Le président américain tente de prendre en otage les « amis du couple » : le chaos est assuré !
Le terme boursier d’avril s’était mal terminé le 17 avril, avec un bilan mensuel de -8 % à -10 % sur les indices « larges ».
Le terme de mai ne démarrait pas mieux ce 21 avril avec -3,5 % sur le Nasdaq et -3,2 % sur le S&P 500, à une heure de la clôture… des pertes réduites de -1 % au final, à -2,5 % en moyenne.
Pas moins de 1 400 Mds$ de capitalisation ont été effacés à Wall Street ce 21 avril, qui semble bien parti pour inscrire son second pire mois d’avril depuis 1932 !
Et ce sont plus de 2 500 Mds$ de « capi » qui se sont volatilisés depuis la séance de rebond à +4 000 Mds$ du 9 avril, dont Donald Trump s’est empressé de s’attribuer le mérite… oubliant de préciser que ses décisions et déclarations à l’emporte-pièce sur les « tarifs » avaient pulvérisé plus de 10 000 Mds$ de valeur boursière entre le 19 février et le 7 avril dernier.
Ce dont aucun président américain n’avait jamais été tenu responsable.
Et la raclée boursière a bien failli prendre une tournure de type « 19 octobre 1987 » si Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, n’avait envoyé un signal d’alerte au krach à la Maison-Blanche via une interview matinale sur FOX News le 9 avril dernier, où il s’interrogeait sur le risque de récession pouvant découler de l’offensive tarifaire tous azimuts (défendue par Peter Navarro, avec lequel Scott Bessent a pris ses distances).
Jamie Dimon n’a pas évoqué la loi Hawley-Smoot (deux élus républicains) promulguée par Edgar Hoover le 17 juin 1930, qui avait porté les droits de douane à l’importation à 40 % sur plus de 20 000 types de biens et produits agricoles, et à 59 % sur plus de 3 200 biens, les faisant littéralement disparaître du sol américain en quelques semaines.
C’est ainsi que la récession, partie d’une crise financière américaine, se propagea à l’ensemble de la planète, pour atteindre son paroxysme en 1932, le Dow Jones ayant alors perdu 90 % de sa valeur par rapport à l’été 1929.
Mais comparaison n’est pas raison : le principal rival économique des Etats-Unis de l’époque n’était pas la Chine mais le Royaume-Uni, et la Fed refusait obstinément d’actionner la planche à billets, ce qui fut contourné par le « New Deal ».
Ce qui est certain, c’est qu’un basculement s’opéra en 4 ans, de 1929 à 1933, et c’est à se demander si Trump n’a pas pris le risque de créer un basculement (d’abord boursier, puis obligataire, et plus dangereux encore, monétaire) dont les conséquences pourraient lui échapper.
Les investisseurs commencent à comprendre que Trump a décidé de livrer une guerre commerciale sans merci à la Chine. (Ce qu’il n’avait pu faire lors de son premier mandat, ne disposant pas d’une majorité dans les deux « chambres ».)
Et Trump dégaine auprès de ses alliés l’alternative détestable qui rappelle les préparatifs de la guerre en Irak : « Vous êtes avec nous ou contre nous » (face à la Chine pour cette guerre qui n’en est qu’à ses débuts).
Et Trump menace les Occidentaux – mais aussi les pays de l’ASEAN – de lourdes sanctions douanières s’ils persistent à privilégier la Chine plutôt que les Etats-Unis.
Le « Jour de la Libération » de Donald trump peut désormais s’interpréter comme une procédure de divorce contentieux avec la Chine.
Il choisit d’impliquer « les amis du couple » en leur imposant de prendre parti, ce qui n’engendrera que frustration, ressentiment et à coup sûr, une récession.
C’est ce que le Japon redoute, et s’étonne du mauvais traitement douanier qui lui est infligé : le gouvernement japonais a-t-il voulu faire passer un message en vendant des T-Bonds ce lundi, faisant grimper leur rendement de +10 points vers 4,42 % ?
De son côté, Xi Jinping semble bien déterminé à tenir tête à Donald Trump : il observe un silence radio avec Washington sans précédent, refusant de faire le premier pas s’estimant « offensé », en prenant le reste de la planète à témoin.
