▪ Paris en a terminé vendredi sur un rebond de 0,86%, ce qui limitait le repli hebdomadaire à 1% (contre 2% la veille). Aucun support majeur n’a été menacé, les volumes restent anémiques et le micro-trading règne en maître ; il s’agit toujours de ce même « effet mixer » que nous décrivions vendredi.
Les places européennes ont gagné 0,7% (à l’image de Francfort) sur l’espoir qu’une solution douce soit apportée au problème grec. On entend par solution douce un rééchelonnement (ou encore plus pudiquement un reprofilage) qui ne serait qu’une restructuration qui ne dirait pas son nom.
Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schaübele, a qualifié le scénario de dévaluation de la dette grecque de catastrophe absolue ; un choc systémique de type Lehman mais en pire.
Le marché avait la tête perdue dans des nuages roses vendredi au cours des tout premiers échanges. Le CAC 40 avait gagné jusqu’à 1,5% (manquant de peu la fermeture du gap des 3 983 points du 20 mai) du fait de la forte pondération des banques dans l’indice.
▪ D’après un article du Financial Times, certaines d’entre elles vont pouvoir renforcer leurs bilans grâce aux sommes correspondant aux fonds propres de leurs filiales d’assurance-vie pour satisfaire aux exigences de Bâle III.
La confusion des fonds propres des banques et assurances avait été autorisée aux Etats-Unis à la fin des années 90. L’abolition du Glass-Steagal Act avait conduit à l’explosion des leviers spéculatifs et à la catastrophe de 2008.
Le Crédit Agricole serait le principal bénéficiaire d’une telle mesure mais c’est BNP Paribas qui ressort comme le grand gagnant de la semaine au sein du CAC 40. BNP affiche un score global de 2,25% tandis que la banque verte recule symétriquement. Grâce à son envolée de 5% vendredi, Dexia affichait un gain hebdomadaire de 1,3%.
Les replis ont été beaucoup plus nombreux et traduisaient l’ébauche d’une rotation sectorielle au détriment du compartiment des technologiques et des valeurs cycliques — sans que cela débouche sur des écarts spectaculaires, toutefois. STMicro et Alcatel lâchaient 3%, Publicis 2,9%, GDF-Suez 2,55%, Bouygues 2,5%, Schneider 2,25% et Lafarge, Alstom ou Véolia 2%.
Les scores n’ont pratiquement plus évolué vendredi à partir de l’heure du déjeuner. Les marchés n’ont pas réagi aux statistiques américaines. C’est sûrement une bonne chose pour les acheteurs car le tableau macro-économique n’est guère souriant.
▪ La seule bonne surprise du jour concernait l’indice UMich (université du Michigan) de confiance des consommateurs américains. Il a été révisé en hausse à74,3 en mai, là où les économistes anticipaient une confirmation de l’estimation préliminaire qui était de 72,4 (après 69,8 en avril).
En revanche, les promesses de ventes de logements au titre du mois d’avril ont plongé de 11,6% le mois dernier en rythme séquentiel, et de 25% en rythme annuel.
Les dépenses de consommation des ménages américains ont progressé de 0,4% en avril, soit un peu moins que le consensus de 0,5%. Leurs revenus ont aussi augmenté de 0,4% conformément à la prévision moyenne des économistes. L’indice des prix à la consommation (PCE) affichait +0,5%, conformément aux attentes.
Malgré un déferlement de statistiques bien décevantes tout au long de cette semaine, Wall Street affichait vendredi soir sa confiance à la veille d’un long week-end de trois jours ; ce lundi 30 est férié aux Etats-Unis en raison du Memorial Day.
A la mi-séance, les indices américains gagnaient entre 0,4% (Dow Jones, S&P) et 0,5%. Le Nasdaq se hissait vers 18h au contact des 2 800 points avant de se tasser vers 2 795 points.
Rien que de très encourageant vu le contexte, d’autant qu’un petit coup de pouce en fin de séance suffisait à éviter d’aligner une quatrième semaine négative d’affilée.
▪ Le climat économique se tend vers un ralentissement aussi bien en Asie (voulu par la Chine) qu’aux Etats-Unis et en Europe — l’indice ESI du sentiment économique se dégrade de 0,6 point à 105,5 ce mois-ci. Il n’est donc pas étonnant que le bilan boursier hebdomadaire s’avère légèrement perdant (-1,2% sur l’Euro-Stoxx 50).
Ce mois de mai s’achève sur une consolidation de -5% qui efface 90% des gains engrangés depuis le 1er janvier. Cependant, la pente du canal baissier demeure très modérée : cette décrue des cours reste clairement « sous contrôle ».
Après le pic de volatilité à la baisse de lundi, les indices américains et européens se sont mis à dériver latéralement au sein d’une fourchette beaucoup trop étroite (moins de 1% durant quatre séances). Dans un tel contexte, difficile d’écarter l’hypothèse d’une intervention bien orchestrée de la part d’opérateurs influents pour éviter tout dérapage indiciel sous des supports décisifs.
Mission accomplie, comme en novembre 2007, lorsque le concept du krach systémique des dérivés de crédit était le sujet tabou entre tous… comme la question de la solvabilité des Etats aujourd’hui.