distribuer de l’argent aux gens… accorder des faveurs à ses amis et aux sponsors de campagne ? "Tout le monde ne le fait-il pas ?"
L’Argentine a essayé quelques autres astuces, également — comme par exemple verrouiller les portes des banques… déclarer la guerre à l’Angleterre… et créer une toute nouvelle devise. Le taux d’inflation y a déjà dépassé les 1 000%. Le Nicaragua a fait intervenir les sandinistes, et mis l’économie en marche arrière pendant une décennie entière. Le Pérou a pensé qu’un président japonais pourrait lui apporter un peu de la magie de Japan, Inc…. avant de le forcer à chercher asile dans son ambassade. Des hommes forts… des juntes… des révolutions… des démocraties de foule… des faillites… des dévaluations… y’a-t-il un truc que les Latinos n’aient pas essayé ?
Mais le monde est un endroit sans queue ni tête. Les nuages de mauvaise gestion qui projetaient autrefois une ombre si dense sur l’Amérique Latine ont migré vers des latitudes plus élevées. Soudain, les républiques bananières semblent des endroits agréables pour votre argent, en plus de vos vacances.
En deux mots : l’Occident a été victime de sa propre bonne fortune ; les républiques bananières ont eu la bonne fortune de la mauvaise fortune. Ces 20 dernières années, par exemple, le monde s’est précipité pour prêter de l’argent aux Etats-Unis. Au nord du Rio Grande, le crédit était aussi abondant que les calories. Mais lorsque les prêteurs visitaient les tropiques, ils cachaient leur argent dans leurs sous-vêtements, et laissaient leur montre dans le coffre de l’hôtel. Notre homme à Rio transpirait en comptant sa monnaie. Notre homme à New York jetait l’argent par les fenêtres et achetait une maison à cinq millions de dollars… plus une autre en guise d’investissement.
Dans les zones où l’on doit allumer la climatisation, on ne trouvait personne à qui emprunter. Les résidents des républiques bananières se sont vu épargner le hameçon de la dette, grâce à un accord quasi-unanime entre les prêteurs du reste du monde, qui ne voulaient pas leur donner un centime.
A présent, la majeure partie de l’Occident est prise dans le piège de la dette, tandis que les Latinos parcourent leurs avenidas sans un seul souci ou presque. Le prix du soja est à des sommets historiques… tandis que leurs bilans comptables présentent certains des ratios d’endettement les plus bas au monde.
Nous reviendrons dès demain à la partie "opportunités"…
Meilleures salutations,
Bill Bonner
Pour la Chronique Agora
(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et "L’Empire des Dettes".