** Hier, nous ne savions plus où donner de la tête. Aujourd’hui, nous n’avons pas de choix du tout.
* "Le géant de l’assurance AIG recevra un prêt de 85 milliards de dollars de la Fed", tel est le principal sujet de l’actualité.
* Hé oui, cher lecteur… le pays du libre-échange et de la liberté est devenu le pays du tout-gratuit. Les bateleurs de Wall Street peuvent gagner des milliards de dollars de primes — lorsque le soleil brille. Dès qu’il commence à pleuvoir, les pertes sont redistribuées au grand public. Quel genre de capitalisme est-ce là ?
* Oh, me direz-vous… AIG est "too big to fail"… et s’il devait s’effondrer, il pourrait emporter avec lui toute la structure financière.
* Vous avez peut-être raison. AIG est un grand acteur financier… et plus spécifiquement un grand acteur du marché des credit default swaps… dont on dit qu’il vaut environ 60 000 milliards de dollars. Personne n’en est sûr — le marché des CDS n’est ni réglementé, ni surveillé. Et personne ne sait ce qui se passerait s’il explosait. Mais personne ne veut le savoir, non plus.
* Oui, à nouveau, cher lecteur… nous sommes bien loin de l’époque où Andrew Mellon était secrétaire au Trésor US à la fin des années 20. Lorsque Wall Street a craqué, en 1929, Mellon avait la solution : laisser couler !
* "Liquidez les banques, liquidez des agriculteurs, liquidez Wall Street…" Mellon était prêt à laisser les conséquences se produire.
* Mais huit décennies plus tard, les conséquences sont entravées…amorties… et rattrapées par les filets des autorités prétendant travailler au nom du public. Est-ce bien ou mal ? Nous n’avons pas d’avis que la question. Mais c’est certainement différent. Et cela nous rappelle que nous avions raison sur un certain nombre de choses.
* Il y a dix ans, nous avons commencé à voir un certain parallèle entre les Etats-Unis et le Japon. Ce dernier vivait un ralentissement colossal… et les économistes américains pensaient savoir pourquoi : les Japonais refusaient de laisser leurs grandes banques faire faillite. Au lieu de cela, elles ont été étayées… si bien que la correction s’est déroulée au ralenti. Même aujourd’hui — 18 ans après l’effondrement du Nikkei — le Japon ne s’est toujours pas remis. On peut encore acheter des actions pour 50%-80% moins cher !
* Nous pensions pouvoir voir ce qui était écrit (en japonais, en plus ! Nous ne pouvions pas vraiment le lire, mais nous pensions savoir ce que cela signifiait) : ce sera votre destin aussi.
* Et voilà. Plutôt que de permettre à la correction de suivre son cours naturel — et qu’on en finisse — les autorités font tout ce qu’elles peuvent pour l’empêcher. Le risque de "crise systémique" est trop grand, disent-elles.
* Elles ont dû voler ces mots directement aux Japonais. C’est ce qu’ils ont toujours dit… avant de faire le gros dos et de retarder leur reprise durant si longtemps que les gens ont abandonné tout espoir de la voir arriver.
* Quels seront les résultats du grand sauvetage d’AIG ? Nous n’avons pas à le deviner. Il suffit de regarder de l’autre côté du vaste Pacifique — le Japon.
* Si le modèle japonais est bien celui que nous pensons, le sauvetage — ainsi que tous les autres béquilles et coussins fournis par les autorités — ne fera que retarder l’inévitable. Les actions vont chuter. Les petites entreprises vont faire faillite. Les prix de l’immobilier vont chuter. Les consommateurs vont cesser de dépenser autant et commenceront à épargner.
* C’est ce que nous prévoyons pour les Etats-Unis. Mais il y a un souci majeur : le pays ne peut pas se permettre une crise à la japonaise.
** L’inflation bat en retraite… la déflation est en marche. Les prix de l’immobilier US augmentaient au taux annuel de 10% environ, en juillet. En août, cette augmentation a ralenti, à 7%. L’économie mondiale toute entière ralentit. Et le système de bulle — dans lequel les exportations de cash emprunté par les consommateurs américains ont terminé dans d’immenses piles de capitaux à l’étranger — ralentit.
* Jusqu’à présent, les choses se passent plus ou moins comme elles le devraient. La bulle du crédit a explosé. Les autorités essaient de la regonfler. Mais les prix des actifs coulent malgré tout… et il en va de même pour le taux d’inflation des prix à la consommation.
* Le marché des obligations du trésor US reflète le sort changeant de l’inflation et de la déflation. Les rendements du T-Bond à 10 ans ont baissé, passant à 3,4% cette semaine, ce qui signifie que les prix des obligations grimpent. Il paraît que l’argent intelligent se rue sur les bons du Trésor US pour se protéger de la chute des cours boursiers, des faillites, des défauts de paiement, des mauvaises dettes et d’autres dangers.
* Faut-il suivre l’argent intelligent ? Nous ne sommes pas de cet avis. Il est peut-être vrai que les bons du Trésor US performeront bien durant cette phase. Mais il n’y a pas de marge de sécurité. Avec un rendement de 3,5%, on gagne au minimum 200 points de base de moins que le taux d’inflation des prix à la consommation. Lorsque cette phase prendra fin, les obligations s’effondreront elles aussi. Quand cela se passera-t-il, nous n’en savons rien… mais tôt ou tard, cela semble inévitable.
* Non, cher lecteur… nous nous en tiendrons à notre formule : vendez les actions lors des rebonds. Achetez de l’or lors des replis. Accumulez du métal jaune sans plus attendre — avec les petites pièces que vous trouverez entre les coussins de votre canapé.