L’économie d’un pays n’est pas fondamentalement différente de celle d’un ménage ordinaire – démonstration avec l’épidémie de coronavirus.
Pour comprendre pourquoi les dominos renversés par la pandémie de Covid-19 ont mené à cette banqueroute planétaire, prenons l’exemple d’une famille individuelle, un ménage.
L’objectif de cet exercice est de faire la distinction entre la valeur de marché d’un actif et sa valeur nette, c’est-à-dire ce qui reste une fois que les dettes sont soustraites de la valeur de marché.
Admettons que notre ménage ait été très prospère et détienne des actifs d’une valeur d’un million de dollars : une maison, une entreprise familiale, une épargne retraite standard et un portefeuille d’actions et d’autres investissements.
Ce ménage est également endetté à hauteur de 500 000 $ : une hypothèque, un prêt automobile, des prêts étudiants et un crédit à la consommation.
La valeur nette de ce ménage est donc de 1 000 000 $ moins 500 000 $ = 500 000 $.
Et puis les choses se gâtent…
Disons qu’on assiste ensuite à une crise financière et à une récession : la valeur des actifs du ménage chute de 30%.
30% d’un million, cela fait 300 000 $ : la valeur de marché des actifs du ménage n’est donc désormais plus que 700 000 $.
Si l’on déduit de ce total les 500 000 $ de dette, la valeur nette du ménage n’atteint plus que 200 000 $. On constate que la dette est conservée, quelle que soit l’évolution de la valeur de marché des actifs dont le ménage est propriétaire.
Admettons maintenant que la bulle spéculative enfle à nouveau : le ménage s’endette davantage, dans l’euphorie généralisée, et décide d’acheter une plus grande maison, d’investir dans l’entreprise familiale, et de se payer un peu de bon temps.
Ses actifs valent maintenant deux millions de dollars, mais sa dette atteint 1,5 million. Sa valeur nette reste stable, à 500 000 $, étant donné que la dette a augmenté en même temps que la valeur des actifs.
Hélas, toutes les bulles finissent par éclater. La valeur de marché des actifs du ménage décline de 30%, soit 600 000 $. Ils valent désormais 2 000 000 $ moins 600 000 $, soit 1 400 000 $. La valeur nette du ménage est désormais de 1 400 000 $ moins 1 500 000 $, soit ‑100 000 $. Le ménage est en faillite.
Ajoutons à cela que les revenus nets de l’entreprise familiale tombent presque à zéro durant la récession : le ménage n’a plus suffisamment de revenus pour payer toutes ses dettes.
Elargissons maintenant le champ…
C’est précisément ce qui est en train d’arriver à l’économie mondiale. Avant la pandémie, ses actifs avaient une valeur de marché de 350 000 Mds$, et ses dettes étaient de 255 000 Mds$, soit une valeur nette d’environ 100 000 Mds$.
11 000 Mds$ de valeur de marché se sont évaporés sur les marchés aux Etats-Unis, et ce n’est qu’un avant-goût. Au niveau mondial, la Bourse a perdu 30 000 Mds$. Quand les rendements augmenteront malgré les manipulations des banques centrales (oups, pardon… je voulais dire « l’intervention »), la valeur de marché des obligations perdra 30 000 Mds$.
Les obligations pourries ont déjà perdu plusieurs milliers de milliards de dollars de valorisation, sans même tenir compte des milliers de milliards perdus par les petites entreprises, le shadow banking et toute une gamme d’autres actifs non-cotés.
Enfin, il y a la bulle la plus massive de toute : celle de l’immobilier. Des millions d’habitations appartenant à des propriétaires pleins d’illusions qui pensent encore qu’elles valent 1,4 million de dollars vaudront bientôt des montants plus réalistes – aux alentours des 400 000 $ voire moins, soit une perte de valeur d’un million de dollars.
Une fois que la valeur de marché des actifs mondiaux aura chuté de 100 Mds$, le monde entier sera en faillite.
Ne vous bercez pas d’illusions
Ceux qui s’attendent à ce que les marchés financiers reviennent, comme par magie, aux niveaux de janvier 2020 une fois que la pandémie s’éteindra se bercent d’illusions. Les dominos chutent les uns après les autres.
Les valorisations boursières, les revenus, les profits et les défauts de paiements de plus en plus nombreux finiront par venir à bout des évaluations fantaisiste des actifs en pleine bulle : les actions, les obligations, l’immobilier, le guano de chauve-souris… tout.
Le système financier mondial a déjà perdu 100 000 Mds$ de valeur de marché, il est par conséquent déjà insolvable. Reste à déterminer dans quelle mesure.
Un indice : les entreprises dont les actions valaient récemment encore 500 ou 300 $ ne vaudront plus que 10 $ ou 20 $ une fois la crise passée. Les obligations soi-disant « sûres » perdront 50% de leur valeur. Nous pourrons nous estimer chanceux si l’immobilier conservait 40% de sa valeur actuelle, etc.
La valeur nette s’approchera de zéro, puis deviendra négative – mais les dettes, elles, seront toujours là. Leur service devra encore être assuré, elles devront toujours être remboursées, et si l’emprunteur ne paie plus, les pertes devront être absorbées par les prêteurs… ou le contribuable, si l’Histoire se répète comme en 2008, et que des citoyens eux-mêmes insolvables sont forcés de venir secourir les élites financières en faillite.
Nous verrons la suite dès demain.