Ce matin, les grands médias sont très émus. Donald Trump – qui décidément ne respecte rien, même pas les ours blancs dérivant en équilibre précaire sur des débris de banquise en voie de disparition – claque la porte des « accord de Paris ».
Pour mémoire, les « accords de Paris » sont un énorme traité international qui n’engage à pas grand-chose ses signataires. Mais les palabres préliminaires ont permis à la Parasitocratie internationale de se regrouper à de nombreuses reprises partout dans le monde en brûlant beaucoup de kérosène pour croquer des petits fours.
Les pays signataires s’engagent (très vaguement) à diminuer leur usage d’énergie fossile afin de contenir l’augmentation de température de la planète Terre en dessous de 2°C par rapport au niveau préindustriel. Il s’agit de mesures que personne ne sait vraiment faire de façon fiable et indiscutable.
Pour la Parasitocratie, le climat est un sujet important qui permet d’envisager des tonnes de paperasserie et tracasseries : milliers de normes, interdictions, subventions, incitations, taxes, faveurs et rentes pour certaines industries, punitions pour d’autres.
Même L’Agefi, le quotidien des professionnels du monde de la finance, fait passer dans son édition du jour le climat avant la faillite de la plus vieille banque italienne et presque la plus vieille banque du monde.
Que se passe-t-il donc de ce côté ?
Voici un rapide résumé de l’état clinique des banques italiennes en général et de Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS) qui présente des métastases très avancées.
Les banques italiennes sont gorgées de créances douteuses (plus de 16%).
En novembre 2016, selon la BCE, les banques italiennes détenaient près d’un tiers des 990 Mds€ de créances douteuses de la Zone euro.
Pour pouvoir « nettoyer leur bilan », c’est-à-dire rayer de leur registre comptable l’argent qu’elles ne récupéreront jamais, il faut aux banques de l’argent pour couvrir leurs pertes. Sinon elles seraient légalement en faillite et ça ce n’est évidemment pas possible puisque nous vivons une époque d’ultra-néo-libéralisme déchaîné.
Personne ne veut mettre au pot volontairement, en d’autres termes, personne ne veut donner de l’argent contre une action en espérant que la banque fasse ensuite de bonnes affaires (augmentation de capital). Dans le cas de BMPS c’est 8,8 Mds€, à peine un peu plus de 1,5 Kerviel.
Personne ne veut non plus prêter à la banque et recevoir une belle obligation assortie d’un taux d’intérêt assez minable pour financer la poursuite d’une activité dangereuse (puisque la banque est bourrée de créances douteuses).
Pour se substituer à personne, il reste évidemment l’État (c’est-à-dire les contribuables auxquels, ça tombe bien, on ne demande pas leur avis). Mais cela est désormais officiellement interdit par la « directive européenne de résolution bancaire ».
Selon ce document, c’est aux actionnaires et créanciers de mettre la main à la poche pour sauver les banques (qui sont – je vous le rappelle – trop grosses pour faire faillite). Ceci pour éviter que l’État ne s’endette (car les contribuables deviennent rétifs à l’idée de payer tout de suite) et fasse ensuite racheter cette dette par la banque qu’il vient de sauver ; notre époque ultra-néo-libérale autorise ce type d’enfumage qui n’est autre que de la cavalerie financière.
Parmi les créanciers, des déposants naïfs auxquels un guichetier zélé a fait miroiter qu’ils pouvaient avoir un petit rendement sur leurs dépôts et livrets, alors même que Mario Draghi manipule les taux pour les envoyer en dessous de zéro. Ces naïfs – qui préfèrent lire autre chose que ces sinistres chroniques – se voient alors les heureux possesseurs d’une obligation de leur banque qui ne vaudrait plus rien.
Chez BMPS, cela ferait beaucoup de gens plumés. Or ces gens votent… et ils pourraient « mal voter » lors des prochaines élections en septembre.
Après discussion avec la Commission européenne, l’Italie vient d’arracher l’autorisation d’une entorse au « système de résolution bancaire » (qui donc ne résout rien) : un peu d’argent du contribuable, un peu d’argent des actionnaires et on ne demande rien aux petits déposants qui pourraient se fâcher. Il faut aussi que BMPS trouve un repreneur pour son portefeuille de créances douteuses.
Pour calmer le bon peuple, L’Agefi nous apprend que :
« Le management de la banque verra dans ce cadre sa rémunération plafonnée à 10 fois le salaire moyen des employés. La Commission a par ailleurs précisé que BMPS devra indemniser les investisseurs particuliers auxquels elle a vendu à tort de la dette junior. Ces investisseurs se verront proposer de la dette plus sécurisée. »
Il fallait bien un peu de démagogie pour que le tableau soit complet…
Les banques italiennes ne sont pas les seules à être en piteuse santé. L’Agefi encore :
« Des discussions sont toujours en cours avec Bruxelles pour trouver une solution de sauvetage pour Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca. Le secteur bancaire italien n’est pas le seul à susciter des inquiétudes. L’action Banco Popular a chuté de 15% hier. Les difficultés rencontrées par la sixième banque espagnole pour trouver un repreneur laissent craindre un bail-in« .
Le système monétaire et financier actuel présente une maladie génétique mortelle : il n’y a aucune limite au crédit et donc il n’y a non plus aucune limite à la dette, comme vous l’explique Bill Bonner dans sa chronique. Or une dette doit être remboursée. Admettre les défauts à grande échelle, c’est admettre que la « monnaie » au sens actuel ne vaut rien.