Les lois protectionnistes ne sont que des impôts. Le commerce doit être laissé au secteur privé pour multiplier les accords gagnant-gagnant.
Cette semaine, quand les Chinois se sont réveillés avec la nouvelle que The Donald les menaçait d’une taxe à l’importation sur les biens fabriqués en Chine, ils ont manqué tomber de leur lit.
Il existe un fusible quotidien sur le marché boursier chinois, une limite de 10%. A la fin de la séance, plus de 1 000 valeurs l’avaient atteint.
Les investisseurs occidentaux s’inquiétaient aussi.
Notre message pour aujourd’hui : ils ont bien raison.
Le Dow Jones chute depuis six jours d’affilée. Selon nos calculs, la tendance primaire est à la baisse.
Les actions n’atteindront probablement plus leur sommet de janvier – au-dessus de 26 000 points – de notre vivant. Du moins pas en termes réels. Une fois que l’hyperinflation sera en route, qui sait ce qui peut se produire.
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Pendant ce temps, les Russes, les Japonais et les Chinois se débarrassent tous des obligations américaines.
Un Empire de Dettes
Comme nous l’avions écrit il y a 10 ans dans un livre rédigé en collaboration avec Addison Wiggin, l’empire américain n’est financé ni par les tributs, à l’instar de Rome, ni par le commerce, comme la Grande-Bretagne. Il fonctionne à la dette.
Les étrangers ont acheté et financé pour quelque 8 000 milliards de dollars de dépenses déficitaires ces 20 dernières années.
Si l’on ajuste cela correctement à l’inflation, leur surplus commercial (ils vendent plus aux Etats-Unis que ces derniers ne leur achètent) atteint un total de près de 20 000 milliards de dollars.
L’année prochaine, le gouvernement américain devra vendre environ 1 200 milliards de dollars de nouvelles obligations rien que pour couvrir le déficit.
Ces dernières années, le gouvernement pouvait compter sur deux sources aux poches profondes et à l’appétit quasiment insatiable.
Les étrangers recyclaient leurs excédents commerciaux en dette américaine (finançant ainsi toute la financiarisation américaine et la militarisation à l’étranger). Ce que les étrangers n’achetaient pas, la Fed s’en chargeait.
Mais aujourd’hui, les deux sources de demande s’assèchent.
Nous avons déjà beaucoup parlé de la volte-face de la Fed. La banque centrale américaine est passée du statut de plus gros acheteur de T-Bonds US au monde à celui de plus gros vendeur.
Les lecteurs reconnaîtront cela comme la version améliorée de l’Erreur n°2 de la Fed : resserrer après avoir été bien trop souple pendant bien trop longtemps.
Nous tournons désormais notre attention à l’autre source – le commerce mondial. Et là, The Donald occupe le devant de la scène.
Contrebande de chaussures
Les Russes ont vendu leurs obligations américaines en réaction aux sanctions imposées par M. Trump sur leurs exportations d’aluminium. Ces deux derniers mois, la Russie a vendu pour 49 milliards de dollars d’obligations américaines, près de la moitié de ses avoirs.
L’Inde a dit qu’elle ne se laisserait pas faire non plus : elle a notifié à l’OMC une liste révisée de 30 importations américaines, dont les pommes, les amandes, l’acide phosphorique et les moto Harley Davidson, sur lesquelles elle a l’intention d’imposer des taxes en représailles.
De l’autre côté de la frontière, des contrebandiers canadiens essaient d’échapper aux taxes douanières américaines. C’est en tout cas ce que le président américain a dit à la Fédération américaine des entreprises indépendantes mardi. The Insider nous en dit plus :
« ‘Il y avait un article il y a deux jours dans un grand journal qui parlait de gens qui vivent au Canada et qui entrent aux Etats-Unis et rapportent des choses en contrebande au Canada parce que les taxes douanières sont énormes’, a déclaré Trump. ‘Les taxes qui pèsent sur des objets usuels au Canada sont si élevées qu’ils se livrent à la contrebande’. »
Quels sont les objets de la contrebande ? Des chaussures, selon Trump.
« Ils achètent des chaussures et ils les portent », a-t-il expliqué. « Ils les éraflent, ils s’arrangent pour qu’elles aient l’air vieilles ».