Aux autres pays, il délivre un plaidoyer pour le libre-échange, la coopération économique, les relations équitables (par opposition au modèle d’extorsion de consentement et d’argent promu par Trump).
Et comme si cette « fin d’un monde » ouverte et basée sur le rôle dominant du dollar (les Etats-Unis vivant éternellement à crédit) ne suffisait pas, Trump y ajoute un conflit ouvert avec Jerome Powell, avec également un « mix » d’injonctions, de menaces et d’insultes : « Powell aurait dû baisser les taux depuis longtemps « , c’est « M. trop tard », et c’est un « loser XXL ».
Il évoque son licenciement qui « ne saurait arriver assez vite » et sa capacité à lui faire quitter son poste très rapidement.
Même l’Europe vole au secours du patron de la Fed et manifeste son soutien au seul contre-pouvoir encore en pleine possession de ses moyens et qui ose encore tenir tête au pitbull de la Maison-Blanche.
A moins que l’Europe ne s’alarme égoïstement de la chute de -6 % du dollar en dix jours – sous 1,1500/€ – qui va mettre à mal le peu de croissance qui subsistait en Europe.
Car en vérité, le plongeon du billet vert va plomber aussi Airbus (devenu soudain beaucoup moins concurrentiel, et en un temps record) que LVMH (qui vend majoritairement en dollar… et il fond à vue d’œil).
Le seul avantage pour l’Europe, c’est qu’avec sa devise devenu paradoxalement « forte », elle se retrouve à l’abri de l’inflation… et avec une Chine qui va chercher à écouler ses énormes stocks (plus rien ne quitte les portes chinois en direction des Etats-Unis), Christine Lagarde pourrait avoir à gérer bientôt de la déflation.
Et nous savons tous que déflation rime souvent avec récession !
1 commentaire
Je me répète, aussi. Merci de m’en donner l’occasion :
XI JIN PING et TRUMP
« Le protectionnisme ne mène nulle part » ! Les protestations de XI Jin Ping à propos de la politique protectionniste de Trump sont bien compréhensibles.
Elles rejoignent celles d’une petit caste de riches « Grands Marchands » Occidentaux, attachés à leurs profits particuliers, alors que toute la population occidentale des classes moyennes s’appauvrit lentement depuis plus de trente ans.
Le Libre échange des noirs africains vers les USA entre le 16è et le 19è siècle ?
Le Libre échange de l’Opium vers la Chine, au 19è siècle, par les Britanniques, au nom de la Liberté du Commerce ?
Le Libre échange, au 20è siècle, des populations pauvres du Tiers-Monde vers l’Europe ?
Le Libre échange au 21è siècle, des routiers de l’Europe de l’Est vers l’Europe occidentale au détriment de toutes les règlementations économiques et sociales ?
Le Libre échange de la voiture électrique chinoise ?
Le Libre échange qui oblige une partie de la classe moyenne US à dormir sur les trottoirs ou dans leurs voitures ?
Le Libre échange concurrentiel est depuis les années 1990 contemporain d’une régression des niveaux de vie des peuples en Europe et aux USA.
La richesse de la Chine actuelle dépend en effet de la vente de ses produits dans le monde entier. La Chine est en 2020, dans la même situation que l’Europe et les USA dans les années 1820.
Les Occidentaux ont envahi la Chine du 19è siècle au nom de la Liberté… du commerce, le « Libre Échange » !
A l’époque la chanson correcte en Occident était : « A bas le Protectionnisme Chinois ».
Deux siècles après le refrain conforme en Occident, et surtout en Chine bien sûr, est : « A bas le Protectionnisme Trumpien ».
Et pourtant l’histoire démontre aussi que le Protectionnisme peut réussir : Contrairement à la Chine ,le Japon du 19 è siècle s’est développé en se protégeant de l’Occident, et en se développant de manière autonome.
En économie les idéologies sont perverses. Pour les peuples surtout.
Pas de Dieu : ni du « Libre échange », ni du Protectionnisme.
Pratiquer tantôt l’un tantôt l’autre, pragmatiquement, en fonction des circonstances et des nécessités locales.