▪ Coton… argent… palladium… nickel… maïs…
Qu’ont toutes ces choses en commun ?
Réponse : ce ne sont pas des dollars. Ni des euros, ni des renminbi ni des roupies… ni aucune autre monnaie que les banquiers centraux du monde entier sont en train de déprécier de façon agressive.
"Il n’y pas que notre Réserve Fédérale qui veuille détruire sa monnaie", fait remarquer Chris Mayer, rédacteur de la lettre d’information Capital & Crisis. "Il semble que tout le monde le fait". Comme l’a récemment observé Eric Sprott, un grand investisseur originaire du Grand nord canadien, dans sa lettre Markets at a Glance :
"Selon notre décompte, pas moins de 23 pays sont déjà intervenus sur le marché des changes d’une façon ou d’une autre depuis le 21 septembre 2010. Leur objectif : augmenter la quantité en circulation de leur monnaie papier afin d’en faire baisser la valeur".
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"Cependant, les investisseurs ne sont pas idiots — du moins pas toujours. C’est pourquoi les actifs réels montent en flèche".
Le graphique ci-dessus est très révélateur. Les matières premières, en tant que classe d’actifs, sont devenues des quasi-monnaies. De l’or au café en passant par le bétail, les matières premières de tous types ont vu leur cours augmenter depuis que la Réserve fédérale a publiquement déclaré la guerre à la déflation. Le Général Bernanke a juré de mener cette guerre de façon agressive en utilisant une tactique appelée quantitative easing (assouplissement quantitatif.)
La guerre est engagée depuis plusieurs mois mais la victoire se fait attendre. Pire, le champ de bataille est jonché de vestiges de billets de dollars qui autrefois semblaient si puissants et pleins de potentiel.
Au vu des résultats de cette campagne, les investisseurs ont de plus en plus peur de prendre parti pour le dollar américain. Au lieu de cela, ils préfèrent confier leur sécurité à l’or, à l’argent, au platine et à d’autres matières premières. C’est ainsi que la plupart des principales matières premières a surperformé le rendement de 8,8% du S&P 500 depuis le début de l’année. Seuls le zinc et le cacao sont à la traîne.
Dans un monde où chaque grande monnaie papier est suspecte, l’or est une alternative séduisante. Mais il n’est pas la seule alternative. Autres réserves de valeur fiables, une balle de coton ou un boisseau de blé semblent également préférables aux monnaies papier.
▪ "Et, comme si [les matières premières] avaient besoin d’une raison supplémentaire de remonter, la Chine parie sur les marchandises plutôt que sur le papier", observait cette semaine notre collègue Joel Bowman.
Selon Barron’s, "cette année, pour la première fois, la Chine a plus investi à l’étranger dans des actifs tels que le fer, le pétrole et le cuivre que dans des bons du Trésor US".
"Au cours du premier semestre, la Chine a dépensé 31 milliards de dollars en actifs tangibles", continue le journal, "comparé à 23 milliards de dollars en bons du Trésor US et en autres titres gouvernementaux. Les experts affirment que les investissements de la Chine dans chacune de ces catégories d’actifs vont atteindre un total de 55 milliards de dollars pour l’année complète. Mais même une infime partie de cette somme serait quand même signe d’un renversement radical par rapport à ce que pratiquait la Chine auparavant. Depuis de nombreuses années, l’Empire du Milieu n’a presque rien dépensé en actifs tangibles à l’étranger, alors que ses achats de la dette gouvernementale américaine s’élevaient à près de 100 milliards de dollars par an".
Les goûts et les habitudes monétaires — tout comme les goûts et les habitudes culinaires — ne changent pas du jour au lendemain. Mais une fois que ces habitudes comment à changer, elles reviennent rarement à ce qu’elles étaient. Le Général Bernanke serait bien mal avisé d’ignorer cette tendance du comportement humain.
McDonald a ouvert son premier restaurant en Chine en 1990 — essayant de vendre des hamburgers à des mangeurs de riz et de poulet. Vingt ans plus tard, 1 100 restaurants McDonald parsèment le territoire chinois… et 1 000 de plus ouvriront d’ici 2014. Les goûts changent rarement rapidement mais lorsqu’ils changent, ils le font vraiment.
Les Chinois, les plus grands acheteurs au monde de la dette fédérale américaine, sont lentement en train de changer leurs goûts et habitudes monétaires — préférant des actifs plus concrets au papier US. De même, les marchés mondiaux de matières premières nous disent clairement que beaucoup, beaucoup d’investisseurs dans le monde changent eux aussi leurs goûts et leurs habitudes monétaires — préférant également les actifs tangibles au billet américain.