** De plus en plus d’indicateurs suggèrent qu’une sorte de découplage est en train de se produire. En d’autres termes, la nouvelle économie d’Extrême-Orient (et, dans une moindre mesure d’Amérique Latine et d’Afrique) se sépare de la vieille économie de l’Europe et d’Amérique du Nord.
* Prudential Insurance, le plus grand assureur de Grande-Bretagne, déclare que les ventes asiatiques représentent désormais plus de la moitié de l’activité. La société peut se développer, soulignent-ils, même si les revenus d’Europe et d’Amérique du Nord sont en baisse.
* Pendant ce temps, notre collègue Manraaj Singh nous annonce que les derniers chiffres de la croissance chinoise masquaient un aspect encore plus important. Le chiffre qui fait les gros titres — un PIB en hausse de plus de 10% — est à couper le souffle. Mais il y a plus intéressant : cela se passe alors que les exportations vers les pays développés ralentissent. C’est-à-dire que la croissance est nourrie par la demande interne, non par les achats étrangers. Nous ne sommes pas en train de dire que les marchés émergents peuvent se passer de leurs clients du Vieux Monde — c’est juste qu’ils n’en ont plus autant besoin.
** Notre expert de l’Inde, Ajit Dayal, nous a rendu visite la semaine dernière à Londres. Durant les deux et demi premiers mois de l’année, les marchés boursiers indiens ont été mis à mal — le BSE 200 a perdu 32% de sa valeur. Nous avons regardé les poignets d’Ajit pour voir s’ils portaient des marques de coupure, mais n’avons rien trouvé.
* "Je ne m’inquiète absolument pas", nous a-t-il dit. "La Thèse Indienne est toujours valable. Le PIB indien devrait afficher une croissance moyenne de 6% par an durant les 10 prochaines années. Nos actions devraient fournir aux investisseurs un rendement ajuté au risque de 15% à 20% par an. Cela permettrait à un investisseur de multiplier son capital par cinq ou six sur cette décennie".
* Ajit souligne que même si les valeurs indiennes ont sévèrement chuté, elles venaient d’un sommet vertigineux. Une gigantesque ruée d’argent étranger, en 2007, a envoyé le BSE en orbite. Même après avoir corrigé de 30%, les actions indiennes sont toujours dans le vert sur la période de 12 mois se terminant le 19 mars dernier — à +45%.
* "Regardez chez vous", suggère Ajit. "Vous trouverez peu de choses étiquetées made in India. L’Inde n’a pas gagné grand’chose grâce au boom immobilier américain. Et elle ne souffrira que peu du krach immobilier".
* Ce qui affecte les valeurs indiennes, par contre, ce sont les mouvements de capitaux étrangers. Mais les investisseurs étrangers sont généralement peu investis en actions indiennes, tandis que les investisseurs locaux — en particulier les fonds d’investissement — prennent des positions de plus en plus lourdes.
** Dommage pour les travailleurs. L’ouvrier américain lambda gagne désormais moins que son homologue français — 38 000 $ aux Etats-Unis contre 41 000 $ en France. Selon le candidat présidentiel Barack Obama, les masses de Pennsylvanie sont "amères".
* La Pennsylvanie est un état industriel comptant beaucoup de syndicats. Nous nous rappelons avoir rendu visite à nos cousins de Pennsylvanie dans les années 50. Ils travaillaient dans les sidérurgies au sud de Pittsburgh, et profitaient d’un style de vie luxueux, comparé au nôtre. A l’âge de 10 ans, nous avions l’impression qu’il y avait beaucoup plus d’argent à gagner en travaillant dans les usines de Pennsylvanie que dans les champs de tabac du Maryland.
* Mais les emplois industriels ont atteint un sommet à la fin des années 70… déclare le New York Times, lorsqu’un ouvrier industriel pouvait s’attendre à un salaire de 20 $ l’heure (ajusté aux dollars 2007). Depuis, les salaires ouvriers baissent. Idem pour les salaires horaires en général. A présent, un ouvrier d’usine ne peut plus vraiment espérer un niveau de vie de classe moyenne, rapporte le New York Times, à moins de rapporter 41 600 $ à la maison (soit 20 $ de l’heure environ). Mais moins de 20% d’entre eux y parviennent.