Les libertés ordinaires sont encore en vigueur aux Etats-Unis… mais à certaines conditions seulement.
Nous examinons les Etats-Unis… et leur transformation – de république en empire. Ces dernières années, on a donné à la Constitution américaine une nouvelle forme ; désormais comme avec un surveillant alcoolique qui aurait bu quelques verres lors du bal du lycée, les gamins peuvent faire tout ce qu’ils veulent.
La Déclaration des droits a elle aussi été passée à l’essoreuse. Les citoyens ont encore droit à la vie, la liberté et la propriété – mais seulement dans les proportions permises par les autorités.
Ils peuvent conserver leurs armes à feu, par exemple, mais les autorités ont le pouvoir de décréter qu’ils sont désormais des terroristes… et de tuer des citoyens américains.
Ils ont encore le droit de s’exprimer sous la protection du Premier amendement… sauf si leurs opinions sont considérées comme des « discours de haine », ou encore si les autorités – ou leurs agents chez Facebook et Google – n’aiment pas ce qu’ils disent.
La propriété est elle aussi encore assurée ; mais la doctrine de confiscation des biens autorise la police à saisir l’argent, les voitures et la maison de ses citoyens… sans autre forme de procès.
C’est ainsi que les Américains ont été moulinés, malmenés et menottés. Ensuite, les autorités leur ont mis un bon coup de pelle dans la figure.
A partir de 2008, elles ont distribué près de 4 000 Mds$ aux propriétaires d’actions et d’obligations les plus riches des Etats-Unis. Des milliers de milliards supplémentaires ont été pris aux épargnants en réduisant les taux d’intérêt… et donnés aux gros emprunteurs (les entreprises, l’industrie financière et les autorités elles-mêmes).
Faut-il s’étonner que les Américains ordinaires soient d’humeur un peu grincheuse ?
Tout ou presque semble être soumis à la loi du déclin de l’utilité marginale. Le pouvoir ne fait pas exception. Tout comme les desserts, les femmes et les verres de whisky, à mesure qu’on en rajoute, le rendement finit par diminuer à tel point qu’il n’est plus positif.
Il chute sous le zéro. A ce moment-là, un verre de plus n’est pas seulement inutile, il pourrait être fatal… et avoir plus de pouvoir vous transforme en brute infernale.
De Rome aux Etats-Unis
Telle est l’idée que nous cherchons à faire émerger. A mesure que les Etats-Unis se transformaient en empire vieillissant, ils ont abandonné les lois, règles, coutumes et instincts de leur jeunesse, tout comme Rome après la mort de Crassus en 53 av. J-.C.
L’empire américain a désormais plus de 100 ans. Il est né à la fin des années 1890, avec l’annexion des Philippines (certains mettent la date de début bien plus tôt… lorsque le Nord a fait plier le Sud).
Les empires sont très différents des républiques. Ils ne sont plus faits par et pour le peuple.
Ils sont trop gros… trop complexes… avec trop de gens impliqués dans trop de choses pour que les citoyens ou leurs représentants élus parviennent à suivre.
Le pouvoir migre donc vers le centre. Là où la CIA, la NSA, le Pentagone et des dizaines d’autres agences… ainsi que les sièges sociaux de centaines de grosses entreprises… et des milliers de groupes de pression, lobbyistes, factotums, ronds-de-cuir, think tanks, ONG, grandes familles et apparatchiks résident : c’est là que le vrai pouvoir circule.
Là aussi, à Rome comme à Washington, le pouvoir se fige.
De Jaeghere… ainsi que des centaines d’autres historiens anciens ou modernes… ont mis au jour ce processus.
Après les avoir lus, l’actualité du jour ressemble presque à un vieux film. Nous l’avons déjà vu, mais il peut encore nous arriver de rire… ou de verser une larme.