« Le monde ne sera plus jamais pareil », lit-on souvent en ce moment. Ou pas… car nos gouvernants ne prennent décidément pas le chemin de l’amélioration.
Je lis un peu partout des prédictions à l’emporte-pièce selon lesquelles plus rien ne sera désormais comme avant. Je pense que les observateurs n’observent rien et qu’ils prennent leurs réactions primaires, leurs désirs, pour des réalités.
Personne ne devrait s’attendre à ce que la pandémie modifie – et encore moins inverse – les tendances qui étaient évidentes avant la crise.
Le néolibéralisme continuera de faire ses ravages ; la financiarisation va continuer de plus belle, renforcée qu’elle sera par la masse considérable d’actifs financiers qu’il aura fallu créer lors de la crise.
Nous sommes dans des engrenages, pas question d’en sortir.
Les autocrates populistes deviendront encore plus autoritaires et plus primaires, les gauches continueront leur démagogie dépensière et les droites resteront paralysées par leur dépendance à l’égard des milieux d’affaires.
Variantes de crise
Les crises se présentent sous deux variantes : celles pour lesquelles nous n’aurions pas pu nous préparer, car personne ne les avait anticipées, et celles pour lesquelles nous aurions dû être préparés, car elles étaient en fait attendues.
La crise financière et celle du Covid-19 sont dans cette dernière catégorie, quoi qu’en disent Donald Trump ou Emmanuel Macron pour éviter d’assumer leurs responsabilités dans la catastrophe en cours.
Même si le coronavirus lui-même est nouveau et que le moment de l’épidémie actuelle n’aurait pas pu être prévu, les experts avaient bien prévenu qu’une pandémie de ce type était probable.
De même, la crise financière qui menace tout l’édifice de fausses valeurs était inscrite dans les structures mêmes de nos marchés, dans nos bilans. Elle était prévisible, simplement personne n’a eu envie de s’y préparer.
Nous étions prévenus
Le SRAS, le MERS, le H1N1, le virus Ebola et d’autres épidémies ont pourtant fourni de nombreux avertissements.
Il y a 15 ans, l’Organisation mondiale de la santé a révisé et amélioré son cadre mondial de réponse aux épidémies ; elle a essayé de corriger les lacunes perçues dans la réponse mondiale rencontrée lors de l’épidémie de SRAS en 2003.
En 2016, la Banque mondiale a lancé un mécanisme de financement d’urgence en cas de pandémie pour fournir une assistance aux pays à faible revenu face aux crises sanitaires transfrontalières.
Tout le monde l’a oublié, tout le monde va même le nier – mais ils ont été prévenus. Macron l’a dit avec un culot monstre : on ne peut prévoir ces choses avec 10 ans d’avance. Trump, quant à lui, nie même l’existence des avertissements écrits qui lui ont été donnés par ses proches dès le 20 janvier.
Le plus flagrant : à peine quelques mois avant l’émergence du Covid-19 à Wuhan, en Chine, un rapport du gouvernement américain mettait en garde l’administration Trump sur la probabilité d’une pandémie à l’échelle de celle de la grippe espagnole, il y a 100 ans, qui a tué environ 50 millions de personnes dans le monde entier.
Tout comme la crise financière, le Covid-19 était une crise qui devait se produire.
La réponse aux Etats-Unis et en Europe a été particulièrement désastreuse. Soucieux de préserver les économies, les gouvernements ont minimisé la gravité de la crise pendant des semaines. Ils ont menti. Et ils continuent, ils pataugent.
Au moment où les infections et les hospitalisations ont commencé à monter en flèche, les pays se sont retrouvé à court de kits de test, de masques, de respirateurs et des autres fournitures médicales. Et que dire de la délocalisation, à hauteur de plus de 80%, de la fabrication de nos médicaments ?
A suivre…
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]