Par John Stepek
▪ Les quatre mots les plus dangereux en matière d’investissement sont les suivants : « Cette fois, c’est différent ».
C’est là l’une des nombreuses observations judicieuses des marchés de Sir John Templeton. Lorsque les gens commencent à réfléchir sur les raisons qui poussent les marchés à grimper ou baisser éternellement, il est temps de vous positionner dans le sens diamétralement opposé.
Je n’ai pas encore entendu quelqu’un dire « cette fois, c’est différent » en ce qui concerne le marché actuel. L’avertissement de Templeton est bien trop célèbre pour que quiconque n’ose pour le moment le prononcer.
Mais il y a néanmoins une autre phrase ou plutôt une expression qui devrait être ajoutée à la liste des phrases suspectes. Lorsque vous entendrez quelqu’un prononcer les mots : mur d’argent, tsunami de liquidités ou tout autre synonyme faisant référence à la montagne d’argent frais imprimé par les banques centrales, il sera temps de prendre vos investissements sous le bras et de courir vers la porte de sortie d’urgence.
▪ L’expression « Mur d’argent », un signal classique de capitulation
Dans le Financial Times, John gapper observe le réveil soudain du marché des fusions. Deux transactions majeures viennent de faire les gros titres aux Etats-Unis : la première est évidemment celle de Dell reprise pour 24,4 milliards de dollars et la seconde celle de la société Liberty Global qui rachète Virgin Media pour 23,3 milliards de dollars.
Un cadre du secteur expliquait récemment : « une énorme quantité de liquidités disponibles dans les sociétés a été stockée en cash ou parfois même dans des obligations à rendement négatif pour contrer la peur d’un krach. Comme la peur recule, un mur de l’argent se déverse sur les actifs financiers ».
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Ce phénomène, souvent appelé « Grande Rotation », est sur toutes les lèvres ces dernières semaines. En clair, il s’agit d’un tsunami d’argent qui se déverse sur toutes les classes d’actifs, des actions aux obligations au fur et à mesure que la peur des investisseurs s’apaise.
Ce pourrait être une bonne nouvelle, une preuve s’il en faut une que la crise se termine… Pourtant, il y a une petite chose qui me dit que nous devrions tous nous méfier de ce phénomène.
Ce qui me dérange, c’est qu’il s’agit plutôt d’une phrase de capitulation classique. Ce que je veux dire, c’est que cette vague d’argent déferle en général lorsque les marchés grimpent et que personne ne voit de raisons pour que cela s’arrête. C’est le signe que les sceptiques ont été vaincus. Et qu’ils se joignent à la fête au côté des optimistes.
La dernière fois que je me souviens avoir entendu si souvent ce terme, c’était en 2007. Qu’y a-t-il à retenir de 2007 ? Eh bien que les marchés ont atteint des sommets alors qu’il semblait de plus en plus évident que quelque chose ne tournait pas rond !
Les économistes vedettes, les banquiers centraux, les politiciens en charge à l’époque ont prétendu que le krach était un accident que personne n’avait vu venir. C’est probablement le plus gros mensonge de l’histoire des crises financières !
Beaucoup de gens savaient que les choses allaient dégénérer à l’époque. Peu furent aussi convaincus que nous que les marchés allaient dégringoler. Pourtant, si vous discutiez avec les gens qui travaillaient à la City, plus de la moitié savaient que quelque chose de terrible était sur le point de se produire.
Les prix de l’immobilier à travers le monde étaient encore plus obscènes qu’ils ne le sont maintenant. Le prix du pétrole ne cessait de monter. Les banques centrales augmentaient gentiment leurs taux d’intérêt. Des actifs ridiculement risqués se vendaient à des rendements minuscules.
Puis aux Etats-Unis, les prix des maisons ont commencé à baisser, et les marchés obligataires ont commencé à monter en tension.
Il y avait donc beaucoup de raisons de se sentir nerveux. Mais les marchés boursiers ne cessaient de grimper. Les gens jouaient aux devinettes pour expliquer cette ascension — et c’est là que l’argument du « mur d’argent » entra en scène !
A l’époque, la grande muraille de la trésorerie était stockée dans les fonds souverains (vous vous en souvenez ?). Les fonds souverains allaient conquérir le monde, et comme ils étaient gérés par les gouvernements, les prix d’acquisition n’avaient aucune importance.
Bien sûr, en fin de compte des banques occidentales ont fait faillite et les fonds souverains ont utilisé cette masse d’argent pour les renflouer (de manière particulièrement rentable, pour être totalement honnête).
Le fait est, qu’il y a toujours un « mur d’argent » quelque part. Comme l’article de The Economist — paru assez ironiquement en 2007 — le soulignait : « quant à l’argument du mur d’argent, de telles théories ont été entendues auparavant, notamment dans les années 1980 lorsque le Japon a décidé d’investir massivement dans l’immobilier américain… Ces achats furent un désastre pour le pays et un soutien insuffisant pour le secteur immobilier aux Etats-Unis ».
▪ Un « mur d’argent » est déjà en train d’inonder le marché obligataire
Ce que beaucoup de personnes ne comprennent pas c’est qu’un mur d’argent se déverse actuellement sur les marchés actions via les marchés obligataires. Les banques centrales impriment de l’argent en masse puis achètent des obligations à des investisseurs.
C’est une somme d’argent qui ne devrait pas être disponible normalement. Et d’une manière ou d’une autre, l’argent est en train de se frayer un chemin dans toutes les autres catégories d’actifs.
Ainsi, la plus grande menace actuellement, c’est que la Réserve fédérale ou les banques centrales du monde décident de mettre un terme à l’assouplissement quantitatif. La Grande Rotation se gripperait immédiatement alors que les taux d’intérêts grimperaient et que les prix des obligations et des actions s’effondreraient.
Maintenant, je reconnais volontiers qu’il est difficile de voir exactement ce qui pourrait décider le patron de la Fed, Ben Bernanke, à renoncer à sa politique d’assouplissement. Il voit la planche à billets comme la solution à tous les problèmes, après tout.
Mais continuer éternellement n’est pas du domaine du possible. Gavyn Davies, du Financial Times, reprend les propos du professeur Jeremy Stein, un des nouveaux gouverneurs de la Fed, qui s’inquiète publiquement de l’éclatement des bulles de crédit.
Ce dernier rappelle que les quantités importantes d’obligations à rendement élevé (obligations pourries) émises « suggèrent que les marchés sont dopés au rendement ».Il pense donc que la seule solution pour éviter un nouveau krach serait d’augmenter les taux d’intérêt. « Les changements dans les taux peuvent atteindre des coins de marché qui échappent à la supervision et à la réglementation ».
Comment pouvez-vous vous préparer à un relèvement des taux ?
Si vous êtes investi sur les marchés actions, l’essentiel est de vous en tenir à des actifs bon marché — comme les actions japonaises ou européennes. Si vous souhaitez simplement vous protéger, il n’y a qu’une seule et unique solution : acheter de l’or !