Les Etats-Unis font pleuvoir des milliards sur leur économie mal en point – et tournent le dos précisément à ce qui a fait la grandeur de l’Amérique.
Les autorités américaines ont déjà imprimé des milliers de milliards de dollars dans le cadre de la lutte contre le coronavirus – notamment 350 Mds$ pour les petites entreprises. Et voilà qu’arrivent 500 Mds$ supplémentaires ! Bloomberg :
« Les démocrates et l’administration sont proches d’un accord permettant au Congrès de mettre en place cette semaine jusqu’à 500 Mds$ supplémentaires pour le programme d’aide aux petites entreprises, déjà épuisé, et de fournir de l’argent pour les tests du coronavirus ainsi que pour les hôpitaux débordés. »
Oui, cher lecteur, c’est capitalisme quand ça grimpe… et copinage quand ça chute. Et pour savoir où on en est, il suffit de regarder par la fenêtre.
Le capitalisme a bâti les Etats-Unis. Les gens travaillaient dur. Ils prenaient des risques. Ils gagnaient de l’argent. Ils en perdaient. Les investisseurs… les chefs d’entreprises… les ouvriers… tous s’enrichissaient ensemble. Mais maintenant que les riches ont leur tas d’argent, ils comptent sur leurs amis – les autorités – pour les protéger.
La classe moyenne, pour sa part, est satisfaite aussi… tant que les chèques continuent de tomber.
Elle ne le sait pas – et ne le saura probablement jamais – mais dans cette nouvelle économie de copinage, les riches peuvent encore faire des profits… mais c’est désormais la classe moyenne qui encaissera les pertes !
Tournant fatidique
Le tournant s’est probablement produit aux environs de 1999. A l’époque, l’arbre était magnifique… haut… large… étendant ses branches de la côte est à la côte ouest. Mais les feuilles jaunissaient déjà, et commençaient à tomber.
Maintenant qu’il n’est plus jeune et vigoureux, des écureuils, des insectes et des vers – escrocs, bureaucrates perpétuels, canailles, fripouilles, créatures du marigot, membres du Deep State et toutes sortes de parasites – y ont fait leur nid.
Qui a un emploi, qui a obtenu une bourse, qui a touché des subventions, qui a été renfloué, qui profite de taxes douaniers…
Et puis, après l’an 2000, trois choses sont tombées sur notre arbre comme la hache du bûcheron.
Pour commencer, l’administration de George W. Bush a démarré sa guerre contre la terreur/l’Irak. Le coût à ce stade : plus de 6 000 Mds$, selon de récentes estimations.
Les Etats-Unis avaient-ils 6 000 Mds$ à leur disposition ? Bien sûr que non. Ils n’avaient pas non plus des réserves illimitées de bon sens.
Les Etats-Unis auraient pu accepter avec grâce leur âge avancé, comme le membre civilisé d’une communauté de nations. Au lieu de cela, ils ont décidé de jouer les gros bras et de rejeter les traditions qui avaient fait leur grandeur.
Deuxièmement, l’administration Obama lui a tailladé les racines.
Confrontée à la crise de 2008-2009, elle aurait pu laisser la magie du bon vieux capitalisme opérer… séparant les idiots de leur argent, mettant à bas les mauvais gestionnaires et les mauvais investissements.
Le gestionnaire de hedge fund au 25ème étage aurait pu additionner ses pertes… contempler sa disgrâce et envisager les différentes options. Le capitalisme lui aurait poliment ouvert la fenêtre.
Le copinage, lui, se contente de lui envoyer un chèque. Renflouant le bon, la brute et le truand, l’équipe Obama a ajouté pour 10 000 Mds$ de dette au bilan gouvernemental américain.
Cela a permis à la Réserve fédérale de renflouer ses compères avec 3 600 Mds$ de fausse monnaie et de fragiliser l’économie entière avec des taux de prêts ultra-bas.
Le marché boursier s’est repris… et les riches sont devenus bien plus riches… mais le coup a été presque mortel pour le système capitaliste.
L’essence du capitalisme, c’est la hausse… ET la baisse. Les pertes aussi bien que les profits.
La hausse était parfaite pendant les 200 premières années… mais arrivé au XXIème siècle, c’est la baisse qui effrayait les gens. Ils feraient payer n’importe quel prix à leurs enfants et petits-enfants pour éviter ladite baisse.
En trois vient le coup le plus bas de tous…
M. Trump avait promis de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Dans quel contexte ? Les électeurs ont pris cela pour argent comptant.
