Tout va bien dans le meilleur des mondes bancaires, ce sont les stress tests qui le disent. Si, si, même pour les établissements en faillite effective…
Depuis 10 ans, on vous dit qu’on est sortis de la crise, qu’on va faire baisser le chômage, qu’on va augmenter le pouvoir d’achat, qu’on va diminuer les impôts, qu’on va relancer la croissance, que les banques vont mieux, qu’il n’y a plus de risque, que plus aucune société ne fera faillite, qu’on va nettoyer et sauver la planète, qu’on va sortir tout le monde de la misère, qu’il n’y aura plus de guerres…
… Bref, que nos élites s’occupent de tout pour notre plus grand bonheur.
Ayez confiance !!
Pour commencer, si [les citoyens] [n’ont] pas une mémoire de poisson rouge, [ils doivent] commencer à avoir des doutes car la réalité diffère quelque peu du cahier des charges.
Depuis quelques semaines, des informations [bancaires] que tous les vrais professionnels connaissent depuis longtemps sont devenues publiques.
Les fonds H2O qui ont été mis dans tous les portefeuilles d’assurance-vie et autres – comme en leur temps les fonds Carmignac – sont extrêmement dangereux car ils utilisent des actifs illiquides et des effets de levier énormes.
Une banque, que dis-je, LA Banque, la Deutsche Bank (DB) est en faillite. Elle fait pourtant partie des too big to fail [les banques « trop grosses pour faire faillite », NDLR]. En l’occurrence, ce serait plutôt « plus c’est gros, plus ça fait du bruit quand ça tombe » !
Tous les ans, depuis 2008, on fait passer des stress tests aux banques, en Europe et aux Etats-Unis, pour connaître leur capacité à résister en cas de crise. L’examen est fait pour que tout le monde l’ait avec la mention TB, sauf une toute petite banque dont personne n’a jamais entendu parler que l’on met alors à l’index pour bien montrer que ce n’est pas du bidon.
Il faut à tout prix faire croire que les banques sont solides car dans le cas contraire le risque de bank run pourrait bien se matérialiser. Aucune banque ne peut résister si ses clients retirent leur argent.
Les banques centrales qui n’ont rien vu venir pour la crise des subprime alors qu’elles étaient censées surveiller les banques nous expliquent qu’on ne les y reprendra plus, que maintenant la surveillance est plus pointue, et que tout est sous contrôle. En Europe, les autorités ont mis en place l’Union bancaire.
Plein de machins européens pour le contrôle bancaire
Le projet d’Union bancaire a été lancé en 2012 avec deux objectifs. Le premier a été la mise en place d’un Mécanisme de surveillance unique, le MSU, sous l’égide de la BCE. Le second devait donner au Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds commun de la Zone euro alors en cours de création, la possibilité de recapitaliser directement les banques. Mais l’Allemagne a imposé des conditions de fonctionnement à ce fonds qui le rendent inutilisable.
Le 4 novembre 2014, la BCE est devenue l’autorité unique habilitée à accorder ou à révoquer des licences bancaires dans la Zone euro, en substitution des 19 institutions nationales. Elle est généralement reconnue comme plus rigoureuse que les autorités nationales qu’elle a remplacées. (Normalement, même si ce n’est pas évident, vous devriez rire à cette dernière phrase.)
En 2012 toujours, les chefs d’Etat ont décidé de la mise en place d’un Mécanisme de résolution unique, le MRU, pour la restructuration des banques non-viables. Opérationnel depuis le 1er janvier 2016, le MRU est organisé autour d’une nouvelle institution, le Conseil de résolution unique, le CRU, établi à Bruxelles.
Il prend les décisions majeures en matière de résolution bancaire et dispose pour ce faire d’un Fonds de résolution unique (FRU), abondé progressivement par les banques de la Zone euro pour atteindre en 2024 une taille cible d’environ 60-70 Mds€.
Fin juin 2018, ce fonds, créé après la crise, a grossi pour atteindre quelque 24,9 Mds€, près de la moitié du montant visé à la fin de 2023 : le Conseil de résolution unique a en effet annoncé le 24 juillet dernier avoir collecté 7,5 Mds€ de plus en un an. L’objectif est d’atteindre au moins 1% du montant total des dépôts bancaires couverts en 2023.
Les différents machins européens sont en place !!
Des méthodes d’évaluation toujours aussi efficaces
Les contrôleurs se basent essentiellement sur le respect des procédures et ne comprennent généralement pas les opérations et les risques liés à ces opérations. On ne contrôle plus ce que la banque fait réellement, mais on est censé contrôler les rapports de contrôle que la banque rédige sur ses propres contrôles.
Vous comprenez pourquoi personne à la SEC (le gendarme financier américain) n’a vu quoi que ce soit chez Madoff !
Sachez de plus que les méthodes d’évaluation du risque n’ont pas changé depuis 2008. Pour simplifier, on utilise toujours la loi de Gauss, c’est-à-dire une méthode probabiliste qui ne fonctionne pas pour les événements non indépendants (catastrophes naturelles, marchés financiers, économies…), alors que les mathématiciens l’ont démontré depuis longtemps déjà.
Les risques de marché ne sont pas probabilisables et quand ils se réalisent, la réalité est bien supérieure à ce qui était modélisé, la perte peut dépasser 100%, en particulier pour les produits dérivés avec effet de levier dont les banques font un usage massif.
L’aspect contrôle des risques est un échec comme on a pu le voir l’année dernière avec les trois banques italiennes qui ont fait faillite, comme on le voit aujourd’hui avec la Deutsche Bank et comme on le verra avec Société Générale et toutes celles qui vont venir qui auront pourtant brillamment passé les stress tests.