« Attention ! Il y a une méduse, là ! » [NDLR : en français dans le texte !] cria hier un petit garçon tandis que je trempais un orteil dans les belles eaux bleues de la mer Méditerranée à Cannes.
« Ah oui« , répondis-je. « Je la vois« .
« Qu’est-ce que c’est ? » me demanda mon fils Ethan.
« Une méduse ».
« Ça, c’est pas bon ».
« Oui », acquiesçai-je, « mais elle est petite et probablement morte ».
« Même », répliqua Ethan, « je ne veux pas retourner dans l’eau maintenant ».
« Mais ne t’inquiète pas », le rassurai-je.
« Pourquoi on ne la sort pas de l’eau ? » me demanda Ethan.
« Si tu veux. Va chercher un filet ou quelque chose de ce genre ».
Quelques minutes plus tard, armé d’un filet emprunté à un plagiste, les touristes américains que nous étions s’attelèrent à rendre cette partie du littoral français un peu plus agréable aux nageurs.
« La voilà ! » s’exclama Ethan, tandis que je plongeais le filet dans l’eau et ramassais la bête.
Mais alors que je me dirigeais vers la poubelle la plus proche pour y déposer ma prise, Ethan cria : « hé ! En voilà deux autres ! »
Je revins alors au bord de l’eau et répétais le même exercice : je plongeais le filet dans l’eau et attrapais une méduse, tout comme la première fois. Mais alors que je soulevais le filet, une vive sensation de brûlure m’élança dans le pied.
C’était la méduse numéro 3.
Si elle marqua un point pour l’espèce des méduses elle n’échappa pas pour autant au filet.
Tandis que j’examinais mon pied cloqué et douloureux, je me disais : « hé ; c’est le prix à payer ».
Il n’est pas aisé d’être piqué par une méduse à Cannes, en particulier si vous êtes un Américain et que vous vous trouvez à 10 000 kilomètres de chez vous. Vous devez mettre de côté assez de temps et d’argent pour acheter un billet d’avion, payer votre hébergement, rester étendu sur un transat jusqu’à ce que vous soyez assez réchauffé par le soleil pour plonger à l’eau PUIS vous confronter à une méduse. Il n’est pas très facile de subir ce genre de contrariété.
▪ Une piqûre de méduse à Cannes appartient au même genre de privilège pervers que faire un bogey sur le 18e trou sur le green de Pebble Beach ; renverser du Dom Pérignon sur sa cravate ; érafler sa Mercedes Gull Wing contre un chariot de courses… ou posséder de l’or durant une correction.
En l’espace de quelques jours de trading la semaine dernière, le prix de l’or a plongé d’un plus haut de 1 910 $ l’once lundi dernier à 1 712 $ trois jours plus tard. Ceux qui n’avaient jamais possédé de l’or auparavant, et qui ont toujours eu du mépris pour ce métal précieux, se sont alors précipités pour déclarer « la fin de la bulle de l’or ». Bon nombre de ceux qui possédaient de l’or se demandèrent si les opposants à l’or n’auraient pas raison cette fois-ci.
Mais quelques-uns de ceux qui possédaient de l’or, en particulier ceux qui en possédaient depuis un certain temps, ont reconnu que cette chute était le prix à payer pour leur succès. Autrement dit, cette chute n’était douloureuse que si vous étiez l’un de ces investisseurs qui croit vraiment en l’or. Et si vous êtes vraiment un adepte de l’or, vous l’avez sans doute acheté à moins de 1 712 $ l’once, peut-être même à beaucoup, beaucoup moins que ça.
Une chute de 200 $ en trois jours n’est pas rien mais peut-être n’est-elle pas pire qu’une piqûre de méduse à Cannes. Pour mettre en perspective, 1 712 $ n’aura été un record historique pour l’or que tout récemment, c’est-à-dire le 5 août dernier ! Même après la récente chute, le prix de l’or est en hausse de 10% sur les 30 derniers jours et de 45% sur les 12 derniers mois. Par comparaison, l’indice S&P 500 est en baisse de 6% sur les 30 derniers jours et en hausse seulement de 15% sur les 12 derniers mois.
Personne n’aime les piqûres de méduse, ni une chute soudaine de 10% de la valeur d’un investissement. Et personne n’aime faire un bogey sur le dernier trou de la journée, tacher sa cravate ou érafler le pare-chocs de sa voiture.
Mais le contexte prime. Certaines contrariétés valent la peine d’être appréciées.