Alors que Donald Trump doit prendre ses fonctions le 20 janvier 2025, qu’impliquera son second mandat ?
Aujourd’hui, nous allons passer en revue les aspects positifs, négatifs et désastreux du second mandat de Donald Trump, afin de vous aider au mieux à vous préparer à ce qui nous attend…
Le bon
Trump va mettre en place une version du XXIe siècle de ce que l’on appelait à l’origine le « Système Américain ». Ce système reposait sur les politiques suivantes :
- des droits de douane élevés pour soutenir l’industrie manufacturière et les emplois bien rémunérés ;
- des investissements dans les infrastructures (publiques et privées) pour soutenir la productivité ;
- une armée et une marine fortes pour protéger les Etats-Unis, mais pas pour mener des guerres à l’étranger ;
- une banque centrale aux pouvoirs limités pour fournir des liquidités au commerce.
Dans la mesure où le gouvernement dépensait de l’argent, il le faisait pour des projets productifs tels que la construction de canaux et de routes et, plus tard, pour soutenir les chemins de fer. Les premières banques centrales accordaient des prêts sûrs à des entités saines (y compris le gouvernement américain) et n’avaient pas de rôle à jouer dans l’impression de monnaie, la fixation de taux d’intérêt ou les plans de « relance ».
L’ensemble du système pouvait reposait sur une monnaie saine, des investissements intelligents et une armée forte au service d’emplois américains bien rémunérés.
Le Système Américain a prévalu de 1790 à 1962, avec des périodes de perturbations telles que la guerre de Sécession. Après la Première Guerre mondiale, le mouvement néolibéral, composé d’économistes autrichiens et de libertaires, a commencé à promouvoir des politiques mondialistes d’ouverture des frontières, d’ouverture des comptes de capitaux ouverts et de libre-échange.
Bien sûr, le libre-échange est un mythe, en raison des subventions et des barrières non tarifaires. L’avantage comparatif est obsolète car les facteurs de production sont très mobiles. Taïwan n’avait aucun avantage comparatif dans le domaine des semi-conducteurs en 1979, mais elle domine aujourd’hui la production mondiale. Elle y est parvenue grâce à une version taïwanaise du système américain.
En revanche, les néolibéraux vivaient un fantasme idéologique dans lequel le mondialisme devait supplanter la souveraineté. Au minimum, leur objectif était d’enfermer les souverains dans un orbite plus large d’institutions multilatérales, telles que le FMI, la Banque mondiale, l’OMC et les Nations unies.
En commençant par le Trade Expansion Act de 1962, le Trade Act de 1974 et les cycles successifs de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (aujourd’hui l’OMC), les Etats-Unis ont adopté le consensus néolibéral, y compris des réductions tarifaires drastiques. Les emplois étant délocalisés pour profiter d’une main-d’oeuvre bon marché, les capitaux ont suivi sous la forme d’investissements étrangers directs.
Il en est résulté un affaiblissement de l’industrie manufacturière américaine, une stagnation des salaires, un ralentissement de la croissance, une augmentation de la dette et une succession de guerres ratées. La politique d’ouverture des frontières de Biden-Harris est conforme à la vision néolibérale de la fin de la souveraineté, mais elle sonne le glas de l’emploi et de la cohésion sociale aux Etats-Unis.
Trump et son équipe économique pourraient ramener les Etats-Unis à l’époque glorieuse d’avant 1962 avec la renaissance du Système Américain. Les entreprises étrangères seront libres de vendre des produits aux Américains, mais seulement s’ils sont fabriqués aux Etats-Unis.
Cela entraînera une vague d’investissements entrants aux Etats-Unis, une réduction des déficits commerciaux américains, un dollar plus fort (car le monde demande des dollars pour investir ici) et des salaires plus élevés pour les travailleurs américains. L’augmentation des salaires entraînera une hausse des revenus réels, stimulera la consommation, réduira les inégalités de revenus et élargira l’assiette fiscale, ce qui contribuera à réduire les déficits sans augmenter les taux d’imposition.
C’est une victoire pour l’industrie manufacturière américaine et pour le peuple américain.
Le mauvais
Mais avant d’en arriver là, il faut s’attendre à un environnement économique difficile au début du mandat de Donald Trump. Les administrations comptent, le personnel compte, la politique compte, mais il y a quelque chose de bien plus grand que Trump à la Maison-Blanche…
Il s’agit de l’économie. L’économie suit son propre chemin. Les cycles économiques n’ont pas été effacés. La transition entre Biden et Trump sera douloureuse sur le plan économique, car Trump hérite des gâchis de Joe Biden.
