Par Bill Bonner (*)
La foi dans le dollar, c’est la foi dans l’homme moderne .Voilà pourquoi nous nous en méfions.
Au début de la Première guerre mondiale, les autorités françaises poussèrent les gens à échanger leur or contre des billets de banque. Ils ne perdraient "aucune part de leur épargne", leur dit-on. Pas plus qu’ils ne devraient payer plus cher ce qu’ils voudraient acheter.
Une fois la guerre terminée, la France fut incapable de tenir ses engagements. Mais faut-il s’en étonner ?
Plus récemment, nous nous rappelons avoir rencontré le président argentin Carlos Menem dans les années 90. A l’époque, l’Argentine avait hardiment résolu son problème d’inflation en fixant le peso au dollar, à un contre un. Cette stabilité donna un coup de pouce à l’économie argentine. Les investisseurs étrangers décidèrent qu’ils pouvaient investir en toute sécurité. Les prêteurs étaient convaincus qu’ils pouvaient mettre de l’argent dans les pampas, ramasser des rendements élevés tout en récupérant une somme ayant plus ou moins la même valeur que l’argent prêté.
Restait tout de même des doutes sur le fait que l’Argentine serait capable de maintenir la politique de taux de change fixe. Nous avons donc posé la question directement au chef de l’Etat : "le taux de change peso/dollar tiendra-t-il ?" avons-nous voulu savoir.
"Oui", répondit-il.
Deux ans plus tard environ, l’Argentine abandonna son lien avec le dollar, fit défaut sur ses dettes, et le peso perdit les deux tiers de sa valeur.
Et il y a quelques jours, Henry Paulson déclarait en Inde que les Etats-Unis "ont un dollar fort pour objectif".
Si l’on en croit la presse, le secrétaire au Trésor US n’a ni souri ni attendu les rires du public. Il a continué à parler comme s’il ne venait pas d’énoncer l’un des plus gros mensonges de l’histoire financière.
S’il y a eu un progrès en matière de banques centrales, c’est le suivant : les autorités ne doivent plus mentir autant que par le passé. En 1915, les autorités françaises devaient séparer leurs citoyens de leur argent. En 2007, ils ont déjà été séparés. A présent, nous avons tous des billets de banque — en quantité.
Aujourd’hui, quiconque est haussier sur le dollar (ou sur la livre ou l’euro, d’ailleurs) doit être haussier sur la nature humaine… et sur l’économie. L’économie n’est que l’étude de l’homme et de son argent. Mais nous avons lu dans le International Herald Tribune un fait curieux : des gens ayant étudié l’économie durant SIX mois n’obtenaient pas de meilleurs résultats, lors de tests sur des principes économiques de base, que des gens n’ayant jamais ouvert un manuel d’économie. Les chercheurs manquaient d’audace, selon nous. Une étude de suivi démontrerait sans doute que ceux qui continuent à étudier l’économie à un niveau plus avancé auront des notes plus basses que ceux qui ne l’ont jamais étudiée.
C’est un domaine qui soustrait de la valeur au lieu d’en ajouter. Plus vous étudiez l’économie, moins vous en savez. Mais toute cette semaine, le monde entier a semblé retenir son souffle, se demandant ce que dirait un comité d’économistes. La banque centrale US baisserait-elle ses taux ? Les augmenterait-elle ? L’économie elle-même est dans un marché haussier depuis de nombreuses années. A présent, les économistes contrôlent notre argent et apparaissent en couverture de nos magazines d’information.
La suite dès demain…
Meilleures salutations,
Bill Bonner
Pour la Chronique Agora
(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et L’Empire des Dettes".