Ah, les Canadiens, ces fourbes ! Pas question qu’ils viennent dans notre pays acheter nos chaussures ! Il faut faire quelque chose sinon nous marcherons bientôt pieds nus.
Heureusement, les Etats-Unis sont protégés par leur première ligne de défense, les agents de sécurité à l’oreille fine stationnés dans les aéroports. Ils ont l’oeil – et l’oreille – ouverts.
Aucune grand-mère ne traverse un aéroport sans un scan corporel intégral… et aucun Canadien ne passe la frontière avec une nouvelle paire de chaussures.
« Monsieur… veuillez me suivre. Ces chaussures n’ont pas l’air assez vieilles ».
Un négociateur accompli
Certains s’inquiéteront que le fait de défier le monde entier au bras de fer commence à user le chef de l’exécutif américain.
Certains diront qu’il « perd la tête ».
En ce qui nous concerne, nous en sommes parvenu à la conclusion que les voies du président américain sont impénétrables ; nous autres pauvres mortels ne pouvons pas les comprendre.
Les taxes imposées aux biens chinois seront payées par les ménages américains ; en quoi augmenter les prix des biens à la consommation rendra sa grandeur à l’Amérique, nous n’en savons rien.
Mais ce n’est jamais là que l’un des trucs utilisés par un négociateur accompli.
Peut-être que le président envoie en fait un signal à ses principaux adversaires commerciaux – les Chinois.
De l’Empire du Milieu, les Etats-Unis importent plus d’un demi-millier de milliards de dollars de marchandises par an. C’est le gros ravioli dans la soupe commerciale américaine… parce que les Etats-Unis exportent moins de 200 milliards de dollars vers la Chine. La différence représente le plus gros du déficit commercial annuel des Etats-Unis.
Ce devrait être une victoire facile pour le Grand Faiseur de Deals. Avec un tel déséquilibre en leur faveur, les Chinois ont bien plus à perdre que les Etats-Unis. Le président a juste à faire monter la pression.
Le big boss des Etats-Unis a donc non seulement menacé la Chine de taxes à l’importation sur 200 milliards de dollars de marchandises, il a également annoncé que si les Chinois tentaient de riposter, il leur assènerait des taxes sur 200 milliards de dollars supplémentaires.
Au taux proposé – 10% –, c’est l’équivalent d’une hausse d’impôt de 40 milliards de dollars pour les familles américaines.
Le commerce est habituellement laissé au secteur privé. Nous doutons que Trump rencontre plus de succès que les promoteurs protectionnistes de la loi Hawley-Smoot, promulguée en 1930, qui augmenta les droits de douane à l’importation sur plus de 20 000 objets.
The Donald est dans son élément. Il était vraiment fait pour la politique, finalement, où tous les accords s’appuient sur la menace.
A présent, il suit le script de son propre livre, The Art of the Deal : cognez. Cognez encore, plus fort. Continuez à cogner jusqu’à ce que vous gagniez… ou fassiez faillite.
Un mot d’avertissement : n’essayez pas de faire la même chose. Cette approche ne fonctionne pas dans le secteur privé.
A la maison… dans les boutiques… au travail – jouer les gros durs n’est qu’une distraction qui fait perdre du temps. Les accords doivent être gagnant-gagnant… ou les gens ne veulent rien avoir à faire avec vous.
Le commerce se trouve mieux entre les mains du secteur privé, lui aussi. Ce n’est pas un endroit pour les crochets du gauche ou les uppercuts.
Si vous essayez de malmener les gens dans le secteur privé, ils vont prendrons pour un crétin.
3 commentaires
Il est incorrect de parler de 40 Mia d’impôts supplémentaires, l’objectif de ces taxes n’est pas de les encaisser mais qu’elles augmentent le prix des marchandises chinoises au point de dissuader les Américains de les acheter
Alain, bien sûr que ce sont des impot supplémentaire car la marchandise n’est plus faite aux USA et donc l’américain n’a pas le choix d’acheter local moins cher donc résultat -> prix plus cher -> impot supplémentaire dissimulé…..
Le propos de Donald Trump est de dénoncer les taxes douanières et locales imposées par les autorités canadiennes, et non de critiquer les canadiens qui vont s’approvisionner aux USA.