** Pour le pétrole, la correction a commencé. Le pétrole a chuté sur le marché américain, il tourne désormais autour des 123 $. Et ce n’est pas la colère noire de George Soros face au Congrès qui a effrayé les spéculateurs.
– Les prix élevés, dit le proverbe, sont un remède aux prix élevés. "Remède" n’est peut-être pas le mot le plus approprié, surtout si vous êtes une compagnie aérienne ou un constructeur automobile. Aux Etats-Unis, United Airlines a annoncé qu’elle supprimerait 1 100 emplois et retirerait environ 70 avions du circuit — dont les vieux 747 délabrés qui couvrent les itinéraires Sydney/Los Angeles et Sydney/San Francisco.
– Pourquoi ces mesures drastiques ? Le prix du carburant a augmenté de 89% l’année dernière. Des prix élevés. L’industrie automobile finit elle aussi par réagir à l’augmentation des prix. General Motors a annoncé la fermeture de deux sites d’assemblage de camions et de véhicules utilitaires aux Etats-Unis et la suppression de 10 000 emplois. La production des gros camions assoiffés d’essence va donc diminuer de 35% chez General Motors.
– Ce n’est pas nouveau. Et pendant que GM fabrique de moins en moins de grosses voitures, l’entreprise prévoit de créer une nouvelle voiture, plus petite et à consommation réduite. Elle prévoit également de faire son entrée dans le marché des véhicules hybrides avec la Chevrolet Volt.
– Des avions, des voitures et le prix du pétrole. La demande finit par être détruite par la hausse des prix. Bien évidemment, cette destruction de la demande sur le marché des transports et du voyage signifie que l’activité économique se contracte. Cela signifie également, comme le suggérait le PDG de GM Rick Wagoner, un virage permanent vers un monde où l’on ne tient plus l’énergie bon marché pour acquise. Nous nous tournons peut-être bien vers un autre mode de vie. Hmmm.
** Pendant ce temps, avec un train de retard, le président de la Fed Ben Bernanke défend le dollar, comme si des mots gentils pouvaient remplacer une véritable profitabilité. Bernanke tente de rassurer les gens sur l’inflation que sa politique monétaire a causée à travers le monde. Durant un discours, à Harvard, il a déclaré que les craintes d’une inflation encore plus élevée étaient une "inquiétude justifiée".
– Mais ne vous inquiétez pas, a-t-il continué. Cela ne ressemble pas aux années 1970. Tout va bien. Rien à voir. Allez vous-en. Circulez. Au revoir.
– "Il y a aujourd’hui peu de ressemblances avec la spirale salaires/prix du début des années 1970", voilà ce qu’a dit Bernanke précisément. "Le taux d’inflation global s’est maintenu en moyenne autour des 3,5% les quatre derniers trimestres — beaucoup plus que ce que nous voudrions, mais beaucoup moins que les taux d’inflation à deux chiffres que l’on a atteint au milieu des années 1970".
– Mais tout dépend de la façon dont on mesure l’inflation, vous ne croyez pas ? La Fed sous-estime probablement l’inflation réelle. Mais il est vrai que l’inflation n’a pas encore atteint les niveaux record des années 1970. Pour que cela arrive, il faudrait que les craintes guident le comportement des consommateurs (les poussant à échanger des liquidités contre des biens tangibles alors que les liquidités conservent leur pouvoir d’achat) ; il faudrait aussi que la politique monétaire s’assouplisse plus encore pour répondre au resserrement des marchés du crédit et au surendettement des consommateurs.
– Pensez-vous réellement que la Fed va augmenter ses taux cette année ? C’est peu probable, étant donné les remous des marchés du crédit et la baisse constante des prix des maisons aux Etats-Unis.