Les autorités ont cherché les ennuis, et les ont trouvés… Désormais, le paquebot financier prend l’eau.
« Le navire coule ! Aux canots de sauvetage ! »
« Désolé, madame. Seulement les passagers de première classe ! »
Les autorités vont renflouer les banques et leurs clients fortunés. Les vignobles de Gavin Newsom, gouverneur de Californie, auront une place sur les canots de sauvetage. Tout comme la biotech du milliardaire Mark Cuban. Mais sur les ponts inférieurs, les passagers se croisent, enfilent des gilets de sauvetage et croisent les doigts.
Silicon Valley Bank… Signature Bank… et désormais… Credit Suisse.
Puis c’est une autre banque de San Francisco, First Republic, qui s’est précipitée à l’abreuvoir public, comme le titrait le Wall Street Journal :
« Dans l’espoir d’un sauvetage de First Republic, les indices boursiers clôturent en hausse »
La banque suisse a été sauvée par la banque centrale de Suisse. La banque américaine a reçu 30 Mds$ de la part d’autres banques américaines.
Les banques sont en difficulté car elles se sont laissées griser par la bulle spéculative de la Fed. Elles ont accordé des prêts risqués. Elles ont acheté des actifs risqués. Et, lorsque les taux d’intérêt ont augmenté et que les risques se sont matérialisés, la mer s’est agitée et les bateaux ont commencé à couler.
Faisons le point.
De l’argent qui disparaît
Les autorités ont mis en place des taux d’intérêt négatifs, après prise en compte de l’inflation. Ils les ont maintenus pendant plus de dix ans.
Les gens ont emprunté de l’argent. La dette américaine totale s’élève désormais à plus de 90 000 Mds$.
Les prix à la consommation ont augmenté de 7% sur les deux dernières années.
Puis, pour juguler l’inflation, la Fed a rehaussé le coût de la dette. Les propriétaires fonciers ont vu leurs mensualités de prêt augmenter de 30% par rapport à l’an dernier. Les collatéraux des banques ont perdu tellement de valeur et leurs réserves ont tellement fondu qu’elles ne peuvent plus honorer les demandes de retrait.
Quelle sera la suite des événements ?
Bon nombre d’investisseurs, de spéculateurs, de banques et d’entreprises sont en mauvaise posture. Ils sont nombreux à ne pas pouvoir rembourser leurs dettes. Ils se retrouvent en défaut de paiement et de l’argent disparaît.
Silvergate valait presque 6 Mds$ en novembre 2021. C’est 6 Mds$ que les gens pensaient posséder. Puis, 16 mois plus tard, tout cet argent ou presque a disparu. Envolé !
Le constructeur de camions électriques Rivian a perdu 90% de sa valeur. Cela représente 100 Mds$ partis en fumée.
La classe moyenne stocke une grande partie de son argent dans ses biens immobiliers. Du solide. Un patrimoine physique qui ne disparaît pas en temps de crise.
Mais qu’avons-nous là !? Le bien immobilier reste, mais sa valeur disparaît. Les prix de l’immobilier ont baissé au cours des six derniers mois, d’après l’indice Case Shiller 20-City. Seuls 20% des logements vendus l’an dernier étaient « abordables », si l’on se réfère au ratio revenu médian/prix de l’immobilier.
La classe moyenne débordée
La classe moyenne est assaillie de part et d’autre. Son patrimoine s’érode en même temps que les prix de l’immobilier. Et ses revenus réels s’effondrent alors que les prix à la consommation augmentent. Après prise en compte de l’inflation, les salaires ont baissé au cours des 23 derniers mois consécutifs. Depuis près de deux ans, les ménages ordinaires s’appauvrissent. Marketwatch :
« ‘Le patrimoine net du ménage médian est quasiment nul’, explique Carl Icahn. ‘Notre économie est confrontée à des problèmes majeurs.’ »
Et désormais, la classe moyenne va également payer pour renflouer les banques. Si le gouvernement américain souhaite mettre un terme à la débâcle (faillites bancaires, défauts, krachs boursiers), le seul moyen d’échapper au fardeau de la dette est l’inflation. Ce sont les ménages ordinaires qui paieront l’ardoise, via une hausse des prix à la consommation.
Dans le même temps, la masse monétaire se contracte. Elle a diminué de 1,7% l’an dernier. Cela semble peu, mais il s’agit de la plus forte baisse de l’histoire.
Et nous pensons que la situation va empirer grandement.
Les événements auxquels nous avons assisté ne sont que le début de la correction. Si l’on s’en réfère à la relation traditionnelle entre dette et PIB, la dette devrait s’élever à 40 000 Mds$, pas à 90 000 Mds$. Cela signifie qu’il y a énormément de dette irrécouvrable dans l’économie.
Et malgré tout le baratin que l’on peut entendre çà et là sur l’opposition entre les républicains et les démocrates, les conservateurs et les libéraux, les noirs et les blancs, il n’y a que deux groupes qui comptent vraiment. Les décideurs d’un côté. Et tout le reste de l’autre côté, ceux qui ne décident pas.
Dans une économie honnête et libre, le marché impute les pertes à ceux qui en sont responsables. Vous faites un mauvais pari ; vous perdez. Et vous servez d’exemple à tout le monde. « On ne fera pas la même erreur que cet imbécile », se disent les gens.
Dans une économie malhonnête, captive, les décideurs imputent les pertes à qui bon leur semble.
Qui paie ? Seriez-vous surpris s’ils imputaient les pertes à ceux qui ne décident pas ?
Et s’ils gardaient les canots de sauvetage pour eux ?
1 commentaire
Bjr Bill, J’aime bcp quand vous résumée a 2 camps ,les décideurs et ceux qui ne décident pas , moi je dis » les gros détenteurs du capital ( gros capitalisres) et ceux qui ne détiennent rien ou si peu » … Les gros capitalistes pensent qu’ils peuvent se passer et ignorer les non-detenteurs , mais le contraire pourrai bien arriver …et ce serai souhaitable de mon point de vue , car l’hypercapitalisme transnational est totalement NON AUTO-REFORMABLE , de par ses GENES mêmes …. Bonne journée Bill !!