La Bourse permet d’exploiter les épargnants mal informés – et avec la crise du coronavirus, on monte d’un cran dans la spoliation.
La Bourse est un lieu d’exploitation des épargnants. Je l’écris, je le démontre et je le critique régulièrement.
Le principe de l’exploitation des épargnants par la Bourse repose sur trois phénomènes : la stimulation de l’esprit de jeu, la tonte des moutons et le levier.
– par l’esprit de jeu stimulé ils vous vendent des billets de loterie au-dessus de leur prix ;
– la tonte des moutons consiste pour le système bancaire à vous scalper, c’est-à-dire à intervenir avant vous sur le marché (front trading) pour engranger l’écart ainsi produit sur votre dos.
– par le levier, ils utilisent votre argent, de l’argent stable qui supporte les risques pour s’endetter. Vous misez et sur cette mise, eux s’endettent ! Ainsi, ils démultiplient leur rentabilité. C’est ce que font tous les milliardaires, d’Arnault à Bolloré ou Pinault.
L’un de mes premiers articles quand je suis entré dans ce métier boursier il y a près de 60 ans s’intitulait « De l’exploitation de ceux qui financent l’investissement » ; c’est resté l’un de mes meilleurs pour sa clarté et sa lucidité.
Anes ou fantassins
Les petits épargnants sont les fantassins – ou plutôt les ânes. Ils portent le barda de foin, comme l’âne… et de ce foin, il n’en mange qu’une poignée. Les riches et le gouvernement, eux, se partagent la charge que l’âne a porté !
Cette poignée, c’est le misérable, le minuscule, dividende – lequel ne représente qu’une infime partie de l’enrichissement des ultra-riches sur son dos.
Pourquoi tous les gouvernements vous demandent-ils d’investir et de prendre soi-disant des risques ? Parce que pour eux, c’est de l’argent quasi-gratuit. C’est de l’argent à haut pouvoir car il permet de s’endetter.
Un euro de capital permet deux euros de dettes… donc un euro qui vous appartient = trois euros dont ils jouissent !
Comment croyez-vous qu’Arnault a édifié sa fortune ? Et Bolloré ? En faisant levier sur les petits épargnants après avoir profité l’un et l’autre, comme on ne le dit jamais assez, d’un « crime financier initial ».
Double spoliation
On se propose donc désormais de spolier doublement les épargnants. On veut couper les dividendes, après avoir encore, il y a 15 jours, conseillé aux épargnants de se précipiter en Bourse lors d’une émission télé !
La bonne conscience dégoulinante des profiteurs : Engie, Dassault Aviation, M6, la Coface, Amundi, le Crédit Agricole, Bouygues… Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à renoncer à verser un dividende pour mieux affronter la crise du coronavirus.
Ceux qui ont besoin de dividendes comme complément de retraites, ce sont des gens moyens à qui on a retiré le rendement des Caisses d’épargne et que l’on a fait venir en Bourse pour avoir un petit revenu. Non seulement ils perdent 30% de leur capital mais ils perdent le revenu !
La Bourse est un lieu d’exploitation des petits épargnants au profit des gros et du gouvernement, ils font levier sur lui.
Ne suivez pas les conseils de ceux qui vous font les poches.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]