Alors que les déficits explosent et que la dette atteint des sommets, l’Etat continue de subventionner massivement les entreprises au nom de la transition écologique et de la croissance future.
Le gouvernement poursuit ses dépenses malgré l’explosion des déficits et la flambée des taux d’intérêt sur la dette.
Plutôt que de réduire les dépenses publiques, il maintient le cap sur les programmes d’aides et de distributions massives.
Des économistes et chefs d’entreprise promettent pourtant un retour de la croissance grâce à ces investissements. Le patron des enseignes E. Leclerc affirme par exemple :
« Il faut investir pour notre croissance : l’éducation, les nouvelles mobilités, la transition énergétique, la transition numérique, la décarbonation, les 2,5 millions de logements sociaux à construire… »
La Banque Publique d’Investissement, au nom de cette « croissance future », distribue ainsi des fonds à des milliers d’entreprises. Sur le dernier semestre, 2 436 entreprises et startups ont bénéficié d’un soutien financier.
Mais en réalité, ces distributions entretiennent le gaspillage et la stagnation du niveau de vie. Elles stimulent artificiellement l’activité à court terme, sans lien réel avec la création de valeur. Les aides et subventions profitent à des acteurs dont la survie dépend davantage de l’Etat que du marché.
Le véritable retour de la croissance, tout comme la réduction du déficit, nécessitent des coupes dans les dépenses et les régulations, non de nouveaux plans d’investissement publics. Le décrochage du continent européen s’explique par un manque d’efficacité : trop d’entreprises et de structures vivent de la redistribution, trop peu de la productivité et de l’innovation.
La solution passe par plus de liberté pour les producteurs et les consommateurs, afin d’optimiser les comportements économiques et de restaurer la création de valeur.
Dans la plupart des cas, les défenseurs médiatiques des programmes publics sont aussi bénéficiaires directs de ces subventions ou de protections contre la concurrence – un conflit d’intérêts rarement évoqué.
Chute de l’éolien : la contre-attaque des profiteurs
Dans le secteur de l’éolien, les nouvelles installations prévues pour 2025 chutent de moitié par rapport à 2024, et tombent au tiers des niveaux observés entre 2021 et 2023. Fait notable : la production d’électricité éolienne baisse de 8 % en 2024, selon les données de RTE, malgré une hausse des capacités installées.
Face à la surproduction d’électricité à certains moments, l’opérateur du réseau RTE multiplie les coupures de production, notamment sur les parcs éoliens. Ces arrêts temporaires visent à éviter la saturation du réseau, lorsque l’offre dépasse largement la demande.
Le graphique ci-dessous illustre cette tendance : les mises à l’arrêt décidées par le réseau concernent presque exclusivement les éoliennes (en turquoise), tandis que le solaire (en jaune) est très marginalement touché.
Faute de demande suffisante, notamment lors des pics de production, la montée en puissance des énergies renouvelables provoque désormais une explosion des mises à l’arrêt.
Le graphique ci-dessous illustre le phénomène : les intermittences de production décidées par les exploitants eux-mêmes se multiplient, lorsque les prix de l’électricité chutent sous zéro euro le MWh. Dans ces conditions, produire devient une perte sèche.
Dans les médias, les principaux bénéficiaires des subventions au secteur des renouvelables plaident pour un renforcement des mesures publiques.
Le groupe Octopus France, courtier en électricité, fait partie de ces acteurs qui profitent directement du système. Intermédiaire dans la vente de l’électricité issue des renouvelables, il tire avantage des dispositifs d’aides et de prix garantis. Son dirigeant défend ardemment les énergies renouvelables dans la presse, notamment à travers des tribunes. Selon lui, le pays aurait besoin de beaucoup plus d’électricité dans les décennies à venir, et l’opposition au secteur serait motivée par un « refus du progrès ».