De nombreux signes indiquent que l’économie se dirige vers une récession (ou qu’elle est peut-être déjà entrée en récession) : hausse du chômage, baisse des taux d’intérêt (les taux bas ne sont pas des « mesures de relance », ils sont associés aux récessions et aux dépressions), aplatissement des courbes de rendement, écarts de swap négatifs, pénurie de garanties sur les marchés des eurodollars, réduction des positions de réserve de la Chine (ce qui n’est pas le signe d’un dumping des bons du Trésor, mais d’une pénurie de dollars et de la nécessité de fournir des liquidités aux banques), baisse des prix du pétrole (malgré les réductions de la production), etc.
La récession naissante entraînera une baisse des marchés boursiers, car les bénéfices seront revus à la baisse, la confiance des consommateurs s’effondrera, les dépenses discrétionnaires des consommateurs se heurteront à un mur et l’épargne de précaution augmentera. Le monde ne renflouera pas l’économie américaine car la Chine, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni connaissent tous un ralentissement, voire une contraction.
L’économie américaine (contrairement aux économistes) n’accorde pas beaucoup d’attention aux élections ou aux nouvelles administrations. Elle est trop vaste et évolue selon son propre tempo complexe. Les investisseurs peuvent applaudir les politiques de Trump et sa réélection – mais la première année de Trump 2.0 sera très mouvementée.
Le pire
Ne sous-estimez pas la « résistance ». Parce qu’elle est là et qu’elle peut faire beaucoup de dégâts à quelques mois de l’investiture. Mais alors, qu’est-ce qu’ils préparent ? « Biden et cie » tentent de mettre un frein à la présidence de Trump en signant des contrats.
Je m’explique.
Vous souvenez-vous de la fameuse loi sur la réduction de l’inflation ? Malgré son nom, cette loi a en fait augmenté l’inflation, et n’était rien de plus qu’une nouvelle arnaque verte déguisée. Environ 850 milliards de dollars ont été alloués à des initiatives écologiques telles que les éoliennes, le solaire et les initiatives vertes. Une grande partie de l’argent s’est retrouvée entre les mains des entrepreneurs et des fabricants de véhicules électriques préférés des démocrates.
La loi a été adoptée en août 2022, mais devinez quoi ?
La majeure partie de cet argent n’a pas encore été dépensée.
Une course effrénée pour signer des contrats est donc en train d’avoir lieu. Si on ne peut pas dépenser l’argent aussi rapidement, on peut signer un contrat d’une durée de vie de cinq ou trois ans qui stipule que l’on dépensera l’argent sur trois ans. L’idée est de signer le contrat maintenant afin que, même lorsque Trump deviendra président, et même si l’argent n’a pas été dépensé, il y sera contractuellement lié.
Et c’est là tout l’enjeu de la manoeuvre. Lier les dépenses sous forme contractuelle, afin que Trump ne puisse rien y faire. Beaucoup de dépenses gouvernementales inutiles sont en cours de préparation.
Les démocrates vont également essayer d’immobiliser autant de terres qu’ils le peuvent pour les mettre hors circuit, afin de bloquer la production de pétrole et de gaz naturel, ainsi que l’exploitation minière.
La résistance tentera d’acheminer le plus d’argent possible vers l’Ukraine. Ils essaieront de nommer autant de juges qu’ils le pourront. Les républicains peuvent rendre cette tâche difficile, mais les démocrates ont toujours la majorité au Sénat à l’heure actuelle. Et le seul rôle utile de Kamala Harris est de représenter un vote de rupture d’égalité au Sénat, si nécessaire.
La résistance pourrait faire des ravages dans les mois qui précèdent l’entrée en fonction de Trump, et au-delà, en fonction de l’ampleur des dégâts qu’elle causera. Le tableau risque d’être sombre pour les marchés, avec beaucoup d’entreprises touchées par leur sabotage, couplé d’une récession.
Le résultat
Après son entrée en fonction, le programme de Donald Trump va encourager des milliards de dollars d’investissements dans l’énergie et les emplois manufacturiers aux Etats-Unis. Il fera du forage et du raffinage du pétrole national une priorité absolue, ce qui assurera l’indépendance énergétique du pays. Cela profitera également aux entreprises (et créera des emplois) dans le secteur de l’énergie.
Toutefois, les marchés devront affronter de nombreux champs de mines au cours de la première année de la transition.
1 commentaire
Intéressant. Mais ce que vous n’expliquez pas c’est le pourquoi, économique ou politique de la résistance anti-trump absolument acharnée menée par le camp au pouvoir.