▪ Les opérateurs ne voulaient pas d’une clôture entachée d’ambiguïté, avec un CAC 40 clôturant juste un peu au-dessus de la résistance des 3 250 points ou retraçant au point près le seuil des 3 261 points testé à l’ouverture.
Le CAC 40 affichait 3 262 points à 17h29 et 59 secondes, alors qu’il revenait d’un plancher de 3 249 points inscrit vers 16h50 (il n’y avait alors rien de fait à la hausse). La tentation fut donc trop forte de donner un coup de pouce au destin afin que l’indice efface pour de bon l’obstacle des 3 245/3 250 qui s’était imposé le 7 décembre puis le 3 janvier dernier.
▪ CAC 40 : une hausse sans volume
C’est ainsi que le CAC 40 s’est retrouvé propulsé de 0,25% supplémentaire, à 3 270 points. Il est donc revenu au contact d’une autre résistance intraday testée à trois reprises le 17 août, le 1er septembre (l’indice avait ricoché sous 3 292, tout comme ce mardi) puis le 17 octobre 2011.
La volonté de tirer le marché est manifeste, mais les volumes ne sont clairement pas de la partie avec 2,73 milliards d’euros échangés seulement.
Pour un écart de +1,4% au final, et surtout après une grande oscillation entre 3 290 et 3 245 entre 11h et 16h, c’est un chiffre d’affaires qui mérite réellement le qualificatif d’anecdotique.
Si le CAC 40 devait poursuivre à la hausse malgré un gap resté béant au-dessus des 3 231 points et avec des oscillateurs qui grimpent gaillardement vers les sommets de la zone de surachat, il faudrait vraiment qu’un événement majeur et décisif balaye d’un coup toutes les sources de stress du moment.
Ces sources de stress proviennent de la crainte de voir la Grèce et désormais le Portugal faire faillite. Une hypothèse qui circule hélas avec de plus en plus d’insistance, malgré tous les sacrifices consentis par Lisbonne depuis 18 mois.
▪ La Chine éclipse les faillites européennes
Mais vous l’avez compris, les faiseurs de tendance ont abordé cette séance de mardi avec le ferme parti pris de ne retenir que les éléments les plus favorables de l’actualité. Ils ont commencé avec de bonnes nouvelles en provenance de la Chine. La croissance y aurait atteint 9,2% en 2011 (le consensus tablait plutôt sur 9%) grâce à un quatrième trimestre où l’activité progresse encore de 8,9% et non de 8,7% comme le marché l’anticipait.
La Bourse de Shanghai a bondi de 4,1%, celle de Hong-Kong de 3,25%. Nous avons là des hausses qui comptent parmi les plus spectaculaires depuis fin octobre 2011.
Nous ne sommes pas convaincu que les acheteurs se fient aveuglément aux statistiques officielles publiés par Pékin. Mais cela a fourni un bon prétexte pour éloigner les indices de leurs planchers annuels (et même des plus bas niveaux testés depuis deux ans) alors que le Nouvel an chinois se rapproche, et avec lui, une bonne semaine de fermeture des marchés.
Les places européennes ont également salué le « vif succès » remporté par une émission de bons du Trésor d’une maturité de deux à 12 mois orchestrée mardi matin. Les taux courts se sont retrouvés divisés par deux par rapport à la précédente émission, avec une demande qui a couvert 3,5 fois le montant des titres de créance mis aux enchères.
Peut-être nombre d’opérateurs ont-ils pensé bénéficier cette fois encore de rendements canons (même s’ils étaient attendus en baisse). Nous croyons surtout qu’il est beaucoup plus confortable de détenir ce genre de papier sur lequel il n’y a, en principe, aucun risque — plutôt que des emprunts à cinq, sept ou dix ans comme ceux qui seront émis demain.
▪ Dégradations de S&P : du flan ?
C’est là que le marché découvrira si les avertissements de Moody’s et les dégradations annoncées par Standard & Poor’s comptent pour du beurre. C’est d’ailleurs l’hypothèse de beaucoup de commentateurs qui se plaisent à le penser en voyant l’Euro-Stoxx 50 terminer en hausse de 1,5% (à 2 396 points). Pendant ce temps, le DAX et l’IBEX clôturaient respectivement en hausse de 1,8% et de 0,65%, ce qui représente un écart de performance assez significatif.
Etonnant, ce peu d’enthousiasme de la part de la Bourse de Madrid pour une opération de refinancement qui aurait euphorisé le marché des changes… En revanche, Francfort a logiquement bénéficié du spectaculaire rebond de l’indice ZEW.
Le baromètre du moral des milieux d’affaires allemands remonte de -53,3 à -21,6. Cette hausse est basée sur la conviction que le gros de la crise est derrière nous et que la récession sera évitée aux Etats-Unis comme en Europe puisque la Chine continue de croître à un rythme proche de 9%.
L’euro, qui avait pris un très bon départ mardi matin (avec un test des 1,28 $ à la clé), s’affichait en hausse de 0,6% vers 1,2735 $ en début de soirée mardi, tandis que le pétrole gagnait 1,7% à plus de 100,5 $ le baril.
▪ Les indices américains sont à la traîne
Le dollar poursuivait son redressement à New York malgré la publication de résultats ternes par le géant bancaire Citigroup : il a vu son BPA trimestriel reculer de 11% à 38 cents, alors que le consensus attendait 49 cents.
Cette annonce a éclipsé l’amélioration plus forte que prévu de l’indice manufacturier Empire State de la Réserve fédérale de New York. Ce dernier a augmenté à 13,5 points au mois de janvier… mais autant aller enquêter tous les mois en Islande pour juger du dynamisme du marché du parasol et de la crème solaire.
Wall Street aurait pu imiter les places européennes qui n’ont voulu retenir que les informations justifiant le possible franchissement des barrières graphiques et psychologiques de la fin octobre (ce qui reste à confirmer) ; mais les indices américains ne franchissent pas de cap décisif.
Malgré une entame de séance prometteuse, le Dow Jones a très vite refusé l’obstacle des 12 500, le S&P celui des 1 300 points et le Nasdaq a calé au contact du zénith des 2 742 points du 28 octobre dernier.
L’indice Dow Jones grappille au final 0,5%, le S&P 500 se contente de 0,35%, et le Nasdaq Composite égale la performance de Londres ou Madrid (+0,65%) mais finit très loin des +1,4% de la Bourse de Paris.
Wall Street pourrait bien nous rejouer le même scénario qu’à la mi-janvier 2011, lorsque les opérateurs se disaient déjà convaincus que les Européens ne pouvaient pas ne pas trouver de solution à la crise grecque !