L’empire américain aura bien du mal à se relever du fiasco afghan – s’il s’en relève un jour. Pendant ce temps, la Chine et la Russie rigolent bien…
Après le fiasco afghan, pourquoi un allié se fierait-il aux engagements pris par le gouvernement américain de se battre pour lui ?
Peut-être est-il temps que les alliés cherchent d’autres solutions, pour leur défense. Et peut-être que les Etats-Unis devraient les libérer de son emprise et les laisser prendre leur indépendance.
A notre avis, M. Poutine rigole bien, en ce moment.
C’est en Afghanistan que l’empire soviétique a connu une fin malheureuse, en partie à cause des armes que les Américains avaient livrées à ses adversaires afghans.
A présent ce sont les Etats-Unis qui subissent la défaite. Comment est-ce que cela a pu arriver ?
La route menant à Kaboul est longue. Et elle est très tortueuse.
Aller chercher des monstres à l’extérieur
L’Amérique « n’a pas à aller chercher à l’extérieur des monstres à abattre », a dit John Quincy Adams… mais la République américaine, autrefois modeste, s’est mise en chasse à la fin du XIXème siècle.
Elle a trouvé son premier monstre – une piètre caricature de monstre – en Espagne.
Les Américains ont oublié Adams. Leur pays s’est lancé dans des aventures risquées dans le monde entier. Il a pourchassé des monstres au cours des Première et Deuxième guerres mondiales, en Corée, au Vietnam, en Irak par deux fois, et en Afghanistan.
Chaque fois que les Etats-Unis ont a étouffé un mal, un autre a surgi à sa place. Hitler a écarté le Kaiser. Staline a écarté Hitler.
Oussama ben Laden a « dégagé » Staline en 2001.
Des dieux espiègles
Il y a 21 ans, les Etats-Unis étaient le champion incontesté de la catégorie poids lourds, sur Terre.
Leurs flottes dominaient les sept mers, leurs armées faisaient la loi aux quatre coins du globe.
C’était la Pax Americana.
Mais voilà, les dieux sont d’un naturel jaloux. Ils ne tolèrent pas que des mortels se montrent prétentieux.
Ils ne tolèrent pas un orgueil démesuré.
Ils ont donc fomenté un complot. Ils ont recruté des dingues pour qu’ils foncent dans les tours jumelles de New York – et dans le Pentagone en Virginie – le 11 septembre 2001. Le président George Herbert Walker Bush a mordu à l’hameçon. Il a ordonné à ses hommes d’aller en Afghanistan.
Et puis les dieux se sont confortablement installés pour regarder le spectacle en mâchonnant du popcorn. Ils savaient que si l’Afghanistan était catalogué comme « cimetière des empires » c’était pour une bonne raison.
Il y a plus de 2 000 ans, ils ont tendu le même piège à Alexandre le Grand. L’Afghanistan a provoqué sa ruine.
Ils ont embobiné la Grande Bretagne au XIXe siècle. Les guerriers afghans ont écrasé les Britanniques.
Les dieux courroucés ont administré à l’Union soviétique impie une divine leçon afghane, dans les années 1980.
A présent, en 2021, ces dieux ont eu raison de leur dernière cible : les Etats-Unis.
Le cimetière des empires compte une nouvelle pierre tombale.
La Chine est-elle la prochaine sur la liste ?
Vous remarquerez la légende, en haut de l’image : « Suivant : la Chine. »
La Chine est-elle la prochaine sur la liste ? Nous ne connaissons pas la réponse. En revanche, on sait qu’elle apprécie que la Russie se paye la tête des Etats-Unis à propos de l’Afghanistan.
Le rédacteur du Global Times, organe de propagande de Pékin, est très moqueur :
« Les internautes chinois plaisantent sur le fait que la transition du pouvoir, en Afghanistan, est encore plus simple qu’entre les présidents aux Etats-Unis. »
Pauvre nation
Mais nous ne nous inquiétons pas pour la Chine. Nous nous inquiétons pour les Etats-Unis, nos Etats-Unis bien-aimés. Le pays en prend pour son grade. Son nom est terni. Et le chagrin nous accable.
« Les empires ont une logique qui leur est propre », ont écrit nos cofondateurs Bill Bonner et Addison Wiggin dans leur ouvrage l’Empire des dettes, et ils concluent ainsi : « il est fatal qu’ils s’achèvent dans la douleur ».
Il semblerait bien. Mais comme nous l’avons déjà écrit : si l’empire américain s’achève dans la douleur, nous espérons qu’elle sera discrète, que ce sera dans un murmure et non un hurlement.
Peut-être même que les Etats-Unis pourraient rétablir la république que leurs fondateurs avaient souhaitée…