▪ Tensions sur le blé
Le phénomène La Niña, qui a endommagé jusqu’à 30% de la récolte en Amérique du Sud, a fait décoller en début d’année les cours du maïs et du soja. L’écart historiquement faible entre le maïs et le blé s’était alors agrandi.
Début mars, les cours du blé sont revenus au contact. Sur la seule semaine dernière, le blé a bondi de plus de 4%. En cause, l’Europe.
▪ L’Europe asséchée
Vous l’aurez remarqué, il est rare de voir les terrasses bondées en plein milieu du mois de mars. Après une vague de froid qui a endommagé les récoltes d’Europe de l’Est et d’Ukraine, l’Europe doit affronter une vague de chaleur. Cette chaleur est en train de dangereusement assécher les ressources en eau de l’Europe.
Début mars, le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a annoncé que 80% des nappes phréatiques françaises affichaient un niveau « inférieur à la normale ». Bretagne, Essonne, Massif central, Languedoc-Roussillon, Vendée… toutes ces régions ont affiché cet hiver des précipitations en baisse.
Ainsi pour FranceAgriMer, entre 200 000 et 300 000 hectares de culture de blé devraient être affectés. Avec des difficultés en Angleterre et en Espagne, les prix du blé pourraient repartir à la hausse, voire dépasser ceux du maïs.
▪ Tensions à long terme
Pourtant, il est peu probable que les prix atteignent les niveaux des années de tension. De l’aveu même de l’USDA, les agriculteurs américains n’ont jamais consacré autant d’hectares à la culture du blé que cette année. Car ils savent à quoi s’en tenir : après les bouffées de chaleur sur le marché en 2007 et 2008, et les incendies en Russie en 2010, les exploitants se sont préparés.
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Et un doublé, un !
Mathieu Lebrun a réussi un magnifique coup double cette semaine :
– Un gain de 65% avec Air France-KLM entre le 13 et le 16 mars
– Un deuxième gain de 72% grâce à Ubisoft entre le 19 et le 22 mars
Ce n’est là qu’un échantillon des performances engrangées par Mathieu sur une catégorie bien particulière d’outils de trading : pour en savoir plus, continuez votre lecture…
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Il est encore trop tôt pour savoir si la baisse de la pluviométrie cet hiver va gravement endommager les récoltes européennes. En cas d’aggravation de la sécheresse, les cours pourraient retrouver à court terme les niveaux de 2011. A long terme, les perspectives sont également incertaines.
▪ La FAO s’inquiète de la hausse
A plus long terme, la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) s’inquiète également. Selon l’organisation de l’ONU, la production mondiale devra progresser de 2% par an pour satisfaire les besoins de la population d’ici 2020.
Or selon le constat de la population, « depuis une dizaine d’années les rendements stagnent ». Pour l’instant, les agriculteurs utilisent de plus en plus massivement des engrais pour compenser l’épuisement des sols. Bientôt, la saturation des sols limitera les rendements. C’est pour cela que le blé fait l’objet depuis plusieurs années d’une véritable chasse au trésor.
▪ Glencore lance l’assaut
L’OPA de Glencore sur Viterra a lancé probablement le dernier round de consolidation dans le secteur. Tendu depuis plusieurs années, le marché du blé est désormais tenu par une poignée de compagnies. Seule résiste une poignée d’irréductibles. Il ne serait pas étonnant de voir leurs noms apparaître dans les journaux… il s’agit de Gavilon, GrainCorp ou encore Nidera. Les traders en blé se font de plus en plus rares.
Désormais, seule la R&D (recherche & développement) pourra réellement améliorer les rendements des champs de blé.
▪ La R&D, seule alternative pour accroître les rendements
Longtemps la R&D dans l’agriculture a été laissé à l’abandon. Puis les épisodes des crises alimentaires de 2007/2008, ainsi que la perte de la production russe en 2010, ont réveillé le secteur. En juin 2011, le G20 agricole a décidé d’encourager la recherche.
Le semencier Limagrain par exemple, un des leaders mondial dans le secteur, a annoncé que sur 99 centres de recherches, 22 étaient déjà consacrés au seul blé. De l’aveu même de son président, Jean-Pierre Chéron, « c’est vrai que [Limagrain] met aujourd’hui l’accent sur le blé ». Et au jeu de nouvelles percées technologiques, deux ont retenu l’attention des investisseurs.
▪ Deux découvertes qui sauveront vos rendements
Si vous vous souvenez de vos cours d’histoire-géographie, nous avons tous appris que la région du « Croissant fertile », s’étendant du golfe Persique au Proche-Orient, était considérée comme le grenier de la région.
Aujourd’hui, l’expression est d’une cruelle ironie, compte tenu de la désertification qui a appauvri les sols. Cependant, deux récentes découvertes pourraient redonner vie à cette région.
▪ Un blé résistant à la sécheresse
Limagrain travaille actuellement sur un blé qui serait capable de résister à un climat particulièrement sec. Bien entendu, il s’agira d’OGM. Avec la récente interdiction d’une semence du semencier Monsanto, la France a envoyé un message clair. Nous ne sommes pas près de manger des OGM en France.
▪ Un blé résistant à la salinité
Des chercheurs de l’université d’Adélaïde, en Australie, ont annoncé ce mois-ci avoir développé une variété de blé résistante à la salinité des sols. Le rendement de cette variété serait supérieur de 25% aux semences classiques dans les terres salées. Avantage, ce blé est obtenu par sélection classique, donc ne nécessiterait aucune modification génétique.
▪ Mon conseil
Le secteur des semenciers reste encore largement indépendant des négociants. Après cette dernière phase de consolidation dans le domaine du blé, il est probable de voir les semenciers devenir les prochaines cibles d’OPA de la part des négociants.
[NDLR : Il est temps de vous positionner sur ces acteurs ! Dans sa lettre Matières à Profits, Florent Detroy a depuis longtemps mis en place une stratégie pour capter la croissance de ce secteur. Profitez à votre tour de ses recommandations et conseils en cliquant ici.]
Première parution dans l’Edito Matières Premières & Devises du 20/03/2012.