Pour les investisseurs, l’heure est grave – mais pas désespérée !
La nouvelle politique de la Maison-Blanche va faire passer les droits de douane effectifs américains de 2 % à 27 %, soit le taux le plus élevé en plus de 100 ans.
A titre de comparaison, la loi Smoot-Hawley Tariff Act de 1930 – qui, pour un grand nombre d’économistes, serait responsable de la Grande Dépression – a fait augmenter les droits de douane d’environ 20 %, à l’époque.
Les économistes débattent à présent de la question de savoir si l’impact de ce qu’ils qualifient de « choc des tarifs » sera plus inflationniste ou récessionniste.
Et ce n’est pas amusant à observer :
L’idée à l’origine de la stratégie de Trump est de réindustrialiser l’économie américaine en faisant marche arrière sur 50 ans de mondialisation, et de relocaliser un grand nombre (si ce n’est la totalité) des emplois manufacturiers qui ont été déplacés ces dernières années vers des pays à faible coût de main-d’œuvre.
C’est certainement une stratégie audacieuse, mais également extrêmement risquée. Et risquée pour le parti de Trump, bien entendu. Un marché baissier (et/ou une récession) provoqué par les tarifs douaniers pèsera lourdement sur les élections de mi-mandat (« mid-terms ») de 2026.
Et si les tarifs douaniers restent en place et redémarrent l’inflation, les chances que les Républicains perdent leur majorité aux deux chambres du Congrès augmenteront également considérablement.
Selon un sondage récent et fiable, les Américains se préoccupent plus du coût de la vie que des questions d’immigration, d’avortement et de LGBTQ.
Mais la stratégie des tarifs douaniers est encore plus risquée pour l’économie américaine et, par extension, l’économie mondiale.
Après tout, aucune économie n’a jamais été aussi centrale et importante pour le monde que l’économie américaine aujourd’hui, y compris l’Empire romain à l’Antiquité, et l’empire britannique au XIXe siècle.
Heureusement, il semblerait que des négociations soient encore possibles.
Comme le dit Trump, les Etats-Unis sont le marché le plus vaste et le plus convoité du monde. Alors peut-être que bon nombre des pays visés par les tarifs douaniers prendront la route de la Maison-Blanche, au cours des semaines à venir, le doigt sur la couture du pantalon, afin de négocier la levée des tarifs douaniers, en levant eux-mêmes leurs propres barrières aux importations provenant des Etats-Unis.
Mais, comme pour beaucoup de politiques menées par la Maison-Blanche actuelle, il règne une grande confusion sur la question de savoir si c’est bien le résultat souhaité.
Par ailleurs, la voie de la négociation semblerait saper l’idée de faire marche arrière sur la mondialisation. Si les tarifs douaniers infligés sont une stratégie de négociation, au bout du compte, réduisant partout les mesures de protection commerciales, ils deviendront en fait un vecteur d’échanges plus libres, mais ne feront pas revenir la production aux Etats-Unis.
Tant que des négociations ou exemptions n’interviendront pas, cependant, les tarifs douaniers seront dévastateurs pour les entreprises qui dépendent d’intrants ou de produits finis venant de l’étranger.
En attendant, si les tarifs douaniers restent en place, ils créeront la plus forte augmentation de taxes intervenue depuis 1968, pour les Américains…
Un troc de taxes
Comme le souligne régulièrement Alexander Green, les tarifs douaniers américains sont des taxes qui sont réglées par les Américains. Les importateurs de produits étrangers payent les droits de douane puis, soit en transfèrent le coût aux consommateurs, soit en assument l’impact sur leurs résultats financiers, ce qui entame leurs bénéfices.
JP Morgan estime que les tarifs douaniers sont l’équivalent d’une augmentation d’impôt de 660 Mds$, soit la plus importante de ces dernières décennies.
Dans un contexte où le Congrès examine un texte de loi qui fera baisser les impôts des sociétés et de nombreux particuliers de façon spectaculaire, ces [baisses] d’impôts sur le revenu et les sociétés seront contrebalancées par les tarifs douaniers, lesquels représentent une taxe sur la consommation.
Pour les investisseurs, les tarifs douaniers créent une situation délicate.
Il est clair que les valeurs technologiques vont souffrir, comme cela s’est produit la semaine dernière, dans la mesure où elles s’appuient fortement à la fois sur les exportations et sur les intrants importés.
Pourtant, dans cet océan de rouge, apparaissaient quelques ilots de vert :
Comme vous pouvez le constater sur le heat map de l’indice S&P 500, beaucoup de valeurs du secteur défensif de la consommation, de la santé et des services aux collectivités (« utilities ») ont enregistré une bonne performance, au cours du carnage de l’annonce de Trump, de même que quelques autres actions.
Alors il y aura réellement des opportunités.
Nous avons traversé de multiples effondrements de marché, et nos portefeuilles ont surperformé l’ensemble du marché à chaque fois.
Nous n’avons pas peur d’une correction, et nous ne paniquons jamais. En fait, nous sommes fiers de pouvoir identifier des opportunités dans des situations difficiles.
Alors restez avec nous, et nous traverserons cette période ensemble.