Puis, début 2020, un vent féroce – le virus Covid-19 – a commencé à souffler. En quelques semaines, les feuilles restantes avaient été emportées. A présent, les branches nues… pourries et brisées par le copinage… sont exposées, visibles de tous.
Il n’y a quasiment plus signe de vrai capitalisme nulle part. MAGA s’est révélé n’être rien d‘autre qu’un slogan électoral.
Le marigot s’approfondit
Le déficit américain cette année devrait dépasser les 3 800 Mds$ – une somme absolument sans précédent.
La dette US devrait atteindre les 30 000 Mds$ – non pas à la fin de la décennie comme initialement prévu, mais dès la fin 2025.
Et le marigot s’approfondit.
D’après vous, qui recevrait tout l’argent de la corona-relance ? Les créatures visqueuses du marigot, bien entendu – ceux qui ont des lobbyistes pour passer des accords et des avocats pour repérer les failles.
Jeudi dernier, le Wall Street Journal pointait du doigt Ruth’s Chris Steak House :
“Ruth’s Hospitality Group Inc., une entreprise comptant plus de 5 000 salariés, a reçu 20 millions de dollars de prêts non-remboursables le 7 avril, selon une déclaration aux autorités boursières – soit quatre jours après que l’Administration US aux petites entreprises a ouvert les candidatures pour son programme de protection des salaires de 350 Mds$. »
Samedi, Bloomberg précisait :
« Plus d’une dizaine d’entreprises cotées dont les revenus dépassent les 100 millions de dollars, dont Shake Shack Inc., Potbelly Corp. et une chaîne de restaurants tex-mex comptant plus de 10 000 employés, ont reçu des prêts grâce à un programme d’aide massif destiné aux petites entreprises.
Alors que la réserve de prêts de 349 Mds$ pour les propriétaires de petites entreprises est désormais épuisée, un passage en revue des dossiers indique que les chaînes de restaurants et des sociétés travaillant dans des secteurs qui vont des mines à l’industrie en passant par les croisières ont reçu de gigantesques sommes, alors que des entreprises bien plus petites comme les restaurants de quartier et les salons de coiffure n’avaient aucun moyen d’accéder à ces sommes. »
(On a appris il y a quelques jours que Shake Shack rend ses 10 millions de dollars…)
Voyagiste et source magique
Parallèlement, les compagnies aériennes américaines se sont mises en faillite 66 fois depuis 2000.
Par ailleurs, entre 2017 et 2019, les principaux dirigeants de seulement quatre grands « voyagistes » – Ed Bastian de Delta, Doug Parker d’American Airlines, Oscar Munoz de United, and Arnold David de Carnival Cruise Lines – ont empoché 150 millions de dollars de compensation.
Les six plus grandes compagnies aériennes ont dépensé près de 100% de leur trésorerie disponible pour le rachat de leurs propres actions (récompensant ainsi les actionnaires et aidant les cadres à atteindre leurs objectifs de primes) et pour d’autres formes de rémunération versées aux investisseurs et à la direction.
Dans un monde capitaliste, ces entreprises feraient simplement faillite à nouveau. Les actionnaires et les dirigeants grimperaient sur le rebord de la fenêtre. Les avions… le savoir-faire… les actifs… quant à eux, seraient encore là – et passeraient entre des mains plus fortes.
Mais dans l’économie de copinage actuelle, les autorités puiseront à une source magique de finance pour s’assurer que personne n’encaisse de pertes – aussi méritées soient-elles.
La facture du sauvetage est estimée à 6 500 Mds$ pour l’instant… et 500 Mds$ supplémentaires sont en chemin pour les entreprises américaines.
Youpi !
1 commentaire
L’essence du capitalisme d’aujourd’hui et D’HIER ? les profits sont privatisés et les pertes socialisées.
Aujourd’hui plusieurs entreprises s’apprêtent à verser des centaines de millions d’euros à leurs actionnaires : 3,8 milliards pour SANOFI, 697 millions pour VIVENDI, 3,3 milliards pour LVMH, 3,19 milliards pour AXA, 2,3 milliards pour L’OREAL, 357 millions pour MICHELIN, etc. Rien ne les fera renoncer aux dividendes, d’autant que le gouvernement lance une campagne d’intimidation des inspecteur·rices du travail qui essaient de faire leur activité, au mépris des engagements internationaux de la France dans le cadre de l’Organisation internationale du travail. Vivendi s’offre même le luxe d’augmenter de 20% son versement de dividendes, alors qu’il est bénéficiaire du chômage partiel via ses filiale comme Canal + ou Vivendi Village