Dans une tribune publiée dans Les Echos, il écrit :
« A chaque réforme perçue comme progressiste, on retrouve invariablement le même procès, en trois chefs d’accusation : le changement conduirait au résultat inverse de celui espéré, serait inutile, ou nous mettrait en danger. Trois arguments, trois peurs dressées face aux transformations.
Depuis quelques mois, ces trois barricades réactionnaires ont été dressées contre les énergies renouvelables (ENR). »
Pour ces entreprises, le salut du secteur viendrait d’une hausse massive de la demande d’électricité, censée absorber les excès de production. Elles s’appuient notamment sur le scénario du « tout-électrique » mis en avant par le gouvernement.
Le graphique ci-dessous présente les prévisions énergétiques officielles établies en 2021, qui projettent l’évolution de la consommation jusqu’en 2050 : on y observe un recul marqué du gaz, des carburants pétroliers (en gris) et du nucléaire (en jaune), au profit des renouvelables (en rayures), appelées à remplacer progressivement les énergies fossiles et atomiques.
Le média spécialisé Transitions & Énergies détaille les failles du scénario gouvernemental du « tout-électrique » :
« La PPE3 [le dernier plan énergétique du gouvernement français] repose sur des hypothèses de consommation électrique totalement irréalistes établies à Bruxelles. Avec 15 millions de voitures électriques en 2035, quand seuls 300 000 véhicules ont été écoulés au cours des deux dernières années. La réindustrialisation du pays tandis que, depuis dix ans, la consommation électrique de l’industrie ne cesse de chuter. Le développement rapide de l’hydrogène vert dont à peine 3 % de l’objectif français en la matière a été atteint. »
Les ralentissements des ventes de voitures à batteries et la baisse continue de la consommation électrique industrielle soulignent les failles des prévisions de rentabilité.
En réalité, les filières renouvelables reposent sur des illusions de demande et sur le maintien des subventions et garanties publiques.
Mulliez, banques : la régulation au service des intérêts établis
Les entreprises et intermédiaires du secteur, comme Octopus Energy, militent pour davantage de subventions et l’interdiction progressive des moteurs thermiques. Sous couvert de transition écologique, elles réclament des barrières réglementaires qui verrouillent leur position.
Le même réflexe se retrouve dans d’autres secteurs. Dans la mode, plusieurs acteurs exigent des protections contre la concurrence étrangère, au détriment des consommateurs.
Le groupe français Pimkie, en quête de croissance, a récemment signé un partenariat avec Shein, l’application chinoise de mode à bas prix, pour profiter de son immense réseau. Mais les concurrents, notamment les enseignes du groupe Mulliez (Kiabi, Décathlon), s’opposent violemment à l’accord et ont même annoncé des poursuites. L’association des entreprises du vêtement est allée jusqu’à exclure Pimkie, accusée de trahir le secteur.
Ces géants cherchent à éliminer la pression concurrentielle des importations, qui pèse sur leurs marges – quitte à réduire le choix et le pouvoir d’achat des consommateurs.
Même logique dans la finance. Le secteur bancaire français a obtenu de Bruxelles le blocage de l’entrée d’Apple, de Meta et d’autres groupes technologiques dans les services financiers. L’Union européenne a ainsi exclu les géants du numérique du système FiDA, le cadre réglementaire censé permettre la création de nouveaux produits à partir des données financières des particuliers.
Ce verrouillage, présenté comme une mesure de « protection des consommateurs », protège surtout les positions dominantes des acteurs historiques.
Du renouvelable à la banque, en passant par la mode, le schéma se répète :
- des régulations restrictives ;
- des distributions d’aides publiques ;
- et des protections contre la concurrence, toutes justifiées par le climat, la croissance ou la défense du consommateur.
En réalité, ces programmes créent des rentes, nourrissent les bénéficiaires d’aides et étouffent l’innovation – aux dépens de la productivité, du pouvoir d’achat et de la prospérité collective.
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