Les scènes qui se sont déroulées au Capitole, à Washington, la semaine dernière ont médusé le monde entier – mais elles dissimulaient des nouvelles autrement plus importantes…
Fermez tout à clé. Envoyez vos filles et vos épouses se mettre en sécurité dans un couvent au Paraguay. Et vendez ! Les barbares sont à nos portes… non, trop tard, ils les ont enfoncées !
Les forces de l’ordre américaines étaient apparemment parties en vacances la semaine dernière, permettant à des « manifestants » clownesques de semer la pagaille au Capitole, à Washington.
Mais tandis que tous les yeux étaient tournés vers les scènes de destruction, des nouvelles plus importantes arrivaient – en provenance de Géorgie… et de Wall Street.
En Géorgie, les républicains ont perdu le contrôle du Sénat US. Lorsqu’ils sont aux commandes, les républicains se sont révélés tout aussi épouvantables – voire pires – que les démocrates. Ronald Reagan, George Bush II et Donald Trump ont été les plus gros dépensiers de l’histoire récente.
Lorsqu’ils ne sont pas au pouvoir, en revanche, les républicains reviennent à leur religion à l’ancienne – gouvernement limité, politique monétaire stricte et budgets équilibrés. C’est aux conservateurs, par exemple, que l’on doit en grande partie la période d’excédent budgétaire sous Bill Clinton ; ils l’ont empêché de dépenser de l’argent.
Le meilleur résultat de l’élection de 2020 aurait donc pu être une victoire de Joe Biden assorti d’un contrôle solide des républicains au Sénat. Les plans de dépenses et de taxation des démocrates auraient pu être bloqués.
Un virage majeur
A présent, la défaite des deux républicains géorgiens pourrait coûter cher au pays.
Le marché obligataire commence à discerner ce qui est gribouillé sur les murs du Capitole : « on récolte ce que l’on sème ».
Bloomberg :
« Les bons du Trésor US atteignent les 1% suite à la victoire démocrate ; ce n’est peut-être qu’un début.
Les rendements des bons du Trésor US ont dépassé les 1% pour la première fois depuis les turbulences liées à la pandémie en mars, et cette vague de ventes n’en est peut-être qu’à ses tout débuts si les démocrates s’assurent le contrôle du Sénat US. »
Les obligations du Trésor US sont l’épine dorsale du système financier mondial tout entier. Une hausse des rendements pourrait signifier un appétit accru pour l’emprunt (signalant une expansion de l’économie).
Il est plus probable, dans ce contexte, qu’ils nous disent que le monde perd confiance dans le dollar américain.
Bloomberg nous disait aussi ceci, courant de semaine dernière, qui appuie notre théorie de « l’inflation ou la mort » :
« Les intervenants voient l’inflation US atteindre en moyenne 2% par an sur la décennie qui vient – c’est la première fois que les attentes grimpent aussi haut depuis 2018. »
Est-ce possible ? Sommes-nous vraiment à un virage majeur… où les prix des T-Bonds baissent tandis que les rendements augmentent ? La semaine dernière marquait-elle un point d’inflexion… où tout ce que nous avons tenu pour acquis ces 40 dernières années – déclin de l’inflation, taux d’intérêts bas ou en baisse et augmentation des cours boursiers – se renverse soudain ?
Une pente glissante
Quant à l’empire américain… qui repose entièrement sur la vigueur du dollar – est-ce le début de la fin pour lui ? Les Chinois, les Iraniens, les Russes, etc. se présenteront-ils bientôt avec une devise concurrente… qui sera peut-être plus solidement liée au monde réel ?
Pendant 224 années, la puissance et la richesse des Etats-Unis ont augmenté. Selon nous, le pays a atteint un sommet aux alentours du début du siècle, il y a 20 ans.
Depuis, il baisse lentement mais sûrement. Désormais, la pente s’est soudain faite bien plus raide et plus glissante.
Le cycle du crédit – du plancher au sommet, puis retour – dure environ 70 ans. Cela suffit pour qu’une génération apprenne… et que la suivante oublie.
Le dernier plancher des rendements du Trésor US a eu lieu après la Deuxième guerre mondiale. La semaine dernière marquait-elle un nouveau plancher historique des rendements ? Nous ne le saurons pas avec certitude avant des années.
Le marché boursier évolue lui aussi en grands cycles longs… du boom au krach puis à nouveau au boom… sur de nombreuses décennies. Nous le voyons très clairement en filtrant le « bruit » causé par un dollar US peu fiable.
En 1980, les actions ont atteint un plancher historique. A l’époque, on pouvait acheter le Dow tout entier – toutes les 30 actions composant l’indice – pour à peine plus qu’une once d’or.
De là, les actions ont grimpé jusqu’en 2000, atteignant un sommet 42 fois plus élevé (il fallait 42 onces d’or pour acheter les actions du Dow en janvier 2000).
Depuis, les actions ont recommencé à baisser, en termes d’or… le Dow valant actuellement quelque 16 onces d’or.
(Une supposition : nous prévoyons que les prix des actions grimpent à l’avenir – flottant sur l’inondation de monnaie papier de la Réserve fédérale et autres banques centrales. En termes d’or, en revanche, ils vont probablement continuer sur leur lancée baissière.)
Une récolte abondante
La monnaie « papier » n’est pas non plus insensible aux cycles. Elle va de la création à la crémation… sans jamais survivre à un cycle du crédit complet. Comme une fleur délicate, elle s’épanouit en couleurs vives… mais se flétrit rapidement.
Parce que quand l’argent se fait rare – avec une hausse des taux d’intérêt réels – les autorités ne parviennent pas à résister à la tentation d’imprimer plus.
Ce qui a été semé en 2020, c’est le chaos financier, politique et social…
A présent, 2021 promet une récolte abondante… d’amertume… de pertes financières… et de perturbations économiques.
Les démocrates accuseront les républicains. Les conservateurs accuseront les progressistes.
Mais qui peut-on vraiment accuser du coucher du soleil ?