L’argent gratuit distribué par les autorités peut sembler stimuler l’économie – mais cette relance est entièrement artificielle. Une chose fondamentale a changé dans le système…
Pourquoi n’y a-t-il pas de reprise rapide de l’économie américaine, nous demandions-nous hier ?
En deux mots : parce que la prochaine salve de distribution d’argent gratuit fait le jeu d’un combat entre démocrates et républicains.
A mesure que de nouvelles preuves d’une non-reprise en « L » apparaîtront, cependant, ils se mettront rapidement d’accord sur un nouveau round de « relance ».
Cet argent gratuit donnera l’apparence d’une « reprise » – mais la vraie reprise n’aura pas lieu. Les choses ne reviennent pas à la « normale », et n’y reviendront pas de sitôt.
Il faut savoir qu’une économie est constituée de millions de connexions délicates, d’habitudes, de préférences… et de décisions prises en fonction des prix. Vous vous arrêtez tous les matins sur le chemin du bureau, par exemple, pour acheter un café et un croissant.
Et puis voilà que votre patron vous demande de télétravailler. Vous arrêtez d’acheter votre croissant quotidien… la boulangerie ferme… elle n’achète plus de sucre et de farine… et ainsi de suite… jusqu’aux champs de canne à sucre brésiliens.
Comme un film sur « pause »
Les autorités pensaient pouvoir éteindre puis rallumer l’économie – comme on met un film sur « pause ». Elles pensaient pouvoir reprendre les choses là où elles les avaient arrêtées.
Ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Les ventes, les salaires et les profits sont perdus pour toujours…
… Et lorsque les autorités rappuient sur le bouton « play », elles se rendent compte que l’intrigue du film a changé. Les attitudes, ainsi que les illusions et les connexions qui faisaient la « force » de l’économie, ne sont plus les mêmes.
Les gens ne veulent pas manger de croissants. Ils ne veulent pas aller au bureau… au restaurant… en croisière… ou en vacances dans les îles. Contrairement à la période pré-crise, désormais, ils ne veulent pas dépenser d’argent.
Aux Etats-Unis, le taux d’épargne a grimpé de seulement 7% environ en février à plus de 30% en avril. Il a rebaissé depuis, mais reste trois fois supérieur à ce qu’il était l’an dernier.
C’est sans doute dû au fait, entre autres choses, qu’il y a moins d’occasions de dépenser – surtout pour les riches. Une bonne partie de leurs dépenses était consacrées aux loisirs, vacances, restaurants et autres distractions et signes extérieurs de richesse. Désormais, ils ne veulent plus – ou ne peuvent plus – faire tout cela.
Pour nombre d’entre eux, c’est l’épargne – et non les dépenses – qui représente un signe de richesse. C’est « socialement responsable », se disent-ils. Ils se protègent, eux et les autres, de la maladie. Cela aide « l’environnement ». Et ils ont moins l’air d’affreux nantis alors que le reste du « peuple » souffre.
Par ailleurs, en plus de l’argent dont les autorités les ont inondés par hélicoptère, cela leur laisse plus de cash… et un sentiment de bien-être et de sécurité.
Un nouveau chapitre
Hélas, l’argent que les riches ne dépensent pas est aussi l’argent que les non-riches ne gagnent pas… si bien qu’ils ne le dépensent pas non plus. C’est également l’argent qui n’apparaît pas dans les statistiques du PIB.
Durant les années Trump, les Etats-Unis ont enregistré la croissance du PIB la plus lente depuis la Deuxième guerre mondiale – moins de 2% par an en moyenne. Cela ne laisse qu’une très petite marge d’erreur. Que l’économie réelle ralentisse de 2% seulement… et on a une récession.
Telle est l’erreur que les autorités ont faite.
Elles tentent désormais de la corriger… de revenir à la « normale »… de « rendre sa grandeur à l’Amérique » – avec de la fausse monnaie.
Mais nous regardons un autre film, à présent. Et nous sommes d’avis qu’il ne finit pas bien.