Pourquoi les Bourses s’envolent et pourquoi les politiques monétaires actuelles ne servent à rien : il y a une explication claire à tout cela… mais la majorité des économistes l’ignore !
Vous savez que mon cadre analytique est très différent de celui des économistes classiques ou grand public.
Je ne considère pas l’offre et encore moins la demande comme les moteurs de l’économie.
Nos économies sont capitalistes, pas socialistes ; leur moteur, c’est le profit et l’accumulation du capital.
On fait du business non pas pour satisfaire des besoins – cela, c’est le socialisme –, on fait du business pour s’enrichir.
Par conséquent, la donnée la plus importante pour juger à la fois de l’état de santé du système et de ses perspectives, c’est le profit : est-il suffisant, est-il en hausse, est-il en baisse… et surtout, est-il assez important pour rentabiliser tout le capital considérable qui est accumulé dans nos systèmes ?
Y en a-t-il assez pour satisfaire les capitalistes ?
Donc la donnée la plus importante, c’est le ratio de profitabilité du capital, ou encore le ratio de la masse de profit secrété divisée par la masse de capital dans le système.
Le profit est la donnée majeure, la pierre angulaire du système, ce sur quoi le système repose.
C’est le moteur et c’est le carburant. C’est ce qui meut le système.
La monnaie comme moteur ?
Notez en passant que les idiots/simplets qui gèrent le système en arrivent à croire que la monnaie qu’ils créent peut remplacer le profit comme moteur ! Depuis 2009 qu’ils nous inondent de monnaie sans résultat, ils devraient quand même comprendre.
C’est le profit qui incite à investir. L’investissement se décide donc en fonction du profit passé et du profit attendu, pas en fonction de la demande comme le croient les économistes classiques et les gouvernements qui les écoutent.
Le profit produit l’incitation à l’investissement, l’investissement produit l’emploi, l’emploi permet de distribuer les revenus du travail et le capital se reproduit et ainsi de suite.
La crise du système qui a débuté au milieu des années 60 et a conduit à la financiarisation comme remède à la profitabilité insuffisante, cette crise s’enracine et s’approfondit car nos systèmes continuent de produire moins de profit que de capital : nos systèmes voient le ratio de profitabilité avoir tendance sans cesse à s’éroder.
Trop de capital pour pas assez de profit à se partager. Tout est là.
Fausses théories
Comme ces gens raisonnent faux avec des théories fausses, rien d‘étonnant s’ils se trompent et s’ils sont incapables de trouver des remèdes aux crises !
Comme Gribouille qui se jetait à l’eau pour ne pas être noyé, nos autorités continuent de créer du capital fictif, font monter la Bourse, émettent des dettes – qui sont du capital –, et ainsi aggravent la crise de l’insuffisance de profit.
Les comptabilités nationales ne sont pas conçues pour donner les bons outils et permettre de bien suivre à la fois les profits et le capital engagé dans le système. Les données boursières sont hédoniques, conçues pour faire monter les cours. Il est donc difficile de suivre l’évolution des profits rapportés au capital.
L’approximation des profits réels ci-dessous est officielle, puisqu’elle vient de la Fed de Saint-Louis, qui est la plus compétente. Vous voyez que les profits, contrairement à ce que la Bourse et les boursiers croient, stagnent en fait depuis très longtemps, alors que la masse de capital et la fortune des capitalistes a cru de façon astronomique !
« Les profits des entreprises stagnent déjà. Hors taxes et inflation, les profits des entreprises sont au même niveau qu’au T4 2011. Il n’y a eu aucune croissance réelle des profits pour l’économie dans son ensemble depuis neuf ans. Cette tendance de long terme est liée à des investissements et une croissance obstinément faibles. »
Notez la dernière ligne qui attribue l’érosion des profits à la faiblesse de l’investissement et de la croissance ! C’est une inversion des causes et effets : c’est parce qu’il n’y a pas assez de profit qu’il n’y a pas assez d’investissement et de croissance.
Et pourquoi n’y a-t-il pas assez de profit ? Parce qu’il y a trop de capital accumulé qui demande sa part ; c’est déflationniste – et du coup, ce capital joue en Bourse, spécule, se rachète lui-même. Il fait grève de l’investissement !
Plaquez un graphique de la Bourse sur ce graphique des profits et vous comprendrez tout – en particulier pourquoi la bulle est insoutenable sauf à continuer de gonfler, de façon accélérée, les masses monétaires.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]