▪ Oh là… que se passe-t-il ? L’or a pris une raclée la semaine dernière, passant sous les 1 200 $ en clôture.
Vous vous rappelez quand l’or a commencé sa correction, depuis les 1 900 $ et plus ? Nous avions dit que la correction effacerait la moitié du gain… ce qui mettrait le plancher à 1 150 $ environ.
L’or s’est approché de ce niveau un jour… puis a rebondi. On aurait dit que la correction était terminée. Si l’or ne rebondit pas une nouvelle fois, nous pourrions connaître un effondrement plus vicieux encore.
Pourquoi ? Est-ce parce que la Fed est désormais en mode "resserrement" ? La Grande expérience est-elle terminée ? Est-ce un succès ?
Ou bien les investisseurs aurifères ont-ils mal jugé les choses ?
Nos suppositions : non, non, non et non. La Grande expérience n’est pas terminée. La Fed ne resserre pas. L’économie ne s’est pas remise. Et les investisseurs aurifères ont bien compris que les politiques de la Fed n’engendreront ni la croissance… ni l’inflation. Au lieu de ça, elles mènent à la stagnation, qui pourrait durer de nombreuses années. Il suffit de regarder le Japon. Le jour de l’or viendra ; simplement, ce ne sera peut-être pas demain.
"La décision de tapering de la Fed signe la fin de l’époque de l’argent facile", déclare le Financial Times.
Le Financial Times semble ne jamais rien comprendre, au moins dans ses pages d’opinion. Le rédacteur Martin Wolf est un géant dans son domaine. Et pour éviter que les lecteurs continuent à penser clairement après l’avoir lu, il a fait appel à Larry Summers pour obscurcir toute clarté résiduelle.
Toutefois, le cahier "Actualités" du journal est rarement aussi embrouillé que les pages d’opinion. Jeudi dernier, il y a eu une exception. La décision de Bernanke de réduire le QE de 10 milliards de dollars par mois ne peut pas vraiment être qualifiée de ‘fin de l’époque de l’argent facile". Bernanke augmente toujours le bilan de la Fed de 900 milliards de dollars par an. Non seulement ça, mais il a clairement fait comprendre aux investisseurs que l’ère de l’argent facile n’était de loin pas terminée.
Les taux d’intérêts américains vont probablement rester proches du zéro "bien après que le taux de chômage passe sous les 6,5%" a-t-il déclaré au reste du monde.
Combien de temps cela représente-t-il ? En dépit de toutes les mentions de "transparence", nous n’en avons pas une idée plus claire maintenant qu’avant qu’il n’ouvre la bouche. Comme toujours, la Fed peut faire ce qu’elle veut quand elle le veut. Et elle peut le faire pour ses propres raisons.
▪ Voyons le bon côté des choses…
Lorsque les choses ont mal tourné en 2008, le secrétaire au Trésor US de l’époque, Timothy Geithner était au téléphone quasiment 24h sur 24 avec le chef de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein. Faut-il alors s’étonner que les autorités se soient ruées sur le lieu de l’accident avec des anti-douleurs ? Est-ce vraiment un mystère que l’industrie financière y soit désormais accro ?
Non. Ici à la Chronique, nous aimons garder les choses simples. Nous ne comprenons pas lorsque c’est trop complexe. Le gros de l’histoire est tel que suit :
Le rôle du gouvernement est de protéger ceux qui le contrôlent — c’est-à-dire quasiment toujours ceux qui possèdent le plus d’actifs.
C’est pour cette raison que le gouvernement est (quasiment) toujours extrêmement conservateur lorsqu’il envisage l’avenir, et fait de son mieux pour l’empêcher de se produire.
Mais le capitalisme regarde vers l’avant. Il a besoin de l’air et de la lumière d’une économie libre… où les gens peuvent échouer aussi bien que réussir.
Les élites pervertissent donc peu à peu le capitalisme, qui passe d’un système dynamique plein de booms et de krachs à un programme de connivence destiné à protéger les riches des crises de "destruction créatrice".
Avant que les autorités n’interviennent, Bear Stearns et Lehman Bros. s’étaient effondrés. La crise de 2008-2009 était en passe de détruire toutes les grandes institutions de Wall Street. Lorsque les journaux félicitent Ben Bernanke d’avoir "évité une autre Grande dépression", ce qu’ils veulent dire en réalité, c’est qu’il a évité aux spéculateurs de Wall Street d’obtenir ce qu’ils méritaient.
De même, la crise a laissé les autorités avec des revenus en baisse ; cela aurait dû provoquer une réduction radicale des dépenses. Si on avait suivi les véritables recettes fiscales, les dépenses du gouvernement fédéral américain auraient été réduites d’un tiers en 2010. Des lobbyistes auraient été renvoyés. Des contrats auraient été perdus. Les subventions auraient pris fin, pour la simple raison qu’il n’y avait rien à distribuer. La richesse réelle aurait été récupérée par le secteur privé productif. L’argent aurait été redéployé dans de nouvelles entreprises… avec de nouvelles embauches et de la nouvelle production.
En d’autres termes, une bonne vieille crise à l’ancienne a été perdue. Et avec elle, une occasion de réduire le nombre de zombies, d’initiés, de requins de la finance et de "riches" peu méritants d’une manière générale.
Mais à la Chronique, nous voyons toujours le bon côté des choses. Il y aura une autre crise !