▪ Les séances se suivent… et le visage de la Bourse semble s’être figé dans une sorte de sourire extatique, mais détaché de toute cause identifiable.
Seule une fraction très minoritaire d’opérateurs commence à penser qu’il règne sur les marchés un climat technique un peu étrange.
C’est peu de chose mais c’est cependant une évolution majeure par rapport à l’euphorie béate suscitée par des indices grimpant comme des haricots magiques. Pourquoi ce phénomène ne cesse-t-il de nous étonner ?
Serions-nous seul à avoir perdu notre âme d’enfant ?
Il nous arrive même de penser que cette aubaine engendrera un prix à payer exorbitant.
Rassurez-vous, cependant, une majorité de gérants parie toujours qu’après la hausse quasi ininterrompue des huit derniers mois, les marchés vont connaître — au pire — une dérive latérale, à moins que le CAC 40 par exemple ne s’élance avec hardiesse en direction des 3 800 points dès la fin de cette semaine.
Eh oui, après deux trimestres au régime champagne/vodka/mojito, celui qui inaugure 2013 sera arrosé au cognac, histoire de ne pas laisser s’installer une sensation de gueule de bois !
▪ Tout est sous contrôle
En ce qui concerne la consolidation à l’horizontale, le pire des scénarios des permabulls, il semblerait que nous soyons en plein dedans et que la seule issue envisageable soit une sortie par le haut avec les 4 000 points en ligne de mire à Paris, les 3 000 points sur l’Euro-Stoxx 50 et le record historique des 1 560 points sur le S&P 500.
L’impression que tout est sous contrôle nous agace et parfois nous angoisse, mais d’autres trouvent la situation très confortable. Ils se laissent porter par la vague — d’autant plus volontiers qu’elle est haussière.
S’ils ne savaient pas vraiment expliquer à des épargnants incrédules pourquoi moins il y a d’embauches, moins il y a de consommation, moins d’investissement plus les cours montent, le magazine Barron’s leur fournit tout un corpus d’explications fumeuses et d’expressions-valises qui enterrent le débat.
La plus appréciée des stratèges reste à l’évidence « l’appétit pour le risque est de retour ».
▪ Mode risk on : à tous les coups on gagne !
Nous sommes passés en mode risk on et cela ne souffre aucune contestation ! Comment voulez-vous que le non-initié réplique à cela ?
Pour simplifier : en mode risk on, pile le marché monte, face, il ne baisse pas.
Si vous tenez à savoir pourquoi, c’est grâce aux taux bas.
Et pourquoi les actions japonaises ont-elles vu leurs cours divisés par trois en 20 ans ?
Si vous tenez à savoir pourquoi, c’est à cause des taux bas !
Si les marchés ne rebaissent pas… c’est aussi à cause des taux bas. Les faiseurs d’opinion n’ont pas fini d’amuser le bon peuple avec ça !
En attendant, les sherpas font absolument ce qu’ils veulent avec les indices boursiers.
A Paris, les jeux étaient faits dès l’ouverture. Le CAC 40 avait ouvert en hausse de 0,31% à 3 717,47 ; il clôture en hausse de 0,31% à 3 717,45 points. Difficile de faire plus précis !
Paris a en effet clôturé hier — tout comme la veille — sur une hausse purement symbolique, à l’issue d’une séance où 90% des échanges se seront déroulés entre 3 705 et 3 720 points, avec pour la sixième fois en six séances un plafonnement en intraday sous les 3 733 points.
La seule différence par rapport à la séance de mardi, ce sont les volumes qui s’étoffent un peu, passant de 2,25 milliards d’euros à 2,85 milliards d’euros. L’activité retrouve juste des niveaux correspondant à une petite moyenne, grâce surtout aux 200 millions d’euros échangés sur France Telecom qui a bondi de 5%.
C’est presque un miracle de voir ce titre — considéré comme de la dead money — rebondir. En effet, le marché a perdu toute capacité à déterminer la valeur d’un actif puisqu’incapable de corriger ses excès.
▪ C’est les soldes sur les marchés, profitez-en !
Pour filer la métaphore sur la thématique des soldes, dès que les prix se mettent à baisser, personne n’achète parce qu’on attend la seconde démarque dans une semaine… puis les « prix sacrifiés » la semaine suivante… puis la « grande braderie » à la fin du mois… puis l’opération « coup de balai » début février… et on ne commence à acheter que lorsque la boutique affiche « liquidation des stocks » pour cause de dépôt de bilan.
Mais depuis mai dernier, nous vivons le scénario inverse avec le syndrome de la salle d’enchères réservée aux millionnaires et du commissaire priseur aux poches profondes — vous aurez de toute évidence reconnu la Fed. Son rôle consiste à alimenter en liquidités illimitées la poignée d’enchérisseurs qui se disputent le privilège d’entretenir une flambée inexorable des oeuvres inscrites sur le listing, sous les yeux médusés du grand public.
Comme de juste, les enchères ont continué de grimper mercredi soir et la séance a été marquée par l’inscription de pas moins trois records. Un record historique à 880 points sur le Russell 2000 et un nouveau plus haut absolu pour le S&P 400 qui regroupe les principales valeurs moyennes de la cote.
Le Dow Transport quant à lui n’est pas en reste. Pas de record absolu hier soir (il s’en est fallu de peu) mais un plus haut depuis mai 2011.
Chaque jour de stagnation de Wall Street (cela en fait six d’affilée) voit un nouveau contingent de valeurs vedettes du S&P repousser les limites du connu en termes de valorisation… cela avec toujours moins d’acheteurs mais aussi et surtout avec plus aucun vendeur.
N’est-ce pas ce qui caractérise techniquement une bulle boursière prête à éclater ?
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Seule une fraction très minoritaire d’opérateurs commence à penser qu’il règne sur les marchés un climat technique un peu étrange.
Démagogie